Quand les chefs de l’UE commencent à prétendre que la crise de la dette est un complot des agences de notation de crédit, on réalise qu’ils perdent prise sur les événements.
Les agences de notation de crédit, apparamment, sont un outil de l’impérialisme américain. Des spéculateurs anglo-saxons conspirent contre l’Europe.
M. Barroso a même sérieusement suggéré que, pour casser la domination des trois grandes agences, Moody’s, Standard & Poors et Fitch, Bruxelles pourrait avoir à développer sa propre agence rivale (comme si quiconque croirait alors un traitre mot de ce qu’elle écrirait).
Et M. Barroso n’est pas le seul. Comme un rappel qui tombe à pic, de pourquoi les conservateurs britanniques ont bien fait de quitter le groupe PPE au parlement européen, le premier ministre polonais, Donald Tusk a râlé à l’unisson : « seul un naïf pouvait s’attendre à ce que les agences de notation se transforment en anges, et qu’elles n’aient rien d’autre à l’esprit que des manières d’aider la Grèce ou d’autres pays en difficultés. Personne ne met sur pied une agence de notation pour aider quiconque ».
La vérité, bien sûr, c’est que les agences de notation ont été trop optimistes sur la zone euro, trop prêtes à croire les eurocrates. Leur retour tardif à la réalité pose des problèmes massifs à Bruxelles. Ce n’est pas seulement que le Portugal doit payer plus pour emprunter. C’est que la banque centrale européenne a accepté ce qui devrait, normalement, être appelé de la dette pourrie comme collatéraux. Comme l’explique Alistair Heath, elle doit continuer à tordre les règles pour garder le système solvable. Une fois qu’il sera devenu clair que la Grèce et le Portugal sont en faillite, la faillite de la BCE elle-même deviendra impossible à cacher. Tout le système monétaire européen repose sur ce qui est, selon la plupart des définitions, une banque pourrie.
La réponse des chefs de l’UE ? Se mettre les doigts dans les oreilles et chantonner la 9ème symphonie de Beethoven. Exiger que certaines institutions européennes proposent des statistiques plus riantes. Mettre la faute sur des spéculateurs imaginaires.
Nous sommes arrivés à l’étape du bunker. La fin ne peut plus être très loin.
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