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Si je peux m'exprimer ainsi _ Le parcours d'un néophyte |

Publié le 13 juillet 2011 par Candidemanfeo @candideblog


I- Trouver un sens

La philosophie ou l'art de penser. Il nous est pour tous difficile de définir ce mot. Ou sont les limites de la définition du mot " philosophie " ? On pourrait dire qu'il s'agit seulement d'un exercice de réflexion, d'interprétation des phénomènes ou de la nature du monde. Une quête de la sagesse ou du bonheur ou de la vérité, du beau peut être ? 

C'est une première difficulté qu'il faut franchir au plus vite. Car le lecteur impatient n'aura jamais l'audace de parcourir les écrits des anciens ou des contemporains s'il se heurte aussitôt à un rocher millénaire de problématiques complexes ou à un vocabulaire barbare et incompréhensible pour le profane

Car tout d'abord la philosophie est liberté. Le terrain ou il se pratique est immense, infini. La philosophie est choix. A vous seul de décider ce que vous allez en faire. 

Et dès maintenant, tentez de chercher votre propre sens de la philosophie. N'ayez pas peur, il faut maltraiter la matière. L'étirer, l'essorer, la tordre dans tout les sens pour en extraire la sève de votre liberté de penser naissante. 

C'est là la première étape avant toutes choses. Si vous pouvez déjà faire cela vous vous débarrasserez d'un poids immense et désagréable.  

II- La contradiction


Maintenant nous nous trouvons devant une muraille presque infranchissable. Celle de l'incompréhension. Car même la bonne volonté n'est pas une arme assez efficace pour rentrer dans l'Académie des penseurs. 

Une contradiction s'oppose à nous. La philosophie, vieillissante et n'attirant pas foule, tente veinement d'attirer l'attention sur elle en séduisant le peuple en lui promettant bonheur et sagesse. Des émissions de radio, des philosophes de service sur les plateaux de télévision, des conférences ou tout simplement nos chers professeurs de philosophie, tous tentent l'infaisable. 

Car si la philosophie est si peu séduisante, cela se caractérise par un vocabulaire barbare et à des réflexions ou personne ne se reconnait. En effet, qui se soucie de savoir si l'être existe ou n'existe pas ? A quoi bon savoir si l'âme est immortelle ou non ? 

L'homme grossièrement appelé " Lambda " aimerait entendre tout simplement un écho entre ses besoins et ce qu'il entends de la bouche de ces hommes si sûrs d'eux et qui devraient détenir la vérité. Ces hommes sages parlent une langue inconnue. 

Quand ils discutent entre eux, on se demande parfois s'ils n'oublient pas parfois que des hommes et des femmes les écoutent et tentent de les comprendre. Si jamais l'un des protagonistes ose dire une phrase compréhensible, alors que les yeux de l'auditeur commencent à briller, il s'excuse aussitôt d'avoir parlé aussi grossièrement. 

Ils se triturent les méninges sans vouloir offusquer les différents interlocuteurs à base de " si vous me le permettez ", " si je peux m'exprimer aussi ". 

Malgré tout cela, il faut avouer une faute de notre part. Nous pensons que le philosophe de service va nous servir une réponse réchauffée et toute prête à tout nos problèmes. C'est là que nous avons tort et que nous faisons preuve de naïveté. 

Car, pour prendre un peu la défense des philosophes, si ceux-ci parlent un tel langage c'est aussi pour se débarrasser des gens qui ne savent pas entendre. Une protection pour se cacher des imbéciles qui ne savent que ricaner. Seulement, cette arme de défense reste bien primaire car elle repousse aussi les néophytes désireux d'apprendre la philosophie et qui sont obligés d'abdiquer au bout de plusieurs heures de lutte. 

Comment venir à bout de cette contradiction ? 

III- Une nouvelle façon de philosopher 

Tout d'abord, arrêter de promouvoir la philosophie. Ceux qui s'intéresseront à cette façon de vivre s'approcheront d'eux même. Cette publicité perverse n'a que pour but d'amoindrir la pensée et la transformer en effet de mode. Il n'est pas question de rendre la philosophie " simpliste " mais d'en faciliter l'accès. 

Ensuite il faut expliquer ce que peut être la philosophie et les pièges ou il ne faut pas tomber comme la subjectivité ou le vampirisme intellectuel ( c'est à dire de ne se reposer intégralement que sur la pensée d'un autre ). 

