Jean-Luc Mélenchon, c’est quand même un drôle de bonhomme qui a réussi le tour de force d’être candidat d’un Front de Gauche plutôt uni, en tout cas temporairement pacifié.
Psychologiquement, cela n’augurait pas une telle issue: caractériel, voire colérique, susceptible, on se demandait comment il ferait l’union et pourtant il l’a faite avec don Parti de Gauche et d’autres; Veni, vidi, vici !
Politiquement, c’est moins surprenant: Jean-Luc Mélenchon a souvent oscillé entre communisme et socialisme et le retrouver candidat aujourd’hui du Front de Gauche n’a rien d’illogique.
Actuellement, Mélenchon excelle dans deux choses: l’interview et le débat. On se souvient de certaines de ses « sorties » avec les journalistes abondamment relayées car tranchant avec le conformisme et la langue de bois ambiants. L’homme parle bien et n’a pas peur de la caste journalistique, c’est un bon point…
Il est en revanche moins bon dans les discours, son premier meeting de campagne à Jaurès l’a confirmé: accents gaulliens, bonnes formules, trémolos dans la voix… Toutes les ficelles du tribun populaire y sont passées mais le fond, le speech lui-même, montre ue Jean-Luc c’est un intello parfois un peu décalé du milieu populaire. Ses phrases étaient trop longues, ses explications et allusions parfois compliquées à saisir, bref il faut qu’il garde son punch mais qu’il frappe – verbalement s’entend – plus vite et plus simple s’il veut faire monter la mayonnaise en public. Et surtout, ne pas oublier les mots-clés: résistance, oppressions, puissants, lobbies, finance…
Il faut aussi qu’il supprime la flopée d’auditeurs assis sur des chaises derrière lui. La présidentielle c’est un homme et le peuple, pas une bande hétéroclite d’opportunistes rigolant niaisement pour certains à la moindre petite phrase de leur champion; au meeting de Jaurès, c’était insupportable. Si j’étais lui, je ne garderais que Clémentine Autain et Marie-George Buffet, ça ferait un joli triumvirat; et exit tous les autres !
Bilan du candidat Mélenchon à ce jour
Aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon a le fond de son discours: il a réfléchi à l’affaire, il a ses idées, ses arguments, sa réthorique… La panoplie du bon candidat à la présidentielle. Il distille même quelques références aux philosophes, à l’Antiquité dont nous sommes peu habitués dans les débats politiques. Mais il n’est pas psychologiquement prêt: pas habitué à tant d’exposition médiatique depuis quelques mois, il ne sait pas accepter les critiques, se construire sa carapace, et maîtriser ses nerfs. Son habitude à balayer d’un revers de main, parfois vulgairement, parfois de manière condescendante, ceux qui le critiquent, sa méfiance qui frise l’aversion – parfois à raison – envers les journalistes risquent de lui jouer des tours; car les français préfèrent en général les postures humbles et les explications au mépris ou à la gueulante.
A ces réserves près, Mélenchon pourrait faire, depuis bien longtemps, le meilleure score de l’extrême gauche et paraît être actuellement un plutôt bon candidat pour l’extrême gauche.