Martine Aubry vient de dénoncer les rumeurs qui courent sur son compte. Je ne suis naturellement pas en mesure de déterminer leur origine. Personnellement, j’ai reçu deux courriels presque identiques colportant certains de ces ragots. Leurs expéditeurs avaient utilisé la liste de leurs correspondants pour diffuser des courriels qu’ils avaient sans doute eux-mêmes reçus. J’ignore s’ils sont engagés politiquement mais je sais que mes deux bienveillants informateurs penchent plutôt du côté de la majorité. Ceci ne permet toutefois pas de voir dans la diffusion de ces rumeurs une offensive concertée. Mais les réactions de l’UMP et du gouvernement sont vraiment ahurissantes. En voici quelques-unes.
Jean-François Copé dénonce une «nouvelle entourloupe des socialistes pour gagner du temps ». « L'UMP a bon dos pour tout, ce sont des méthodes absurdes et ridicules ». Il déclare aussi : « D'abord c'est diffamatoire! Parce que accuser sans fondement ses adversaires, nous, on n'est pas dupe ». Vous noterez sa syntaxe hésitante qui peut laisser penser que le sujet implicite du verbe accuser à un mode impersonnel, l'infinitif, est ce nous présent dans la même phrase ! Au forum de Radio J, Xavier Bertrand invite dimanche Martine Aubry, si elle « s'estime diffamée [à porter] l'affaire en justice ». Il fait valoir qu'on était « sur un terrain juridique » et qu'on ne devait « pas être sur un terrain politique ». A son tour, toujours modérée, Nadine Morano s’écrie : « L’UMP ne salit pas », et critique la « stratégie de victimisation » d’Aubry.
Côté gouvernement, Gérard Longuet s’étonne de cette « attitude défensive » de la candidate face à des bruits « totalement inconnus » de lui. Et sur RTL, Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement, reprend la chanson de Xavier Bertrand : « Il faut qu’elle attaque sur le terrain judiciaire et pas qu’elle fasse elle-même courir des rumeurs sur la rumeur ». Il se peut que je sois mal informé mais je n’ai pas entendu que la candidate socialiste mette nommément en cause l’UMP. Je ne comprends donc pas ces réactions de la majorité.
Mais, contrairement ce qu’ils affirment, si cette affaire peut recevoir une suite judiciaire, elle doit surtout être traitée sur le plan politique. Dans une démocratie, des pratiques aussi immondes doivent être condamnées unanimement par tous les partis, quelle que soit leur couleur. Ne pas le faire c’est ouvrir la voie à des dérives fascistes. On commence par ignorer le caractère ignoble de certaines outrances et l’on se retrouve un jour impuissant devant des agressions physiques. Cette évidence est totalement hors de portée des sectaires qui nous gouvernent, tout comme de leurs partisans pour lesquels tous ceux qui ne sont pas de leur bord ne peuvent être que des socialos, des gauchos, des Rouges quoi !