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Nouvelle-Zélande : Sonny Bill Williams, problème ou solution ?

Publié le 04 juillet 2011 par Lben

Chronique du lundi 4 juillet 2011.

Les demi-finales du Super 15 se sont déroulées ce week-end. Les Carterbury Crusaders ont impressionné leur monde en maitrisant de la tête et des épaules les Stormers qui, pourtant, avaient réalisé un beau parcours. Au milieu des néo-zélandais, Sonny Bill Williams a encore crevé l’écran grâce à sa solidité et sa capacité à faire jouer autour de lui. Est-ce que ce niveau de performance en fait pour autant un titulaire à part entière des All Blacks ? A voir…

Un problème de positionnement :

Todd Blackadder, l’entraîneur des Crusaders, utilise Sonny Bill Williams en position de premier centre. Du coup, l’ancien Toulonnais se sert souvent de sa puissance pour aller défier la défense et faire jouer après lui, dans le dos des défenseurs et dans les intervalles. Il est suffisamment solide du haut du corps pour ne pas subir les plaquages et pour, au contraire, passer les bras, et même les épaules en ce qui le concerne, et servir ses partenaires après avoir battu la défense et avoir créé des intervalles. C’est comme cela que son partenaire au centre, Robbie Freuan a marqué ce week-end, et c’est souvent comme cela que la ligne de trois-quarts de Canterbury a réussi a brisé des défenses qui montent haut et qui tentent de couper les extérieurs. Grâce à Sonny Bill Williams, il est possible de jouer dans le dos de la défense et de faire la différence. C’est ce qui a certainement manqué aux Auckland Blues pour arriver à déstabiliser la bonne organisation des Queensland Reds dans l’autre demi-finale.

Les performances de Sonny Bill Williams ne laissent certainement pas insensible Graham Henry, l’entraîneur des All Blacks. Celui-ci doit, par contre, se demander quelle est la meilleure position de ce joueur sur le terrain.  Lors de la tournée de novembre 2010, il a utilisé le centre de Canterbury en position de 2ème centre, dans un rôle plus de finisseur que de créateur. Il ne faut pas oublier que ce joueur est un ancien treiziste et qu’il manque certainement encore de repères dans les schémas de jeu à 15, même si ses capacités physiques hors du commun lui permettent de s’imposer face à n’importe quel adversaire. Il est naturellement plus facile à un joueur avec ce profil d’être immédiatement un finisseur, celui qui bat la défense, qu’un créateur, celui qui initie une action collective qui va déstabiliser la défense adverse. C’est d’ailleurs pourquoi, Toulon a commencé en positionnant S.B. Williams à l’aile où il est plus facile de s’adapter à une discipline nouvelle. Maintenant, au vu de l’évolution et des progrès réalisés, la question de son positionnement mérite d’être posée.

Un problème de riche :

Graham Henry avait déterminé une paire de centres privilégiée pour sa complémentarité et sa capacité à trouver des solutions quel que soit l’adversaire. Avec Conrad Smith plutôt en position de premier centre, 5/8ème, et Ma’a Nonu en second centre, l’entraîneur néo-zélandais associe un excellent organisateur, Smith, qui est un bon complément de Dan Carter, à qui il enlève toute la pression de l’organisation du jeu et amène de la variation, notamment avec un jeu au pied du niveau de celui d’un ouvreur, et une force brute, Nonu, capable de briser n’importe quelle défense et d’amener de la folie à une ligne d’attaque qui compte aussi sur les extérieurs pour prendre le dessus sur l’adversaire. Par leurs différences, ces joueurs peuvent aussi inverser leur position pour apporter des alternatives d’attaque avec un Ma’a Nonu venant en perforateur après l’ouvreur.

Est-ce que Sonny Bill Williams peut casser cette belle entente ? Oui, bien sûr, il l’a déjà fait, à l’automne dernier, en étant associé à Ma’a Nonu pour affronter l’Angleterre notamment. Mais il était positionné comme 2ème centre avec, à ses côtés, Ma’a Nonu  ayant la responsabilité d’organiser le jeu. Est-ce qu’il est possible d’associer ces 2 joueurs en inversant les positions ? Oui, aussi. Mieux même, il est possible que les 2 joueurs alternent continuellement leurs positions sur le terrain pour démultiplier les solutions de jeu et déstabiliser les défenses. Même si ces 2 joueurs ont de fortes similitudes, notamment en termes de puissance, leurs différences peuvent créer l’incertitude et leurs qualités naturelles faire la différence. Moins qu’une association Smith – Nonu ou même Smith – Williams, mais suffisamment pour en faire la meilleure paire de centre de la Coupe du Monde si ces 2 joueurs sont au meilleur de leur forme.

Attention, quand même, une association Nonu – Williams présente 2 inconvénients. Le premier, c’est le jeu au pied. Si les anglo-saxons parlent de 5/8ème pour le premier centre, c’est justement parce qu’ils font de ce poste une alternative au demi d’ouverture. En laissant Conrad Smith sur la touche, Graham Henry se priverait d’alternatives à ce niveau-là car ni Nonu, ni S.B. Williams n’ont les capacités d’utiliser le jeu au pied de manière performante. De même, autre inconvénient, Dan Carter serait encore plus responsabilisé en tant que patron de l’attaque. Nonu et Williams sont des joueurs plutôt instinctifs, s’appuyant sur leurs qualités naturelles pour faire la différence. Ils manquent de la capacité de l’ouvreur à avoir une vision d’ensemble et à mettre en place une stratégie pour prendre l’avantage sur la défense. Ce que semble capable de faire, par contre, Conrad Smith. Le risque, alors, c’est que si Dan Carter est dans un jour sans, qu’il n’ait plus la lucidité de trouver des solutions pour l’équipe et bien, personne dans la ligne de trois-quarts ne puisse le faire à sa place. Et si l’on se rappelle le déroulé du quart de finale de la Coupe du Monde 2007, c’est un danger qui existe…

En tout cas, avec ces 3 joueurs, plus d’autres alternatives comme, pourquoi pas Freuan, Graham Henry possède un choix de roi à ce poste et l’équipe de Nouvelle-Zélande a bien de la chance de posséder de tels joyaux. En effet, quel entraîneur ne souhaiterait pas avoir autant de solutions au centre, avec des joueurs qui sont non seulement en pleine forme physique et capable de tirer l’équipe vers l’avant mais qui, en plus, peuvent profiter des automatismes travaillés ces dernières saisons ???

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