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[Europe - Solidarité] La BCE sauve le Portugal et tacle Moody’s

Publié le 07 juillet 2011 par Yes
Jean-Claude Trichet, président de la BCE, jeudi à Francfort.
Jean-Claude Trichet, président de la BCE, jeudi à Francfort. Crédits photo : BORIS ROESSLER/AFP

La Banque centrale européenne a relevé, jeudi, son taux directeur à 1,5 % pour lutter contre l’inflation.

Preuve d’une certaine lassitude à l’égard d’une crise de la dette qui n’en finit pas, Jean-Claude Trichet a mouché, jeudi, les agences de notation, accusées d’aggraver les maux de la zone euro. «Ces petites structures oligopolistiques ne sont pas souhaitables pour la finance mondiale», a déclaré le président de la Banque centrale européenne, jeudi, à l’issue de la réunion mensuelle du Conseil des gouverneurs.

Jean-Claude Trichet n’avait jamais été si loin dans la critique des agences de notation, plus habituelle dans la bouche des responsables politiques que des banquiers centraux. Le président de la BCE a surtout joint le geste à la parole, en annonçant, après la hausse de taux directeur à 1,5 %, la suspension «immédiate» des critères de notation permettant d’accepter la dette du Portugal en contrepartie de ses opérations de refinancement.

Cette décision souveraine autorise l’institution monétaire européenne à accepter tous les titres de dette portugaise, «en collatéral», quelles que soient leurs notes, ce qui évitera aux banques portugaises une crise de liquidité qui leur serait fatale. Elle ajoute un sauvetage monétaire au sauvetage budgétaire lancé par le FMI et l’Union européenne. La BCE avait procédé au même aménagement de ses ­règles internes pour aider la Grèce et l’Irlande, mais elle n’avait pas été aussi prompte à réagir. Cette fois, sa décision est intervenue moins de quarante-huit heures après la brutale dégradation, par Moody’s, de la dette souveraine du Portugal, reléguée, mardi soir, en catégorie spéculative, sous prétexte que le pays aurait besoin d’un second plan de sauvetage du FMI.

Crédibilité sur l’inflation

La réaction de Francfort est un ­camouflet on ne peut plus clair pour Moody’s, déjà vertement critiquée par Berlin et Bruxelles. En désaccord sur le fond avec l’agence de notation, Jean-Claude Trichet estime que le nouveau gouvernement portugais de centre droit est crédible dans ses efforts de redressement des finances publiques. «Non seulement le programme de réformes sera appliqué», a déclaré jeudi Jean-Claude Trichet, «mais sur les privati­sations et sur la hausse des taxes, il va plus loin que ce que demandent l’UE et le FMI». Pour le patron de la BCE, la rigueur budgétaire garantit croissance et emploi. «Regardez l’Allemagne : le chômage aujourd’hui est plus bas qu’avant la faillite de Lehman Brothers ! », a-t-il affirmé jeudi.

Accusé par certains experts de mettre le bilan de la BCE en péril, en acceptant des titres de dettes dégradés, au risque de porter atteinte à la crédibilité de l’institution, Jean-Claude Trichet est un peu sorti de ses gonds, jeudi : «La BCE n’a aucune leçon de crédibilité à recevoir de personne ! Elle est très crédible !» La preuve : «Elle est la seule banque centrale au monde », a-t-il rappelé, qui peut se vanter d’avoir contenu l’inflation sous la barre des 2 % en douze ans d’existence. Un objectif qui reste prioritaire aujourd’hui, malgré la crise de la dette, en témoigne le deuxième relèvement de taux de l’année, opéré jeudi par la BCE. «Mais rien n’indique qu’il s’agit d’une série de hausse de taux», a précisé Jean-Claude Trichet.

Une indication précieuse qui a aidé les Bourses européennes à revenir dans le vert et contenu la hausse de l’euro à 1,4350 dollar. La main tendue au Portugal a, quant à elle, favorisé une détente des taux obligataires à deux ans de 17,6 % à 16,8 %. Et évité tout nouveau dérapage des taux grecs.

Le Figaro – Conjoncture : La BCE sauve le Portugal et tacle Moody’s.


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