En effet la philosophie n'est pas que métaphysique ( le questionnement sur l'être, la nature, la matière etc.. ). Elle existe en chaque chose qui est. Dans le cadre de tous nos problèmes quotidiens nous pouvons réfléchir afin de vivre mieux. Une fois que nous arrivons à mettre en pratique notre pensée nous pourrons peut être un jour nous attarder sur des sujets plus complexes mais encore plus passionnants. 

Car avant tout il faut faire la différence entre l'exercice de la pensée et l'exercice de la philosophie. La pensée consiste seulement en une réflexion pure et théorique, pas question ici de pratique. C'est un art plein de valeurs mais qui peut tomber dans la possibilité d'un certain conformisme. Il est simple d'avoir une opinion sur tel sujet mais ne pas savoir le maîtriser dans la vie de tout les jours ou tout simplement ne pas savoir le démontrer. 

La philosophie c'est pratiquer sa pensée dans sa vie afin de la rendre meilleure. Il n'est pas question de calquer la philosophie d'un autre que vous pensez plus futé que vous ou d'un philosophe célèbre. Ne vous faite pas subir cet acte d'étiquetage. Il faut savoir construire sa propre éthique, sa propre morale en se basant sur le savoir des philosophes. 

Nous en revenons à la problématique de la difficulté de compréhension des penseurs d'hier et d'aujourd'hui. Certains des écrits philosophiques nécessitent un travail de vocabulaire, d'une certaine maîtrise de réflexions en amont. Mais ils sont surtout composés de ces fameux livres de philosophes pour les philosophes. 

Sur les plateaux télés, les philosophes semblent sympathiques, ils véhiculent une certaine sérénité. On arrive parfois à trouver un accord avec leurs paroles. Alors on fonce à la librairie du quartier pour acheter son livre et dès lors on s'arrache les cheveux : le cauchemar recommence. 

Difficile à ce moment là de trouver la motivation nécessaire pour continuer cette longue route sinueuse. On pense que la philosophie n'est pas faite pour nous et que ceux qui pratiquent cet art viennent d'une autre planète. 

C'est tout de suite qu'il faut réagir ou nous n'y arriverons jamais. Si vous venez à la philosophie c'est que vous savez ce qui vous attends. Vous sentez que vous avez l'oreille. Cette seule sensation doit vous suffire pour continuer. 

Il faut partir à la recherche de documentations, d'informations sur les différents grands penseurs. Au début il sera difficile pour vous de trouver la perle rare. Toutes ces têtes sinistres sur les biographies. Vous lirez au hasard des pages qui défilent. 

A force de persévérance, vous trouverez. 

 

IV- Le maître à penser


Cet homme là, son visage, ses mots me font quelque chose. Pour le dire vulgairement, on le " sent bien ". Vous n'avez pas lu grand chose, mais cela vous suffit. Ça y est, vous avez peut être trouvé votre maître à penser. C'est assez excitant au départ. Vous commencez à étudier les écrits. Au début vous commencerez à avoir quelques maux de têtes tellement cet exercice réveille votre cerveau. Aussitôt vous allez tomber dans le piège, phase obligatoire, de l'admiration.

Cet homme qui vous accompagne tout les soirs dans la lecture quotidienne de ses livres a l'air de tout savoir. Vous buvez ses lignes comme du bon vin sans modération. Tout d'abord vous penserez que vous le comprenez sur le bout des doigts et ensuite vous répéterez scolairement à vos connaissances tout ce que vous avez appris sans savoir si cela correspondais vraiment à votre vision des choses.

La deuxième lecture est souvent annonciatrice d'une époque trouble. Vous vous demanderez si finalement vous avez réellement compris certaines choses, vous trouverez de nouvelles interprétation. Un dévoilement s'opérera et vous aurez cette drôle d'impression de redécouvrir votre auteur préféré.

Le temps passe et vous comprenez que lécher la tombe de votre maître à penser ne sert à rien. Votre vie n'a pas réellement changé au fond. C'est là que vous comprendrez qu'il est temps de penser par soi-même. 

V- La trahison


Tout bon disciple est celui qui trahit son maître. Bien sûr vous aurez de nombreux points communs avec votre maître, sinon vous le l'auriez pas choisi. Mais une distance va s'installer entre vous. Vous comprendrez bien vite qu'il existe des divergences d'opinions flagrante. C'est le début d'un bon parcours. Vous allez mener une bataille féroce contre lui et la finalité résultera d'un début de " réelle " pensée. 

