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Pourquoi la crise de l'euro ne bouscule pas les vacances de Sarkozy

Publié le 17 juillet 2011 par Juan
Pourquoi la crise de l'euro ne bouscule pas les vacances de SarkozyVendredi 15 juillet, Nicolas est reparti retrouver Carla, au Fort de Brégançon. Il fallait encore quelques photos de père attentionné et fidèle pour satisfaire la presse people. Il ne restait plus beaucoup de temps pour faire oublier la villa prêtée de Wolfeboro (2007) ou les séjours répétés à Marrakech aux frais du roi. Sa belle s'était montrée en bikini, le ventre bombé par l'heureux évènement attendu pour la fin du mois de septembre, à tous les paparazzi logés en face de la plage du Fort présidentiel.
« Mon mari m'a dit »
Jeudi, elle avait participé, à sa façon, au cérémonies du 14 juillet, en  recevant dix épouses de marins en opérations (« Mon mari m’a dit : pourquoi ne pas inviter les épouses des marins, basés à Toulon ? Cela me semblait nécessaire et important. Et puis pour moi, ça touche aussi une corde sensible »). Et vendredi, elle donnait une interview incroyable au quotidien local Nice Matin. Ainsi, elle est admirative de son mari : « Je m’intéresse forcément à son travail. Aujourd’hui, je le sais bouleversé par la mort des soldats. Son discours aux forces armées était très beau et solennel. »
Ensuite, grande nouvelle, elle est bien enceinte : « C’est un très grand bonheur pour moi, mais il est somme toute banal, et d’un autre côté, les gens ont bien d’autres problèmes, et ce serait déplacé de trop en parler.» La discrétion version Carla, c'est photos et entretien dans la presse ! Au reporter local inquiet que le Fort de Brégançon ne soit trop « spartiate », la première dame rassure : « Il est très confortable. Spartiate, je ne dirais pas ça. Il est surtout magnifique ! Sans doute l’héritage de Bernadette Chirac, une vraie maîtresse de maison. Moi, je suis un peu plus bohème…»
Sarkozy se fiche de l'euro... ou bien.
Nicolas Sarkozy n'était pas loin. Un temps, il a cru devoir partir à Bruxelles pour un conseil européen extra-ordinaire. La crise européenne est si grave qu'il fallait bien se bouger. En début de semaine, l'agence Moody's dégrade de 4 crans la note du Portugal. L'Irlande suit également. Mercredi, l'agence Fitch du Français Marc Ladreit de Lacharrière (un autre du dîner du Fouquet's), comme Standard & Poor's, avait dégradé la note de crédit de la Grèce à l'infamante CCC. Sur son site, Fitch expliquait regretter « l'absence d'un nouveau plan d'aide crédible et financé de l'Union Européenne et du FMI ». On appelle cela une gifle, et une belle. La cacophonie européenne est telle qu'elle en devient dangereuse.
En début de semaine, l'Italie était à son tour menacée. Elle obtint, mercredi soir, un répit de la même agence Fitch toute heureuse du nouveau plan de rigueur promis. Le Portugal est déjà noté « BBB- », comme l'Irlande (BBB+). Le grand jeu des notations des Etats accrocs à l'emprunt boursier a pris une nouvelle tournure.
L'heure était donc grave. Et étrangement, Sarkozy préfère la discrétion. A-t-il changé depuis 2007 ? A l'époque, il nous promettait de résoudre tous les blocages, mini-traité à l'appui. Sa présidence de l'union, au second semestre 2008, nous coûta 171 millions d'euros en déplacements et réceptions tous azimuts. En 2009, crise oblige, il ne pensait qu'au « gouvernement économique européen » et à la « convergence fiscale franco-allemande ». Ces deux concepts ont disparu du vocabulaire sarkozyen. En mars dernier, au pire moment des nouvelles attaques spéculatives contre l'euro et la dette grecque, il était encore solennel. Mais ces derniers jours, rien, nada, silence radio.
Il y a deux raisons évidentes à cette attitude soudainement discrète.
Sarkozy était d'abord tout entier concentré à sa séquence militaire : voyage en Afghanistan, visite d'hôpital, défilé du 14 juillet, déjeuner avec des soldats... On ne peut pas tout faire !
Deuxièmement, le climat anxiogène qui se développe jour après jour en Europe n'est pas pour lui déplaire. Cela sert sa maigre cause électorale, et l'image d'un président « protecteur » dans un monde « agité ». Cela sert aussi la défense de son bilan : regardez, mesdames, messieurs, c'est pire ailleurs !
En France, Nicolas Sarkozy veut ainsi faire voter « la règle d'or », une sorte d'obligation constitutionnelle faite aux gouvernements de présenter des budgets publics équilibrés ou en passe de l'être. On pourrait croire à un remords de dernière minute. Comme le rappelait François Hollande mardi dernier, notre Monarque aurait pu la mettre en place plus tôt que dans les derniers mois de sa présidence. Sarkozy a battu trois records de la Vème République : endettement public, déficit commercial, et... violences aux personnes. On applaudit. Sa gestion économique et fiscale, depuis 2007, nous a coûté une belle trentaine de milliards et pèse pour les deux tiers du déficit budgétaire de l'an passé.
Avec cette mesure, Sarkozy espère « coincer » le parti socialiste dont il juge le programme trop dépensier. La manoeuvre est minable mais attendue. Malheureusement pour lui, les candidats à la primaire socialiste ont (tous) fait acte d'allégeance au besoin de réduire la dette publique.
Finalement, il n'y a pas eu de sommet européen vendredi à Bruxelles. Rendez-vous a été pris pour le 21 juillet.
Angela Merkel fait une tournée en Afrique.
Et Nicolas ne peut rien faire sans Angela.

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