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Most Wanted List

Publié le 05 juillet 2011 par Toulouseweb
Most Wanted ListLa sécurité aérienne américaine en quęte de perfection.
C’est une formulation qui a évidemment pour but de frapper les esprits, de faire travailler les imaginations : le National Transportation Safety Board américain publie une nouvelle liste d’objectifs prioritaires, une ŤMost Wanted Listť. Laquelle est instructive sans comporter pour autant de vraies surprises.
Le NTSB, il convient de le rappeler, est multidisciplinaire dans la mesure oů ses compétences recouvrent l’ensemble des moyens de transport. De ce fait, l’alcool au volant, les audaces des jeunes conducteurs ou la fatigue des camionneurs relčvent de ses compétences tout autant que la sécurité aérienne. C’est une formule qui a ses mérites, d’autant que la maničre de procéder et les enseignements qui en résultent peuvent présenter un intéręt Ťtransversalť. Ce qui n’empęche évidemment pas une séparation des travaux par spécialités.
La sécurité aérienne américaine est la meilleure du monde, comme en témoignent les statistiques, année aprčs année. D’oů l’intéręt que tous les spécialistes portent ŕ la maničre de faire, ŕ commencer en matičre de prévention. Laquelle évolue au fil des circonstances et se traduit notamment par une Ťwish listť tout particuličrement instructive.
Elle vient d’ętre mise ŕ jour et reflčte parfaitement des circonstances changeantes. Le NTSB met en effet en tęte de ses préoccupations les incidents et accidents au sol, collisions et sorties de piste, qui tendent ŕ prendre le dessus, statistiquement parlant, par rapport aux autres causes de problčmes graves. D’oů le souhait que les équipages puissent bénéficier d’un systčme d’alerte automatisé, une réaction d’évitement devant obligatoirement ętre immédiate ou n’exiger que quelques secondes. Par ailleurs, la formation des pilotes devrait accorder plus de place, disent les experts du NTSB, ŕ ce qu’il est convenu d’appeler la Ťsituational awarenessť, la conscience des circonstances et du contexte opérationnel de l’avion.
La nouvelle liste de souhaits évoque par ailleurs le besoin de professionnalisme le plus élevé possible tout ŕ la fois des pilotes et des contrôleurs aériens. Bien sűr, cela va de soi, en principe tout au moins, mais chacun peut constater le fossé qui, parfois, sépare la théorie de la vraie vie. Par exemple quand la fatigue entame les capacités de compréhension et de réaction, dans les cockpits et dans les tours de contrôle.
Au-delŕ des actions préventives, les Américains sont partisans d’équiper les avions commerciaux de caméras vidéo installées face ŕ la planche de bord. Aprčs un accident, les enregistrements fourniraient aux enquęteurs un complément d’informations jugées précieuses. Le coűt en serait minime, il suffirait, dit le NTSB, de mettre en place une réglementation ad hoc. Mais on sait aussi que la communauté des pilotes de ligne est plutôt hostile ŕ cette formule, jugée intrusive.
S’il convient de tendre l’oreille, c’est aussi parce que l’actualité nous rappelle fréquemment que le NTSB bénéficie d’une image faite tout ŕ la fois de grande compétence et de probité absolue. Aussi n’est-il pas rare que des voix se fassent entendre ici ou lŕ pour réclamer qu’une enquęte technique délicate ou polémique soit confiée aux Américains, réputés plus objectifs, plus indépendants. Mythe et réalité se télescopent ainsi, au-delŕ des rčglements et du bon sens.
Le statut du NTSB a longtemps été similaire ŕ celui du BEA français (monoculture de ce dernier mise ŕ part) dans la mesure oů il dépendait en droite ligne du département des Transports, pour des raisons Ťadministrativesť et surtout financičres. Il fallait bien, en effet, que le budget de fonctionnement vienne de quelque part. Ce qui n’a pas empęché le Congrčs d’obtenir il y a une quinzaine d’années une séparation totale et la disparition de ce cordon ombilical. Dans le męme temps, le NTSB a été investi de responsabilités supplémentaires, ŕ savoir la prise en charge au niveau fédéral de l’assistance prodiguée aux familles de victimes d’accidents. Cela dans le cadre d’un principe d’enquęte unique, le judiciaire n’intervenant pas d’entrée, contrairement ŕ la maničre de faire en vigueur en France et dans un certain nombre d’autres pays.
D’oů le regret que tous ne soient pas strictement égaux devant la sécurité aérienne.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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