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L’amour sur ordonnance

Publié le 07 juillet 2011 par Jlhuss

L’amour sur ordonnanceC’est toujours un grand étonnement quand enfin apparaît dans la « grande » presse une notion bien ancrée et depuis longtemps, par expérience du « terrain » C’est fou le temps qu’il faut pour faire l’éclairage, à la limite c’est décourageant.
« Plus de 70 molécules très prescrites favoriseraient le déclin cognitif des personnes âgées … » annonce Le Figaro entre autre. Le chiffre est à vérifier, mais la révélation est malheureusement exacte. Certains de ces médicaments, beaucoup, sont d’ailleurs vendus sans ordonnance et viennent souvent allonger des ordonnances pourtant déjà bien longues.
J’ai le souvenir de paroles pleines de sagesse d’un de nos Maîtres, le Professeur Jean Bernard, énonçant « au-delà de trois médicaments, vous ne savez plus ce que vous faites … » Que ce temps est lointain !
Certes l’époque a changé, les âges avancés de la vie font apparaître des polypathologies alors inconnues ou très rares, des désagréments que l’on cherche à combattre. Il en est ainsi du « mal vivre », de la réduction du sommeil qui plonge dans l’oubli etc. Le recours à des molécules ainsi trop souvent « de confort » n’est pourtant pas sans danger et inconvénients. Qui aurait pu en douter ?

L’amour sur ordonnance
C’est ainsi que de nombreux médicaments consommés régulièrement par les personnes âgées entraînent un déclin cognitif, des troubles de l’équilibre, de la vision, de la mémoire, des faiblesses musculaires, voire des discours incohérents. L’incohérence du discours amenant souvent à augmenter la « panoplie » ou les doses, alors qu’il suffirait d’arrêter tout simplement.
Ne croyez pas que la seule responsabilité incombe aux médecins. Le patient devient vite « accro » à sa longue liste. Nous avons tous en mémoire ces patients entrés à l’hôpital pour chutes à répétition ou troubles de la mémoire, lesquels après une véritable « cure de désintoxication » ressortaient en pleine forme mais très mécontents d’une ordonnance réduite à sa plus simple expression.
Il n’était pas rare de les retrouver quelques mois après aux urgences à l’occasion d’une nouvelle chute ou autre malaise, en possession, à nouveau, de toute la panoplie mortifère.
Les anglo-saxons vont encore plus loin dans ces constatations péjoratives des anticholinergiques en général : « Une étude plus large, menée sur 13.000 personnes de plus de 65 ans pendant deux ans dans des universités anglaises et américaines et financée par the Medical Research Council va plus loin. Publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society, elle estime que les médicaments ayant un effet anticholinergique augmentent la mortalité des personnes âgées. Ainsi, 20 % des patients qui prenaient plusieurs médicaments ayant cet effet sont décédés durant les deux années de l'étude contre seulement 7 % des patients ne prenant aucun médicament ayant un effet anticholinergique. Le lien de cause à effet est simple : comme ces médicaments font augmenter les chutes, la mortalité progresse. » CQFD. La chute chez la personne âgée, les troubles de l’équilibre, sont des éléments mortifères majeurs.
Que faudrait-il pour remplacer cette recherche de la disparition du « mal être » ? De l’amour, de la présence, de l’écoute … Il est impossible d’inscrire cette prescription sur une ordonnance et ce n’est pas remboursé par la sécurité sociale.

Ajoutons pour terminer,  qu'une telle "prescription" dans un blog qui se nomme "A©tu bien pris tes comprimés"… n'est pas le moindre des paradoxes !


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