Le salon de l’aéronautique et de l’espace réaffirme sa suprématie.
Voici venue l’heure du bilan pour le 49e salon international de l’aéronautique et de l’espace. La société organisatrice, filiale du Gifas, confirme chiffres ŕ l’appui l’impression constatée par les visiteurs : ce fut le salon de la reprise.
Non moins de 2.113 exposants de 45 pays étaient présents, occupant 131.000 mčtres carrés de surfaces couvertes et 348 chalets. Environ 150 avions et hélicoptčres étaient exposés, dont une quarantaine présentés en vol, les vedettes les plus remarquées étant le Solar Impulse suisse, les Boeing 787 et 747-8, le démonstrateur Eurocopter X3 et, bien que cloué au sol suite ŕ un problčme moteur, l’A400M.
Le salon a enregistré la visite de 290 délégations officielles, l’une des justifications les plus importantes de la manifestation. S’y sont ajoutés 3.250 journalistes, 50.000 jeunes et étudiants attirés par les 83 exposants d’un forum consacré aux métiers et ŕ la formation. Le décompte final fait état de 151.500 visiteurs professionnels et de 204.000 visiteurs Ťgrand publicť. Seul ce dernier chiffre est un peu décevant dans la mesure oů l’intéręt des Français pour le secteur aérospatial pourrait, semble-t-il, justifier un succčs populaire plus marqué.
Louis Le Portz, commissaire général du salon, n’en souligne pas moins que Ťdes records ont été battus dans tous les domaines, tant au niveau des exposants qu’en nombre de visiteurs professionnels et publicsť. A juste titre, il ajoute que Ťcette édition 2011 est le reflet de la reprise des activités dans l’industrie aéronautique et spatialeť en męme temps qu’est confortée la suprématie mondiale de la manifestation. On notera au passage que Louis Le Portz vient de céder la place ŕ Eric d’Arcimoles, issue de Safran, et qui fut notamment patron de Turbomeca et Techspace Aero.
Cette domination, qui repose sur des bases historiques, sera sans doute confirmée par l’édition 2013. Et s’il en est d’ores et déjŕ question, c’est notamment parce qu’il s’agira du 50e salon, repčre symbolique (le premier salon de la Ťlocomotion aérienneť s’est déroulé au Grand Palais en 1909).
Reste ŕ s’interroger sur la conjoncture aérospatiale mondiale, telle qu’elle est apparue au Bourget le mois dernier. La croissance retrouvée du transport aérien justifie d’importantes commandes d’avions commerciaux mais la situation n’est pas idyllique pour autant. Airbus et Boeing, malgré des perspectives optimistes, se heurtent ŕ de sérieuses difficultés : retards importants pour deux des trois versions de l’A350XWB, ventes peu nombreuses d’A380 et, chez le concurrent, problčmes répétés pour le 787 (dont la production est suspendue pour un mois).
De plus, l’agitation médiatique tend systématiquement ŕ occulter une évidence, ŕ savoir qu’Airbus et Boeing ne font pas la pluie et le beau temps ŕ eux seuls. Les constructeurs d’avions régionaux ont aussi leur mot ŕ dire (mais eux aussi bénéficient de la reprise), les motoristes bénéficient tout naturellement de l’envolée des commandes mais, du côté militaire, il n’est en aucun cas justifié d’afficher un quelconque optimisme. Les budgets de la Défense sont en en berne, y compris chez les plus grands donneurs d’ordres que sont les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
En Europe, les raisons d’inquiétudes vont bien au-delŕ du court terme. Ainsi, des voix s’élčvent, par exemple celle d’un groupe de travail de l’Académie de l’air et de l’espace, pour dénoncer les risques graves d’une perte de compétences en matičre d’avions de combat futurs. Déjŕ, les moyens sont dispersés en raison de la cohabitation rarement heureuse des Rafale, Eurofighter et Gripen mais aucune initiative n’est prise pour préparer la relčve. Dans le męme temps, l’industrie américaine affiche également son inquiétude : pour la premičre fois de son histoire, elle ne développe actuellement aucun nouvel avion de combat.
Bien entendu, le plus réussi des salons ne contribuera en rien ŕ aplanir ces difficultés. Ce qui n’interdit pas de prendre dčs ŕ présent rendez-vous pour 2013.
Pierre Sparaco - AeroMorning