du 7 juillet présentait en première page un éditorial intitulé " Réforme des retraites : le coup de l'été ". Il accorde dans son numéro du 8 juillet une demi-page au ministre du travail qui fait part de sa surprise devant cet éditorial et devant la réaction du Parti socialiste. Tiendrait-il Le Monde pour la Pravda du parti socialiste ?
Il justifie cette annonce estivale en citant la loi de 2010 selon laquelle, " pour les assurés nés à compter du 1° janvier 1955 ", le décret fixant la durée d'assurance est " publié avant le 31 décembre de l'année au cours de laquelle ces assurés atteignent l'âge [de 56 ans] ". Il ne vous échappera surement pas que " pour permettre à chacun de mieux s'organiser " et afin " que les choses soient prises en compte par la génération de 1955 le plus tôt possible, même si leur (sic) départ à la retraite n'aura lieu que dans cinq ans ", on ne pouvait lui faire perdre trois mois en attendant la rentrée pour annoncer cet allongement de la durée de cotisation.
Fidèle à la devise de nos ministres : " c'est pas moi, c'est l'autre ", le gentil Bertrand précise dans sa mise au point : " Le Conseil d'orientation des retraites, organe indépendant créé, je le rappelle, par Lionel Jospin en 2000 ". Est-ce que ce fidèle courtisan mesure qu'ainsi il réduit à néant les attaques qu'il porte contre le Parti Socialiste dans la suite de son article, telle par exemple, celle-ci : " le Parti socialiste, en matière de retraites [...] fait, sans surprise le choix de la démagogie " ?
Péremptoire, et flagorneur, il ajoute : " Les Français savent, avec tout leur bon sens, que si nous vivons plus longtemps, il faut accepter de travailler un peu plus longtemps ". Cette expression de un peu plus longtemps me semble un rien inappropriée : " la loi prévoit que les gains d'espérance de vie sont partagés entre la vie active à raison des deux tiers et la retraite à raison d'un tiers ". D'où il ressort que l'assuré échange la certitude de deux années de travail supplémentaire contre l'espérance d'une année de retraite en plus. Je n'appellerai pas cela travailler un peu plus longtemps, même s'il est nécessaire de chercher des solutions pour assurer l'équilibre des retraites.
Il est d'autre part incohérent de reculer l'âge légal de départ à la retraite alors que trop peu de seniors peuvent conserver un emploi jusqu'à la limite actuelle. Ce recul reviendra le plus souvent à diminuer le montant de la retraite, faute d'atteindre le nombre de trimestres nécessaire à une pension non réduite. En dépit des proclamations de ce gouvernement attaché à protéger les riches, cette réforme va plonger certains de nos futurs retraités dans la misère.