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"Je voterai François Hollande"!

Publié le 07 juillet 2011 par Zako

« Je voterai Monsieur Hollande » en 2012. C’était la vraie-fausse  idée de  Jacques Chirac qui a semé la zizanie dans la classe politique française… Bref, l’Afrique dirait-elle la même chose pour la présidentielle de 2012 en France ? Monsieur François Hollande est le candidat socialiste pour 2012. C’est l’un des disciples de Tonton Mitterrand. Il y a à peine deux mois, le 10 Mai 2011, le parti socialiste français célébrait le trentième anniversaire de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, le 10 Mai 1981. Cette date a été marquée en Afrique d’une pierre : Les capitales ont jubilé, dansé au rythme des tam-tams, djembé, balafon, kora, musique arabo-berbère en l’honneur à leur fils, Mitterrand. La population criait : « On a gagné, on a gagné, on a gagné », comme cela se fait après une  victoire sportive.  C’était plus qu’une victoire totale pour l’Afrique, en particulier pour sa jeunesse qui a soif de  liberté et de démocratie et pour qui l’élection de Mitterrand était synonyme « d’espoir ». Les dirigeants africains, qui représentent ce qu’il y a de bourgeois sur le continent, ils regardent à table la misère du peuple, ces roitelets qui bradent les richesses de leur pays ne s’attendaient pas à voir arriver au pouvoir un président de gauche en France. Ils ont donc eu raison d’avoir peur parce qu’ils vont désormais composer avec une gauche dite  «  plurielle », qui aura son mot à dire sur la gestion des pays qu’ils dirigent et surtout leur train de vie « bling bling ». En effet, Mitterrand connaissait bien l’Afrique avant d’être élu président de la République. Il était successivement ministre des anciens combattants entre 1947-1948, ministre de la France d’Outre-mer de 1950-1951 et ses nombreux voyages sur ce vieux continent ont forgé son caractère d’homme du peuple. L’Afrique n’a pas lésiné sur les moyens pour lui témoigner sa gratitude : des centres culturels, des   rues, des  avenues, des boulevards, des écoles et ponts portent aujourd’hui le nom de François Mitterrand. Le premier geste de Mitterrand en faveur  de la population africaine est la régularisation massive dès 1981 des étrangers en situation irrégulière sur le sol français : Des étrangers  exerçant un travail et qui peuvent le prouver. Et puis il y a derrière tout cet arsenal de lois votées pour améliorer les conditions de vie et de séjour de la population immigrée afin de mieux pouvoir l’intégrer : le regroupement familial qui  permet aux immigrés de faire venir leurs nombreuses familles, le droit aux allocations sociales, la scolarisation des enfants dès la maternelle, l’alphabétisation des adultes. Toute personne d’origine étrangère qui se sentait persécutée dans son pays d’origine demandait l’asile politique dès lors que cette personne  apportait la preuve.  Le discours de CANCUN au Mexique, le 20 Octobre 1981 est révélateur de l’attachement de Mitterrand aux pays du tiers-monde. Voici quelques extraits de ce discours :  « Salut aux humiliés, aux émigrés sur leur propre terre qui veulent vivre libres- Salut à celles et à ceux qu’on bâillonne, qu’on persécute ou qu’on torture , qui veulent vivre et vivre libres- Salut aux séquestrés, aux disparus et aux assassinés qui voulaient seulement vivre et vivre libres- Salut aux syndicalistes emprisonnés, aux chômeurs qui vendent leur sang pour survivre…aux travailleurs sans droits, aux paysans sans terre, aux résistants sans armes qui veulent vivre et vivre libres- A tous, la France vous dit :  Courage, la liberté vaincra- Et si elle le dit depuis la capitale du Mexique, c’est qu’ici tous les mots ont leur sens ».  François Mitterrand détenait le record de participation aux sommets franco-africains. De 1981 à 1994, il était présent à 11 sommets de chefs d’état et de gouvernements où il a été essentiellement  question d’aide au développement, de matières premières,  de pauvreté, de crise mondiale, de l’endettement , d’autosuffisance alimentaire, de politique générale de sécurité, de coopération , de l’apartheid, du Tchad, de la démocratie, de la liberté de la presse, de la liberté tout court, des droits de l’homme. En 1987, Mitterrand pèse de tout son poids pour l’annulation de la dette des pays pauvres. Le discours de la Baule (Loire Atlantique- France), le 20 Juin 1990 est un pavé dans la marre politique de la Françafrique. Mitterrand voulait préparer  l’avenir de l’Afrique par l’instauration de la démocratie : Il disait dans ses mots à lui qu’ «il n’y avait pas de développement sans démocratie ». Ce discours est une pilule amère qu’il fait avaler aux dictateurs africains, habitués au parti unique dans lequel les libertés individuelle et collective ne sont pas souvent respectées. Ces dictateurs n’avaient pas trop le choix tant que la France tenait les cordons de la bourse. ET puis cet émouvant voyage que Mitterrand effectue au CAP en Juillet 1994, en dépit de sa maladie, un an avant sa mort.  Nelson Mandela ayant insisté pour qu’il soit le premier chef d’Etat occidental à venir en visite officielle dans « la nouvelle Afrique du Sud ». La françafrique n’a jamais été aussi puissante auparavant que sous son autorité   ; Elle était directement pilotée de l’Elysée. C’est le fils à Mitterrand, Christophe surnommé par les africains « Papamadit » qui allait prêcher la bonne parole de « Dieu » en Afrique à la place de tonton Jacques Foccart au sein de la cellule africaine de l’Elysée . Tout n’a pas été non plus rose sous Mitterrand pour certains pays africains ; Des zones d’ombre ont subsisté dans la politique africaine de Tonton : Mitterrand n’a pu empêcher par exemple le génocide du Rwanda en 1994 ni enrayer la dictature...; Disons qu’il y a eu beaucoup  de ratés dont l’Afrique s’en remet peu à peu mais difficilement… L’après Mitterrand est difficile à assumer par les socialistes français. Depuis la mort du « vieux », les socialistes gèrent très mal les dossiers africains : Le parti socialiste est resté inaudible sur les dossiers de la côte d’ivoire, de la révolution arabe... Le vote de français d’origine africaine qui lui revenait traditionnellement sera sans nul doute remis en cause .L’affaire DSK-Nafissatou ne lui est pas profitable et fera également de vagues. L’Afrique a été socialiste du 10 Mai 1981 jusqu’ ‘à la mort de François Mitterrand en 1995. Après, le parti socialiste devra négocier pour faire revenir vers lui le vote ces français binationaux noirs d’Afrique. Quel dommage ! Zako Gnali

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