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Sarkozy-DSK : quel match ?

Publié le 04 juillet 2011 par Letombe
Sarkozy-DSK : quel match ?

Ces derniers jours, Nicolas Sarkozy avait quelques urgences. Comme celle d'écrire aux membres du CIO pour plaider en faveur de la candidature d'Annecy, pour l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver de 2018. Ou de parler Grand Emprunt ou qualité des poulets de Loué. Dimanche, il a félicité le Roi du Maroc, pour son référendum et le « processus exemplaire par lequel le Maroc poursuit résolument et pacifiquement son approfondissement démocratique.» On ne sait plus combien de fois Nicolas et Carla ont été invités gracieusement dans quelques luxueuses villas de Marrakech.
Depuis vendredi, les derniers rebondissements du feuilleton DSK à New-York ont troublé le Monarque mais pas encore son agenda. Ses proches font bonne figure.
Mais la nouvelle est grave. Gravissime.
Morale, ou pas
Aux Etats-Unis, le tabloid New-York Post, celui-même qui a publié d'immondes couvertures sur Dominique Strauss-Kahn voici 5 semaines, lâchait une autre information, ce samedi : Nafissatou Diallo se livrerait régulièrement à la prostitution dans les hôtels. Le JDD ajoutait, dimanche, que le dealer emprisonné que la femme de chambre avait appelé juste après les faits était en fait son mari. Comme l'écrit Rue 89, nous sommes peut-être passés d'une caricature à l'autre. Saura-t-on jamais un jour la vérité ? Certainement pas.
Quand DSK s'était fait serrer à l'aéroport JFK puis immédiatement emprisonner une semaine durant avant sa première audience, Nicolas Sarkozy avait opté pour une double réaction. Publiquement, il s'affichait silencieux, « peiné pour la famille ». En coulisses, il jubilait et le faisait savoir au plus grand nombre. Il confiait à ses proches que le PS avait perdu la bataille de la morale. Emanant d'un président Bling Bling, népotique et très affairé, la remarque ne manquait ni de sel, ni de honte.
Justement, ce weekend, le site Mediapart lâchait une petite bombe. L'ancien trésorier de la campagne présidentielle de Balladur en 1995, René Galy-Dejean, ancien maire du XVème arrondissement de Paris, a orienté les juges chargés de l'enquête sur d'éventuels rétro-commissions lors des ventes de sous-marins au Pakistan en 1994, vers... l'ami de 30 ans de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux. Le fidèle était chargé de la cellule meeting à l'époque. «Je n'exclus pas que ces fonds m'aient été remis dans de petits cartons, (...) par une personne que je connaissais pas de la cellule meetings. C'est M. Hortefeux qui dirigeait la cellule “meetings”»  expliqua Galy-Dejean aux juges, le 14 juin dernier.
Cette cellule payait notamment en espèces des sociétés de sécurité pour protéger les meetings de campagne. L'une d'entre elles a reconnu avoir touché 5 millions de francs ( 800.000 euros) en liquide. Autre surprise des interrogatoires, Galy-Dejean et ses proches ignoraient tout de la provenance des 10 millions de francs en liquide qu'ils avaient du déposer sur le compte de campagne de leur candidat.  Les verbatims publiés par Mediapart sont édifiants : on parle de « sacoches ou de valises » de billets, des coupures mélangées pour « faire croire à la banque que ces sommes venaient de collectes ou de recettes de meetings ».


Heures sup
A l'UMP, l'affaire DSK ne trouble officiellement personne. Tout juste ont-ils envoyé Hervé Novelli, secrétaire général adjoint, s'exprimer dans la presse. Au Monde, samedi, ce dernier confiait que le soutien politique de DSK à Martine Aubry serait « un soutien de poids. »
Pour le reste, il faut faire croire que l'affaire DSK est sans importance. Après 2012, c'est sûr et garanti, Nicolas Sarkozy supprimera les 35 heures. C'est l'un des portes-paroles de l'UMP, le libéral Hervé Novelli, qui nous l'assurait, dans un entretien peu commenté samedi dernier. L'UMP organise demain une convention sur la refondation sociale. la refondation sociale ? Sans blague... En fait, Novelli promet un Grenelle de la démocratie sociale. Quelle promesse !
On aimerait qu'un autre que ce quatrième couteau de Sarkofrance se lance dans de telles promesses. Ensuite, on se demande qui a gouverné le pays depuis 2002 ou 2007... « Si nous gagnons la présidentielle, nous proposons donc d’organiser les assises de la démocratie sociale. Il s’agit de définir les nouvelles règles du jeu et les domaines dans lesquels les partenaires sociaux auront désormais la main, comme sur la durée du temps de travail.» Novelli nous promet donc la disparition des 35 heures que n'importe quelle entreprise, aujourd'hui, peut oublier. En fait, la véritable information était ailleurs, dans cette fumeuse interview. L'UMP veut supprimer l'une des dernières mesures encore en vigueur de la loi TEPA d'août 2007 :

Cela revient à dire que vous revenez sur la détaxation des heures supplémentaires?
Les 35 heures n’existant plus à l’issue de ce nouveau processus, ce système n’aura donc plus lieu d’être. Mais il sera maintenu jusqu’en 2014.

Avec 4 ans de retard, certains commencent enfin à faire le bilan, prévisible, de cette défiscalisation couteuse et inutile. Un récent rapport parlementaire critique durement la mesure. Nicolas Sarkozy devrait être satisfait à défaut d'être heureux : le rapport est bi-partisan, c'est-à-dire signé par un UMP et un socialiste. Un vrai plaisir. Et que disent-ils ? Que le dispositif est inefficace et trop cher : 4,5 milliards d'euros en moyenne par an de manque à gagner pour les finances publiques. Il a coûté 0,23% du PIB et « n'a rapporté que 0,15% » résume l'Expansion.
Nucléaire
Une centrale nucléaire a flambé. En France. Pas à Fukushima au Japon. La centrale de Tricastin, samedi 2 juillet. Et n'imaginez pas une déclaration officielle pour informer le bon peuple du problème - potentiellement gravissime. Non, l'information est venue d'Europe1 : « Un incendie a éclaté samedi après-midi sur le site de la centrale nucléaire de Tricastin, dans la Drôme, selon les informations recueillies par Europe 1. A l'origine du sinistre, l'explosion vers 15 heures d'un transformateur électrique. L'incendie a été maîtrisé en moins d'une heure par les pompiers. Aucun blessé n'est à déplorer.»
Ailleurs, le chantier d'une autre centrale, celle de Flammanville, fait l'objet d'une enquête ordonnée par le parquet de Cherbourg pour travail dissimulé. Le procureur de la République a confié à Ouest-France que cette enquête concernait un prestataire de Bouygues soupçonné « d’avoir détaché illégalement ses intérimaires sur le chantier pour Bouygues et pour le groupement d’entreprises GFA Armatures ».
De Fuskushima, on ne parle plus. Le sujet a été évacué. Littéralement. Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, préfère commenter son récent ouvrage contre Marine Le Pen (l'a-t-elle dédicacé à son patron ?).

Sarkofrance


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