Magazine Société
Ils ont d’abord fait de la fraude fiscale et de la corruption un véritable sport national, privant l’État des moyens financiers nécessaires pour faire fonctionner le pays. Ils ont ensuite fait de l’économie noire un paradigme. La Grèce s’est ensuite enfoncée dans une inflation non maîtrisée de ses dépenses et du nombre de fonctionnaires qui cumulent leur emploi avec le travail au noir. Sans finances suffisantes, l’État a finalement truqué ses comptes et trompée l’Europe pour pouvoir continuer à en être membre et bénéficier ainsi des fonds structurels accordés par l’Union Européenne. Aujourd’hui, les mêmes citoyens pris de panique retirent leur argent des banques pour l’exiler soit dans leur propre coffre-fort, soit à l’étranger, privant ainsi le secteur bancaire des moyens financiers pour faire fonctionner l’économie. Ils sont devenus complètement fous. La Grèce va inéluctablement à la faillite et Dieu seul sait (mais existe-il ?) quelles en seront les conséquences sur l’Euro et, donc, sur l’Europe. Il y a, dans ce comportement, une irresponsabilité tellement grave que certains s’interrogent sur l’exclusion de la Grèce de l’Europe avant qu’elle ne l’entraîne vers une faillite collective. La Grèce est en train de porter un coup qui sera peut-être fatal à la zone euro, au moment même où l’Allemagne retrouve ses vieux démons nationalistes et regarde la France davantage comme un handicap que comme le partenaire d’un grand projet commun, considère l’Espagne et la Grèce comme des menaces. La restructuration de la dette grecque (c’est-à-dire la faillite du pays) devient de plus en plus vraisemblable, sans que personne ne sache quelles en seront les conséquences sur l’ensemble de l’Europe. Il ne suffit pas de prêter de l’argent, encore faudrait-il que la Grèce produise quelque chose pour réveiller une croissance réelle aujourd’hui morte. Mais que fabrique donc la Grèce ? La seule industrie importante est la marine marchande dont les armateurs ont délocalisé l’activité en Crête pour ne pas payer d’impôts ! Le peuple grec va souffrir durement à cause de l’incurie de ses dirigeants et de ses élites. Et, malgré ces souffrances, il n’est pas certain que la Grèce échappe à la récession et, finalement, ne se « tiers-mondialise ». Les Européens mettent en place un nouveau plan de sauvetage de la Grèce qui consiste à emprunter à 3,5% et à prêter à la Grèce à 5,5%. Il y a là quelque chose de curieux qui consiste à faire de l’argent sur le dos de celui qui fait faillite ! Mais c’est le juste prix du risque encouru par le contribuable européen en cas de restructuration de la dette grecque. Il est envisagé que les banques privées participent à ce prêt en rachetant une partie de la dette. Ainsi, si la Grèce fait néanmoins faillite, les répercussions sur le système bancaire européen seront immédiates et désastreuses. Le défaut de paiement des Grecs expose les finances, les banques publiques et privées, les fonds d’investissements – c’est-à-dire notre épargne et nos retraites. Il en serait exactement de même si la Grèce sortait finalement de l’Europe et abandonnait l’Euro pour retourner à la drachme qui serait immédiatement et fortement dévaluée, dévaluant du même coup tous les engagements européens dans le système financier grec. La situation est donc extrêmement grave et rien ne permet aujourd’hui de penser que nous échapperons à la catastrophe. Et, pendant ce temps-là, l’endettement des autres pays européens ne cesse de croître.