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Sarko-l'Enculé

Publié le 15 février 2008 par Jean-Philippe Immarigeon

On avait eu Philippe-le-Bel et Jean-le-Hardi, Louis-le-Hutin et Louis-le-Grand. On aura maintenant dans nos manuels d’Histoire, grâce à un marin-pêcheur breton, Nicolas-l’Enculé.

L’autorité ça ne se décrète pas, ça n’a rien à voir avec le grade ou la fonction : Charles de Gaulle en avait déjà tout écrit dans Le fil de l’épée, je le citais dans Sarko l’Américain. Normalement on pourrait s’en tenir là : Sarkozy n’a rien à faire sur le trône de Clovis.

Mais ce qui se passe va bien au-delà de sa petite personne de Schtroumpf et est absolument passionnant. Sarkozy n’est, comme je l’ai écrit toujours dans Sarko l’Américain, qu’à l’image de toute sa génération, et sa nouvelle compagne accentue cette identification. C’est une génération qui s’imagine que les « fondamentaux » comme elle dit, ou les « paradigmes » quand elle veut user de mots qui valent triple au Scrabble, ont changé. La guerre a changé, elle est numérique ; le commerce international a changé, il est « global », mot magique pour dire que tout a changé ; etc... Le monde aurait même basculé le 11 septembre 2001 et rien ne sera jamais comme avant.

Ces gens vivent dans un monde virtuel. Ça a marché un temps, mais aujourd’hui le réel est là. Ils n’ont pas vu arriver le mur et n’y croient toujours pas, parce qu’ils se sont imaginé pouvoir changer le réel. Ils vont nier jusqu’au bout. Je disais dans un précédent article qu’ils ne sont même pas comme les borderline ou états-limites, ces sujets psychanalytiques qui s’autodétruisent avec cette terrible lucidité parce qu’ils savent qu’il existe autre chose qu’ils rejettent et que cet autre chose pourrait bien s’appeler la Vie. Sarko & Co ne sont ni suicidaires ni désespérés : ils ne savent rien d’autre qu’eux et ne comprennent pas ce qui leur arrive.

Ils ne pigent pas que la guerre reste la guerre, et c’est pourquoi une poignée de Talibans nous met la pâtée dans les montagnes afghanes. Ils ne pigent pas que le commerce international reste ce qu’il est depuis 2000 ans, et c’est pourquoi les Chinois nous niquent en ce domaine. Ils ne pigent pas que le monde reste incertain et parfois indéterminé donc indéterminable, et c’est pourquoi tous ces managers freudiens et einsteiniens n’ont pas vu arriver par exemple ni la crise frumentaire, ni celle des matières premières, ni surtout la réaction de l’écosystème, et sont incapables aujourd’hui de modéliser le futur ne serait-ce qu’à 48 heures.

Tout ceci ne serait pas grave, ou plutôt serait corrigeable si, derrière, il n’y avait une gigantesque béance dans les esprits. Car non contente d’être inculte, cette génération sarkozienne ne sait pas davantage ce que les mots « noblesse de cœur », « amitié », « fidélité » et « respect de soi » veulent dire. Et surtout pas « amour ». Sarkozy a beau répéter son attachement aux valeurs, il est l’exemple vivant d’une génération qui les aura refusées : ses multiples familles décomposées-recomposées, les coups de poignard dans le dos de ses soutiens politiques, son léchage improductif de tous les dictateurs de la planète, ce n’est pas de la modernité, c’est de l’obscénité. Et la première dame de France peut bien se répandre en niaiseries dans la presse sur l’éternité de sa passion subite, elle reste à l’image de sa tranche d’âge qui appelle « belles histoires » ce qui ne sont que des plans cul à répétition. Mais pour les Français la réalité reste ce qu’elle est, à l’image de ce qu’écrivait Karl Marx sur l’identité dialectique qui existe entre une pute dans la rue et une bourge des beaux quartiers : Carla Bruni-Tedeschi sera toujours une de ces jeunes femmes qui aura vécu des hommes et couché avec la moitié de Paris avant de finir dans le lit du roi. Après tout ça la regarde, mais il ne faut pas mentir aux autres parce qu’on se ment à soi-même. Là encore, l’Histoire de France est remplie de précédents : même dans le satin puis sous les ors de la République, une tournante reste une tournante.

Comment respecter des gens qui ne se respectent pas ?

Le 6 mai 2007, notre vieux pays d’un vieux continent s’est tout de même dit que, après tout, il ne servait peut-être à rien de rester la Grande-Nation (dixit nos voisins germaniques) fondée sur ces vieux principes que sont notamment la responsabilité, la vertu, la démocratie ou le libre arbitre, toutes ces choses que la France a données au monde depuis 20 siècles (dixit encore Charles de Gaulle). Alors Sarko-l’Enculé, pourquoi pas… ?

Il n’a pas fallu six mois pour que les Français comprennent : non seulement ce monde dont nous parle Sarko n’est pas fait pour eux, mais ce monde n’existe pas. Et finalement c’est rassurant. Je suis comme beaucoup de Français, j’ai eu très peur au printemps dernier en entendant le délire sarkolâtre autour de moi, très peur parce que je me suis mis à douter : et si effectivement toutes ces vieilles lunes encyclopédiques auxquelles je m’accroche n’étaient que des chimères ? Et si c’était la France qui était en dehors de l’Histoire et du monde depuis 2000 ans ? Et moi qui passait à côté de tout ?

Et bien non ! Ce n’est pas moi, c’est l’univers de Sarko et Bruni-Tedeschi (les magasins de jouets où la bourse et l’immobilier montent toujours, les forums où l’on se dit entrepreneur parce qu’on va peut-être avoir un jour une idée, les Disneyland de carton-pâte où l’on offre en pâture la progéniture de sa promise, les jeux-vidéo où l’on gagne les guerres d’Irak…) qui n’existe pas.

Maintenant le problème, c’est d’en finir vite. Il est impossible et impensable d’attendre encore quatre ans. Là encore l’Histoire de France est un puit de précédents (et reste un régime parlementaire où les députés ont le dernier mot s’ils en prennent la peine, n’en déplaise à Sarko l’Américain qui fait comme s’il était dans le système présidentiel US), et Sarko-l’Enculé ne sera pas le premier chef de l’Etat auquel les Français auront, d’une manière ou d’une autre, signifié avant terme son congé.


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