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Algérie"Jusqu’à quand ces expéditions punitives contre les femmes?"
Publié le 21 juillet 2011 par MedzaherAprès Ouargla, Hassi Messaoud, Remchi, Bordj, M’sila………
Est-ce que les faits reprochés à ces femmes sont prouvés ? Y a t-il eu enquête de la justice ? Non, et quand bien même seraient-ils prouvés, aurait-on le droit d’attenter à leur vie ? Mais des femmes seules sont «potentiellement des prostituées» et une impunité totale est assurée aux responsables d’agressions. Il est tellement plus facile d’agresser des femmes que de se battre pour des droits, pour la justice sociale et une vie digne pour tous, femmes et hommes.
Ces «justiciers» qui se mettent à plusieurs dizaines ou centaines pour se donner du courage et se rassurer du bien fondé de leur crime, qui brûlent les maisons des femmes, les agressent au nom de la morale, sont les mêmes à utiliser les femmes comme des objets sexuels pour assouvir leurs frustrations, dans leur volonté de puissance et de domination. Le but ultime est de terroriser toutes les femmes, seules ou en famille, prostituées ou non, mais la prostitution est un alibi si acceptable moralement!!!D’ailleurs, l’hypocrisie sociale accepte très bien que des êtres humains soient exploités, mais ne veut pas les voir, ces femmes, ces enfants, ces jeunes gens avilis, drogués, certains même kidnappés et vendus à des réseaux ; très bien !!! mais pas à coté de chez moi !!!!
Aussi les pouvoirs publics et la société ne peuvent continuer à seulement détourner pudiquement le regard face à ces agressions. Des actions doivent être engagées car les femmes, toutes les femmes, restent le maillon faible qui sert d’exutoire à la mal vie et aux injustices et la prostitution n’est qu’un alibi.
En effet, la prostitution est d’abord un système qui bénéficie aux hommes, ce sont eux les «consommateurs», et elle alimente en milliards des réseaux de mafieux bien protégés, réseaux auxquels participent parfois quelques femmes. La prostitution par contre détruit ses vraies victimes, des femmes, des enfants, et des jeunes hommes. Ce système prospère grâce à la précarisation sociale de plus en plus large, parce que des catégories sociales trainent de lourdes détresses familiales ou des violences jamais dénoncées et surtout impunies.
La prostitution ne dérange pas quand elle est bien cachée, ce n’est pas l’existence même de cet esclavage qui est remise en question. Combien de «bien pensants» utilisent le prétexte salvateur de la «protection sanitaire» de la population, de la «protection morale» pour accepter que des millions de personnes soient détruites dans des «maisons» bien «closes», dans des ghettos? Faut-il rappeler les articles 342, 343 et 344 du Code pénal, les conventions internationales que l’Algérie a signées, dont celle relative au trafic des êtres humains, ou bien faut-il se résigner à ce que s’installe la loi de justiciers autoproclamés face à des institutions défaillantes?
Observatoire des Violences contre les Femmes, Juillet 2011
Par Le Matin