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Impopularité

Publié le 19 juillet 2011 par Toulouseweb
ImpopularitéAttention, les syndicats de pilotes reviennent !
En faisant preuve d’un minimum de candeur, on pourrait croire que l’heure est ŕ la détente, que le moment est venu de tirer le meilleur parti de ce moment béni des dieux oů l’actualité se met en sommeil. Les mois passés ont été rudes, les suivants le seront tout autant.
On commençait ŕ y croire… Grave erreur, nous avions perdu de vue que les syndicats de pilotes sont toujours pręts ŕ sévir, de préférence au pire moment. Voici donc que surviennent des attaques surprise du SPAF et d’Alter, d’une part, du SNPL, d’autre part. Le couteau entre les dents, ils annoncent des grčves, entre le 29 juillet et le 1er aoűt pour les deux premiers, du 5 au 8 aoűt pour le troisičme. Ce n’est męme pas la peine de clamer que les passagers vont une nouvelle fois ętre pris en otage : l’expression est usée, elle n’émeut plus personne mais elle fâche trčs fort les délégués syndicaux.
Que se passe-t-il ? On tente de comprendre, alors qu’il s’agit visiblement d’affaires de spécialistes, de différends réservés aux initiés. Le SPAF et Alter, tout d’abord : pour faire simple, ils ne sont pas d’accord avec leurs collčgues du SNPL qui viennent d’approuver le projet d’Air France de créer des Ťbasesť en province. Ils demandent le retrait de cet accord et Ťl’ouverture rapide d’une négociation pour un projet révisé, structuré autour de négociations étendues, au départ des provinces, gréées de façon préférentielle par des pilotes provinciaux, assurant la sécurité d’exploitation, l’égalité des conditions sociales et garantissant l’activité des bases parisiennesť. Fin de citation.
Que faut-il comprendre ? Qu’on assiste ŕ une nouvelle guerre entre le pouvoir centralisateur parisien et les manants de province ? Ou encore qu’il s’agit d’un remake de l’excellent film intitulé ŤUn jour sans finť ? Rappelez-vous : les personnages revivent ŕ l’infini une seule et męme journée. ŤOnť, nous, les observateurs, les gens, les voyageurs, nous avions distraitement compris que les personnels navigants posaient des conditions draconiennes avant d’autoriser Air France ŕ créer sur quatre aéroports de province des Ťbasesť ŕ la Ryanair. En soi, sur le principe, c’était une démarche plutôt incongrue, voire amusante : la direction de la compagnie sollicitait humblement le feu vert de puissants syndicats de navigants pour tenter de reprendre des parts de marché aux méchantes low cost.
Bien sűr, il y a longtemps que nous avons compris que pilotes et PNC sont bien plus que des navigants et que les hauts dirigeants d’Air France sont bien moins que des patrons. Il y a un demi-sičcle, pour qui connaît ses classiques, que nous le savons pertinemment bien ! Mais il manquait l’occasion de rappeler que les pilotes d’Air France sont Ťdéfendusť par des syndicats, et non pas un syndicat. La nuance est d’importance : elle permet de faire trčs facilement compliqué dans la mesure oů il est toujours possible que les syndicats ne s’entendent pas entre eux. D’ailleurs, si tout le monde était d’accord, il n’y aura qu’un syndicat, et non pas plusieurs. Ces subtilités ne sont évidemment pas ŕ la portée du premier venu, par exemple quand il s’agit de noter que les membres d’Alter sont persuadés qu’Air Inter existe toujours, bien cachée dans les tréfonds d’Air France.
Le SNPL, largement dominant, a ratifié le projet de bases provinciales. Mais il est trčs mécontent de la maničre dont se déroule une réforme de la caisse de retraite des navigants. De plus, il s’en prend en termes rudes aux organisations professionnelles des PNC, personnels navigants commerciaux, Ťenfermées dans l’immobilisme et les luttes intestinesť. En d’autres termes, un grand syndicat de pilotes décide de faire grčve parce qu’il est mécontent du comportement d’autres syndicats. Peu importe la suite, de toute maničre, on n’y comprend rien, c’est trop compliqué, trop technique, trop minuscule, disproportionné.
On observait avec intéręt les efforts méritoires déployés par Air France pour remonter la pente, aprčs deux années de récession destructrice, on s’interrogeait sur le bien-fondé de sa stratégie anti-Ryanair, anti-EasyJet , on était sur le point de se dire qu’Air France, un peu tardivement, se préparait ŕ changer d’époque. Ou tout au moins affichait la volonté de le faire.
Erreur ! Les uns s’en prennent aux bases de province, les autres au PNC. Le résultat est dénommé Ťgrčves reconductiblesť, avec début des festivités le 29 juillet. De deux choses l’une : soit ces grčves ne seront pas suivies et feront pschitt, soit une nouvelle preuve nous sera fournie que le ridicule ne tue plus. Et certainement pas dans le transport aérien français.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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