Par la force du Verbe ou par la puissance des forceps, ça revient au même pincement de cœur, à la même convulsion créatrice, la même nausée d’être …, l’encre que l’on répand à travers l’Univers, pour écrire l’humanité, n’est-elle pas comparable à tout ce sang versé, qui s’épand sur la terre assoiffée ?
La peinture que l’on étale à grands cris et coups de pinceaux, avec de grands gestes hystériques, de grands traits de caractère qui nous disent jusqu’à l’os, n’est-elle pas comme cette sève qui monte le long des troncs ?
Les mots jetés aux vents ne sont-ils pas eux-mêmes semblables à l’être qui sort de sa chrysalide ? À la fleur qui s’ouvre au soleil levant ? Aux mots d’enfant qui s’égarent parmi les jeux ?
Stylets, manches ou branches..., partout ça transpire la sève, ça conspire contre la mort, ça bouscule notre quotidien de bavures en ratures, ça vient et ça va; les couleurs éclatent, les formes s’épanouissent, les mots se disent ou s’écrivent, mais au fond, tout au fond de nous-mêmes, ils ne font que déplacer le problème ailleurs, sur le papier ou sur la toile, le malaise d’exister reste là, dans l’ombre de la lumière, marque indélébile sur les rétines consternées (…)