Etape 17 Gap-Pinerolo



Les Schleck nous la refont Calimero sur la descente qui était "très très dangereuse et c'est pas normal". On leur répondra que contrairement à l'étape de Spa du Tour 2010 quand la route était une vraie patinoire, la chaussée était certes très sinueuse mais impeccable et que tous les cadors qui couraient pour une gagne possible avaient pris la précaution de la reconnaître minutieusement... d'ailleurs aucun de ceux-ci n'est tombé. Nul doute que si Voeckler avait pensé à un podium possible il y a deux mois, lui qui descend à merveille, il aurait aussi passé une journée complète à reconnaître le parcours de Pinerolo, mètre par mètre. Par ailleurs, quand il s'est ramassé une gamelle l'année dernière, son équipier d'alors, Cancellara, a fait arrêter tout le peloton pour l'attendre. Est-ce qu'aujourd'hui il a attendu Voeckler ?

le film :
Résumé de l'étape 17 du Tour de France 2011 par tourdefrance


Le vélo pour les nuls – les démarrages.
Placer une mine, lancer un pétard, faire une giclette, le sortir de la roue, les expressions ne manquent pas.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi les précédentes explications (c'est très mal) on rappelle que dans les circonstances de courses normales, sur le plat, un coureur abrité par le précédent dépense environ 30% d'énergie en moins. Donc le distancer en restant devant et en accélérant, ça vous crame sans grand espoir de le décoller. Quand ça grimpe, à vitesse réduite, le gain aérodynamique est évidemment moins significatif mais quand vous êtes mal, voir la roue de devant s'éloigner peu à peu, ça flanque un coup au moral et ça se ressent immédiatement sur les forces physiques. En outre, celui qui s'extrait sèchement d'un groupe bénéficie d'un avantage incontestable : pendant quelques temps, on se regarde derrière pour savoir qui fera l'effort d'aller le chercher. Inutile en effet de se cramer pour ramener le groupe, arriver dans le rouge derrière le gars parti et s'exposer à un "contre" de la part d'un mec que cous aurez trainé "sur votre porte bagage"
Pour démarrer efficacement, on se met en condition physique (le moins d'effort possible pendant quelques temps, en retrait, pour se refaire la cerise) et mentale (concentration, recherche de l'influx). On se place à l'arrière par rapport à ceux qu'on veut cramer, et si en plus on peut intercaler un ou deux coureurs, c'est parfait : les "attaques" devront faire un détour avant de prendre votre sillage. Gros coup de giclette, pour les dépasser à 20 ou 30km/h de plus qu'eux sur le plat, 10 à 15km/h de plus en côte. Ainsi vous les "sortez de la roue" et ils se retrouvent "dans le vent" avec un trou à combler pour vous reprendre. Si la mine a porté et que vous avez quelques dizaines de mètres d'avance, gaffe à ne pas se mettre dans le rouge, récupération rapide et reprise au train le plus soutenu possible.

- vous aviez des jambes de feu et vous vous en allez (surtout si derrière ça se regarde, et encore mieux, si vous avez un équipier bien au chaud qui attend que les gonzes se désintègrent et en place une autre, s'ils se sont cramés en vous rejoignant) ;
- vous aviez de bonnes jambes, mais pas suffisamment pour partir seul : des gonzes font l'effort et cela constitue un groupe qui aura (ou non) le "bon de sortie" ; si dans ce groupe un type est dangereux pour un classement, ça chassera derrière et l'échappée a peu de chances de réussite
- la mine était un pétard mouillé, et vous êtes repris plus ou moins cramé ; dans ce cas vous risquez un contre, un autre profitant de votre faiblesse pour vous déposer.

D'autres cadors, plutôt que les giclettes, privilégiaient la stratégie du rouleau compresseur à celle de la mine. Coppi par exemple, qui asphyxiait ses concurrents qui se désintégraient les uns après les autres. Armstrong aussi, avec le "train bleu" de l'US POSTAL : cinq ou six grimpeurs de très grande puissance, le boss derrière. Le premier donnait tout ce qu'il a, tirant le groupe et les concurrents, avant, quand il était vidé, de s'écarter pour finir comme il pouvait, suivi du second, du troisième, et ainsi de suite. Dans les derniers kilomètres de l'ascension, Armstrong emmené au mieux plaçait l'estocade sur des adversaires épuisés et finissait au sommet, ou concluait dans la descente (ex vététiste, il les faisait à tombeau ouvert).
On ne répétera jamais assez que le cyclisme est un sport d'équipe à conclusion individuelle... Les "bons garçons", en ce moment, sont tirés vers le haut par Spartacus puis Voigt, qui font le ménage pour les laisser s'expliquer avec un pistolero en principe affaibli, et presque toujours débarrassé de ses équipiers. Mais après ces efforts intermédiaires, il est fréquent que Spartacus ou Voigt perdent 15mn en dix km tant ils se sont vidés... Contador se retrouve assez isolé dès que ça monte, cette année.



