Une dune de sable est l’endroit rêvé pour photographier, c’est un espace malléable, à la consistance indéfinie, aux tons neutres, sur lequel on peut poser ses personnages, ses motifs à sa guise, et composer et recomposer leur disposition; même si ça reste un espace bien matériel, bien présent, rien n’y dérange. C’est ce qu’avait compris Shoji Ueda qui déclarait (à propos des photos dans la rue): “C’est difficile de simplifier, on est souvent obligé de prendre des choses qu’on aimerait bien enlever”.
Ueda n’était guère connu en Europe que pour ses photos de dunes, les unes poétiques, d’autres ironiques (ci-contre l’étrange et onirique
Portrait de M. Sohji Yamakawa), certaines irréelles, quelques-unes érotiques. Cette exposition, qui vient de son
musée et tourne en
Europe depuis près de trois ans, à la
MEP jusqu’au 30 Mars, montre aussi d’autres aspects de son travail.
J’ai trouvé fascinantes ses photos les plus épurées, où photographie et calligraphie se confondent. Sur celles-ci, quelques pieux dans la mer à gauche, quelques reflets et quelques ombres dans l’eau à droite, sont comme des traits de pinceau sur du papier de riz. Ce sont des compositions minimalistes, équilibrées, pleines de retenue et de force.
Cette dernière est encore plus dépouillée : une surface enneigée. Tout y est blanc, à peine distingue-t-on sur la photographie originale des ombres légères suggérant volumes et courbes dans la neige, et, au fond, ce petit triangle noir d’herbe ou de terre, comme un omphale : c’est une image d’une pureté absolue, une photo de méditation (hélas, le rendu sur ce blog est très loin de ce que vous verrez sur la cimaise). On arrive à l’esssence même.
Il y a aussi, jusqu’au 28 Mars une exposition Ueda (et Lartigue) à la Galerie Camera Obscura.
Toutes photos © Shoji Ueda Office, Tokyo. Les deux dernières photos sont de l’auteur.