Le petit monde politique hexagonal, essentiellement de droite, ne manque jamais une occasion pour rappeler au peuple les causes de la mouise dans laquelle il est plongé : les français répugnent à travailler, les étrangers sont des voleurs, les chômeurs sont des fainéants, les fonctionnaires sont des profiteurs, les 35H sont une aberration… Mais ce petit monde oublie un peu vite qu’il est de plus en plus souvent secoué par de sordides affaires, et que son quota de droiture et de respectabilité est passablement consommé.
On monte franchement de plusieurs crans dans l’ignominie quand, au moment de se justifier envers la presse locale, le sénateur n’hésite pas à produire un faux grossier, un communiqué émanant ni plus ni moins du Président du Sénat, Gérard Larcher, soulignant «la morale et la droiture de Jean-Marc Pastor, exemplaire…», vantant de sa main et sans complexe sa propre probité. Ahurrissant.
Je me fiche bien de la réaction de Gérard Larcher, qui s’est mollement contenté de rappeler les règles de déontologie. D’ailleurs, quelles règles ? A quoi servent t-elles puisque chacun s’en affranchit avec une déconcertante facilité ? En somme, et à cause du bruit, l’indélicat remboursera, mais il n’y aura aucune sanction, aucune condamnation, au contraire d’un manant précaire profitant maladroitement d’un indû. Il aura beau, comme Pastor, invoquer l’«erreur d’appréciation», rien n’y fera.
Elle est belle notre République exemplaire, où les hommes chargés de voter les textes sont les premiers à s’en affanchir, trop occupés qu’ils sont à défendre leurs privilèges exorbitants, dressant les citoyens les uns contre les autres, stigmatisant les plus faibles, jetant l’anathème sur des catégorie bien ciblées, instrumentalisant la peur. Pastor a été pris la main dans le pot de confiture, ce n’est pas le premier loin s’en faut. Mais faux, et usage de faux pour un sénateur, c’est grave, très grave.
On me souffle que ce sinistre personnage est de gauche…comme D$K. Il y a donc des individus ignobles de tous les côtés. Il n’y a certes pas «mort d’homme», et même pas «troussage de domestique», mais cette manière de voir le monde à travers le prisme déformant du pouvoir où tout est permis, en plaçant les protagonistes «vertueux» à l’abri de tout, exonérés de toute responsabilité, protégés, inatteignables, m’est insupportable.
Sanction ou pas, pour la part, mon jugement est sans appel : ces gens sont «humainement» des salopards.