Vous pouvez être fier de vous, mais il n'est pas bon de crier victoire. La route reste longue ( sans vouloir vous décourager ). Car la phase de la trahison ouvre sur une période bien plus sombre. 

 

VI- La peur du vide


Un malaise va s'installer au fond de vous. Dans votre bulle, avec votre auteur préféré, un changement intérieur s'est opéré sans que vous ne l'avez remarqué. A force de découdre le monde vous ressentirez une force obscure, la peur d'un vide infini. Qu'est ce qui est vrai ? Qu'est ce qui est factice ? Qui je suis et quelle est ma réelle opinion ? Ma réelle volonté d'exister ? 

Cela fait très peur au départ mais n'ayez craintes. C'est une période de transition. Peut être que certains vous se décourager et rebrousser chemin. Mais une fois la porte franchie, il est impossible d'oublier comment le monde peut se déconstruire dans notre tête rien qu'en mettant en doute quelques lieux communs et autres fausses vérités imposées. 

VII- Le début du voyage


C'est seulement là que le réel voyage commence. Vous avez envoyé bouler votre maître à penser dans votre placard. Il est temps de conquérir de nouvelles terres mentales. Que vous ayez choisit Nietzsche, Rousseau, Spinoza au fond peu importe. Car vous savez très bien qu'il n'est pas seul. Il n'est plus question de savoir si c'est votre maître qui a raison ou un autre, mais de savoir ce que vous pensez. Vous tomberez peut être sous le charme de nouveaux penseurs, que vous allez trahir peu de temps après. La formation de votre pensée sera encore bien longue. Et au fond, cette formation se termine t'elle vraiment ? Si vous travaillez, elle atteindra sûrement une certaine apogée mais sachez qu'il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre.

Plus vous rencontrerez de penseurs ( que ce soit dans la lecture de son oeuvre, ou en débattant avec vos contemporains ) plus vous vous retrouverez enrichit et plus votre pensée sera solide et claire. 

Voilà toute quête de n'importe quel philosophe. Car oui, vous êtes un philosophe. Vous n'avez rien remarqué ? C'est normal, car le penseur ne peut ne pas exister. Il n'existe que des bons et des mauvais. Ou est la différence ? Le bon est heureux. Simplement heureux.

Vous trouverez votre bonheur, soyez en sûr. Si vous sentez cette attirance envers la philosophie, allez vers elle. N'allez pas vers celle qui veut vous attirer dans ses filets.

Le tout est de façonner son propre chemin avec ses propres moyens à l'aide de votre maître. 

Bien sûr cet article modeste n'est qu'une simple proposition. Il n'y a rien d'exhaustif, rien d'imposé. Si je voulais vraiment vous obliger à suivre ma façon de faire, j'aurais échoué et je serais tombé moi même dans une contradiction.

A vous de tout construire. 

VIII- Conclusion


Alors en guise de conclusion, je vous donne encore quelques rappels. Si vous sentez l'attirance ne perdez pas courage, car vous trouverez ce que vous cherchez si vous y croyez. Il y aura sur votre chemin des embûches, des obstacles, des phases de découragement. Mais rien de cela ne doit vous arrêter. Ne tombez pas dans la facilité, le conformisme. N'ayez peur de personne, rien ni personne ne doit vous impressionner. Ces grands penseurs de pacotilles qui vous ont tellement effrayés par le passé ne sont que des moulins à vent. Au final, tout ce qui compte c'est de trouver votre voie, là ou vous vous sentez en paix. 

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Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire. Si nous voulons que les philosophes marchent en avant, approchons le peuple du point où en sont les philosophes.


   [Denis Diderot]



Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher.


  [Blaise Pascal]



 

Un système philosophique n'est pas fait pour être compris : il est fait pour faire comprendre.


  [Jean-François Revel]


 

On ne peut apprendre la philosophie, on ne peut qu'apprendre à philosopher.


  [Emmanuel Kant]


C'est proprement avoir les yeux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir que de vivre sans philosopher.


  [René Descartes]


 Si le philosophe n'est pas heureux, il n'est pas vraiment philosophe.


  [Roger Fournier]



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