Magazine Moyen Orient

Compte à rebours au Liban

Publié le 14 juillet 2011 par Jcharmelot

Le 13 juillet, Interpol a demandé à ses membres –les 188 pays adhérents de l’organisation policière internationale–, de tout mettre en oeuvre pour arrêter quatre Libanais accusés du meurtre en 2005 de l’ancien premier ministre Rafic Hariri.

Il s’agit d’une nouvelle pression sur le gouvernement libanais pour qu’il collabore dans l’enquête internationale sur cet attentat, et qu’il livre les quatre accusés –Moustafa Badreddine, Salim Ayyash, Assad Sabra et Hussein Anaissi–, tous membres du Hezbollah, la formation chiite qui contrôle le Parlement, et dispose également d’une puissante milice armée.

L’acte d’accusation a été signifié par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) aux autorités de Beyrouth à la fin du mois de juillet et il est exécutoire sous trente jours. Le Parti de Dieu, une formation farouchement anti-israélienne, soutenue par Téhéran et Damas, a refusé de livrer les quatre accusés. Et son chef Hassan Nasrallah a de nouveau accusé le TSL, qui au début de son enquête avait désigné la Syrie comme principal suspect, d’être aux ordres des Etats-Unis et de l’Etat hébreu.

Le gouvernement de Najib Mikati a assuré qu’il était disposé à collaborer avec le Tribunal, mais il n’est certainement pas en position de contraindre son puissant allié à se soumettre aux exigences de la justice internationale. Il va donc se retrouver dans une position trés inconfortable dès la fin de la période exécutoire du mandat d’arrêt, au début du mois d’août.

Après cette date, le procés par contumace des quatre inculpés devrait s’ouvrir, et il pourrait durer longtemps. Le Liban se verra alors accusé de faire obstruction à la justice, et les pressions internationales s’amplifieront sur un gouvernement dont le manque d’autorité sera amplement souligné. Le risque est grand qu’elles ne fassent qu’aggraver une situation explosive dans un pays où les tensions confessionnelles peuvent être facilement ravivées. 

Le pire des hypothèses serait alors qu’un incident à la frontière entre le Liban et Israël ne crée les conditions d’un nouveau conflit, comme ce fut le cas en 2006. L’état hébreu avait tenté d’en finir avec le Hezbollah mais avait échoué. La milice chiite avait résisté à l’assaut mal préparé de l’armée israélienne. Et, à l’époque, Damas et Téhéran s’étaient gardés d’intervenir.

S’il devait y avoir une nouvelle tentative d’élimination du Hezbollah, cette bataille prendrait une autre tournure. Il serait alors difficile pour les autorités libanaises de se présenter comme les victimes d’une agression, alors même qu’elles seraient considérées comme complices du Hezbollah dans son refus de se soumettre à la justice internationale.

Dans une région en pleine ébullition, avec la question palestinienne bloquée, la Syrie et l’Iran, sous forte pression internationale, auraient intérêt à alimenter le conflit. Et à ramener la guerre dans un pays qui a souvent servi de terrain pour des batailles dont l’enjeu le dépassait.

New York Times


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