Cuisine a la vapeur / steam cooking.

Par Ziril


[ENGLISH]Ça avait débuté par une petite fumée blanche. Un imbécile faisant brûler des feuilles mortes, pensais-je. Faut-il être con pour prendre de tels risques par temps de mistral ! Et puis, rapidement, la petite fumée est devenue une putain de grosse fumée et là, plus aucun doute, le connard avait perdu le contrôle de la situation et un très bel incendie commençait à bouffer la garrigue, a à peine une centaine de mètres de nous.

On pouvait déjà presque entendre le crépitement des branches de pin se faisant dévorer par le feu. Les flammes dansaient de plus en plus haut, une danse de cinglé. Et nous, nous étions sur le point de pénétrer dans le restaurant «Le relais de la saucisse» sur la route de Saint-Paul le jeune, quand les premiers « Canadair » firent leur apparition. Quatre, ils étaient les Canadairs venant du Sud-Est.

En ligne, grossissant à mesure que grossissait le son si particulier de leurs moteurs. Ils se mirent à décrire une grande boucle au-dessus de l’incendie, amorcèrent leur descente et lâchèrent leur magnifiques geysers. (Je sais bien que les geysers ordinairement jaillissent du bas vers le haut pas l’inverse, mais nous avons la chance d’habiter dans un pays où existe la liberté de la presse !).

Quatre fois, ils ont fait l’aller-retour pour chercher de la flotte.  » Mais d’ou vient toute cette flotte ? » est une question que tout citoyen est en droit de se poser. C’est le vieux Julien qui nous a donné l’explication. « Ils vont recharger leurs grosses bouteilles d’eau dans le Rhône ». Nous révéla celui qui n’en a jamais bu une seule goutte. Dans le Rhône, pensais-je, il y a donc de fortes chances qu’ils embarquent  des poissons par la même occasion et qu’ils les balancent tout frais sur les flammes. (par pure méchanceté, prétendent des mauvaises langues étrangères.)

Une demi-heure après l’extinction des feux, toute notre bande d’amis débarquait sur les lieux du drame. Et là, comme pour une cueillette de champignons, nous passâmes la soirée à récolter les poissons bien cuits dans le reste de ce gigantesque barbecue. Ils étaient cuisinés à la vapeur,  juste à point, délicieux à souhait et grâce aux bouteilles de  Tavel rosé de l’année, nous fîmes un festin mémorable. Pendant ce temps, notre chienne que nous  avions laissés à la maison, bouffait les os de poulet qu’elle avait trouvé dans la poubelle. Quand nous regagnâmes nos pénates, cette salope avait chié sur la descente de lit.