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La Cour des comptes : polémique autour d’un rapport hors-sujet

Publié le 13 juillet 2011 par Alex75

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Récemment, la Cour des comptes, a publié son rapport sur la politique sécuritaire hexagonale. Un rapport de 250 pages, qui éreinte la gestion des forces de sécurité, et mettant en doute la baisse de la délinquance, depuis 2002. La réaction du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a été particulièrement vive. Il était l'invité politique, de RTL, avant-hier. La colère publique du ministre, atteste de la colère privée du président de la République. Mais il est vrai, que l'on peut contester l'approche de ce rapport. Après tout, le rôle de la Cour des comptes est de vérifier la régularité des comptes publics, pas de porter un jugement politique sur l'action du gouvernement. Les magistrats piétinent alors les plate-bandes des parlementaires élus du peuple, ressuscitant une vieille tradition française, celle des parlements d'ancien régime.

Un jour, Louis XIV, excédé, se rendit au parlement de Paris, en habit de chasse - botté selon la légende -, un fouet à la main. Mais Nicolas Sarkozy n'est pas chasseur, et il a donné, lui même, le fouet pour se faire battre, le président de la cour des comptes étant un ancien député socialiste. Et Sarkozy n'a pas fini de règler la note de l'ouverture. Dans les grands corps d'Etat, en général, les meilleurs vont dans les cabinets ministériels, ne restant pour le travail administratif et juridictionnel que les opposants. Ce n'est gère étonnant donc, que ce rapport ait été rédigé pour l'essentiel, par des opposants socialistes. Ce choix politique de l'ouverture à la gauche, vient aggraver une tradition de la Haute Fonction Publique. Et le député UMP, Lionel Luca, a beau jeu de dire, que la Cour des comptes a outrepassé ses pouvoirs, apportant un jugement politique sur l'action menée. Même si les rapports émanant de la Cour des compte sont, en général, impartiaux, et de qualité. C'est là, l'aspect politique, derrière cette polémique suscitée. Ce rapport porte sur des chiffres, des statistiques. Mais la bataille des chiffres est essentielle et vaine. Le célèbre démographe Alfred Sauvy, auteur de l'expression “tiers-monde” (1952), a dit, un jour : “Les chiffres sont des petits êtres fragiles, qui si on les torture, finissent par avouer tout ce qu'on veut“.

Et les grands organismes tels l'INEDD ou l'INSEE sont devenus des spécialistes de la manipulation des chiffres, des statistiques, pour obtenir un résultat conforme au politiquement correct. Le ministère de l'intérieur fait le même travail de mise en conformité statistique, avec ses propres objectifs politiques. La sécurité est un enjeu politique majeur. Il y a une guerre politique, autour de ce sujet, nous le savons. Mais le niveau de violence aux personnes, a augmenté considérablement depuis dix ans, ce qui est le point négatif. Et l'audace sémantique ne couvre plus l'insuffisance du résultat. Sarkozy a beau expliqué, que sous Jospin (de 1997 à 2002), c'était pire. Ce qui est vrai. Mais c'était il y a dix ans… Et finalement, le souvenir de cette période, commence à s'effacer, de l'eau ayant coulé sous les ponts. Ce constat s'associe à la réduction des effectifs de police, amorcé depuis 2007, ayant finalement ramené les forces de l'ordre à leur niveau de 2002. A l'époque, Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, pronait l'augmentation des effectifs et réclamait des crédits supplémentaires. Mais les efforts fournis par le ministre de l'intérieur, à l'époque, ont été réduits à néant, par le président élu en 2007, pour cause de restriction budgétaire…

La gauche a perdu deux présidentielles sur cette question essentielle, en 2002 et 2007, et n'a pas très envie d'en perdre une troisième. Mais elle n'a absolument aucune crédibilité sur ce sujet, en tout cas, aux yeux Français. Son indécrottable propension à pousser des cris d'effroi, dès que sont associés l'immigration et la délinquance, la coupe irrésistiblement de l'électorat populaire. Le rapport sera enterré comme d’habitude, on pourrait dire en plaisantant. Mais l'objectif sous-jacent, à défaut de solutions, était surtout de décrédibiliser la politique sécuritaire de la droite, menée depuis dix ans. Et sur ce point, la Cour des comptes peut dire une mission accomplie…

   J. D. 


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