Après la Suisse, nous faisons aujourd’hui escale au Canada, au Québec plus précisément où, si effectivement on y parle français on n’y pratique pas la LSF mais la LSQ.
Voici un article de La Presse Canadienne présentant Ann Missud, interprète en langue des signes qui travaille au Parlement fédéral.
La diminution des attaques verbales aux Communes fait au moins une heureuse
Depuis le début de la nouvelle session aux Communes le niveau des attaques verbales a été réduit de façon importante pendant la période de questions.
Ce changement de ton allège la tâche colossale qui repose sur les épaules d’Ann Missud.
En effet, Mme Missud traduit chaque session de questions au gouvernement pour les personnes sourdes et malentendantes, un travail qui inclut aussi l’interprétation des cris, des attaques verbales et éventuellement des moments de chahut.
On peut souvent l’apercevoir dans le coin supérieur droit de l’écran de télévision, juste au-dessus des lettres «LSQ», durant les retransmissions officielles des questions des parlementaires.
Ann Missud est une spécialiste de la Langue des signes québécoise. Elle travaille à partir d’un petit studio du centre-ville d’Ottawa, d’où elle écoute et interprète attentivement les échanges entre députés.
Avec un décalage d’environ 10 secondes, Mme Missud interprète énergiquement les propos échangés, en utilisant tout le haut de son corps, son visage et ses mains.
Lorsque certains mots ne se trouvent pas encore dans le «dictionnaire» de la LSQ. L’interprète doit alors les épeler lettre par lettre.
Des concepts complexes doivent aussi être reformulés en LSQ, une langue riche qui possède une culture, une poésie et même son propre humour. Elle a été créée pour les francophones du Québec, mais elle partage néanmoins environ 40 pour cent de son vocabulaire avec la langue des signes américaine (ASL).
Mme Missud dit qu’après avoir «traduit» 45 minutes d’échanges acrimonieux entre parlementaires, elle est « épuisée, à la fois physiquement et mentalement, à cause de la tension du direct. C’est tout un défi. »
D’autant qu’elle doit traduire tout ce qu’elle entend même s’il s’agit de propos « non parlementaires », comme les insultes.
« Il n’y a pas de censure », affirme Ann Missud, qui fait partie de l’équipe des quatre travailleurs autonomes actuellement employés par le bureau de la traduction de Travaux publics Canada.
Et même lorsqu’elle ne peut comprendre les mots criés d’un côté à l’autre de la chambre basse, l’interprète doit tenter de relayer les cris et le chahut avec son corps. Parfois, elle indiquera aux téléspectateurs que «des députés crient» si l’éruption sonore est trop importante.
Dès le début de cette 41e session du Parlement, avec une majorité conservatrice en place aux Communes, les députés ont adopté un comportement presque irréprochable. Les attaques verbales sont sporadiques par rapport à la situation qui prévalait lors des dernières sessions. Le leader de l’opposition, Jack Layton, a notamment promis de réduire au silence tout chahut provenant de son caucus.
Dean Beeby, La Presse Canadienne – 14 juin 2011
Ce texte est extrait d’un reportage vidéo de 2mn que je vous encourage à regarder.
Voici le lien :
http://fr.news.yahoo.com/video/ycanada-222561/interpreter-les-deputes-federaux-25725435.html