Etape 3 – Olonnes sur mer – Redon
Fanfare pour Farrar !
A propos de Romain Feuillu... Dommage qu'il n'y ait pas cru à 100%, parce que se faufiler dans un sprint massif sans se faire emmener comme un seigneur du sprint (Farrar bénéficiait, excusez du peu, du viking Hushovd pour le déposer à -200 mètres quand Romain a dû se dépatouiller en donnant un coup de frein à cet endroit pour contourner Rojas qui l'avait coincé et faire deux... Chapeau Monsieur ! Il y avait des lustres qu'on n'avait pas vu un Français à un tel niveau, mêlé aux super-cadors de la spécialité des sprints massifs.Le yankee Tyler Farrar gagne à l'issue d'un sprint limpide – et cela le jour de "l'Independance Day" Bravissimo ! Rien à dire. Belle victoire d'un type sympa, élégant, accessible.
Sinon, paysages vendéens puis bretons de rêve entre Vendée et Bretagne (Olonnes sur Mer et Redon) merveilleusement commentés par un Paulo la Science toujours aussi impérial. Il paraît qu'il eut droit à des appréciations flatteuses sur un char de la Marche des Fiertés, la "Gay pride". Si en plus il reçoit des lettres énamourées de ce côté-là en plus des centaines de déclarations enflammées des mamies scotchées devant leur télé rien que pour lui, sa culture et sa belle voie chaude, il ne va plus pouvoir assurer. Avec cette renommée, s'il ne concourt pas aux primaires du parti socialiste c'est sans doute parce qu'il est gaulliste tendance canal historique. Bocages splendides, églises, abbatiales, châteaux, puis patrimoine industriel avec les chantiers navals de Saint Nazaire, du génie civil avec le viaduc de Saint-Nazaire.
Sinon, je ne pige pas. Le coup de bordure avant et sur le viaduc était "téléphoné" et 60 coureurs s'y sont pourtant laissé prendre. Et les pros qui ont fait le job, qui avaient creusé le trou, firent preuve d'une infinie mansuétude (le geste du capitaine de route des HTC fut visible : on "calme le jeu") ce qui a permis à (presque) tout le monde de rentrer.
A contrario, pourquoi, lorsqu'on n'a aucune ambition dans une telle étape, qu'on n'a aucune prétention au général, qu'on n'est pas en mesure d'aider un leader sur ce terrain, se défoncer et revenir à tout prix dès lors qu'on s'est fait piéger, de laisser des forces qui manqueront sans doute demain dans le final du Mur de Bretagne (là où un di Gregorio peut espérer aider quelque peu son équipe... aujourd'hui il a dû sortir les tripes et on se demande bien pourquoi) ? Pourquoi, à moins 10km, ne pas terminer sinon en roue libre du moins à vitesse assez raisonnable pour ne perdre que deux ou trois minutes en gardant ses forces ? Que restera-t-il dans l'histoire si on est arrivé 60ème au lieu de 65ème en fin de Tour ?
On va reparler de ce bastard of Cavendish (comme "ils" disent chez eux). Il recommence ! Au sprint intermédiaire, coup d'épaule et de casque à Hushovd, assez costaud pour ne pas s'étaler (mais il aurait pesé dix kilos de moins qu'il se faisait éplucher sur l'asphalte, lui et les 50 coureurs arrivant derrière) A l'arrivée, Cavendish se rate dans le train de ses HTC et balance Samuel Dumoulin dans les barrières à 60km-h pour se refaire. Mais quand une grève générale du peloton pour qu'il dégage ?
Pour le sprint intermédiaire, le jury des commissaires a joué les Ponce Pilate, déclassant à la fois Cav' (logique) mais aussi Hushovd dont on voit mal quel fut le changement de ligne invoqué. Hushovd qui a dit avec humour à l'arrivée : "il m'a cherché, je lui ai juste mis un peu de crème solaire" et dont il est probbale que la sanction laissera placide quand le Rosbif nous fera sa crise.
Demain, Philippe Gilbert est grand favori. Grosses cotes : Spartacus (Cancellara), Hushovd. Très grosse cote : Voeckler si ça se regarde entre cadors. Je n'exclue pas que Contador lâche un pétard, pas tellement pour gagner que pour marquer le territoire et délivrer un message à ceux qui l'enterrent.
Le "Naze" (Chat) :
Pas là aujourd'hui, en train de faire un reportage sur un artiste exceptionnel qui expose dans notre belle contrée. Nous verrons la vidéo prochainement sur AUXERRE TV !
Pour en revenir à "la contrée", la Vendée m'a toujours déprimé, je n'aime guère ses vents, ses platitudes, même s'il convient de reconnaître sa "bravitude". J'ai cependant une certaine faiblesse pour le Marais, mais les puristes conviendront que ce n'est pas la Vendée.
Le vélo pour les nuls.
Que peuvent espérer les Français en 2011 ?
Ce parcours est superbe sur le plan sportif, équilibré et très difficile. J'aurais dit il y a une semaine que les sprints massifs peu nombreux avantageaient les Français pas taillés pour cet exercice, mais Feuillu vient de me faire mentir avec sa belle deuxième place qui aurait pu être une première : sur le rush, il était intrinsèquement plus rapide que Farrar qui est un cador dans la spécialité.
Les coureurs français auront envie de gagner des étapes surtout lors de la première semaine, car aucun n'est taillé pour un maillot, même plus pour celui à pois : les organisateurs se sont enfin décidés à ne pas récompenser une côte de 3% sur 800 mètres à hauteur du quart d'un col de montagne ! Pour avoir le maillot de meilleur grimpeur il faudra tutoyer les grands cols et les arrivées au sommet On peut compter sur Voeckler, sur Chavanel, sur Casar mais Feuillu montre aussi le bout de son nez. Pourquoi Romain Sicard, le grand espoir que tout le monde annonce, est-il absent ? C'est une obsession française de "ménager les coureurs français" encore à l'âge où d'autres concourent pour la gagne... Il faut dire que l'encadrement anti-dopage est autrement dur en France qu'ailleurs. Je n'ai pas peur de dire que pour cela, nos victoires "comptent double"
En France aucun coureur qui peut viser le général et c'est un peu gavant de dire qu'on "vise le Top10". Qui, trois ans après, se souvient qu'on a fait 10ème du Tour ? A la limite, choper le paletot et le défendre héroïquement dix jours durant comme Voeckler en 2006 marque davantage les esprits, même si on termine seulement 20ème. Alors autant viser les victoires d'étape (six l'an dernier, mais ce n'est pas mon pronostic cette année : je pense qu'on tournera autour de deux ou de trois)
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L'ancien du jour.
Raphaël Geminiani.
Grand coureur (ici avec Bobet, puis inséparable directeur sportif de Maître jacques, qu'il a détecté très tôt (un Grand Prix des Nations gagné en pulvérisant les spécialistes confirmés du Contre la Montre, à 18 ans...)