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Il était une fois encore le Galibier

Publié le 21 juillet 2011 par Jlhuss

(1ère édition très provisoire sera remaniée dans toute la soirée)

étape 18 - Pinerolo Galibier Serre-Chevalier 200.5 km

Il était une fois encore le Galibier

Il est bien rare que Le Chat prenne la plume en premier dans la relation de ce Tour de France; il n'est pas un spécialiste et ne regarde les évènements que comme un spectateur lambda. Mais alors aujourd'hui ... Quelle étape ! Passons sous silence les paysages magnifiques dont vous aurez comme d'habitude des "captures" d'images en fin d note.

Ce fut un sublime spectacle sportif, avec un engagement total des uns et des autres. Plus de retenues, tous à bloc : les coureurs ont donné un très grand spectacle. On comprend mieux devant de tels exploits, de tels efforts, qu'il ne peut en être ainsi tous les jours.

Il était une fois encore le Galibier
Un Schleck, pour une fois entreprenant, presque suicidaire au départ et allant au bout de sa témérité, un Evans formidable dans la poursuite et la limitattion de la "casse" et bien sûr notre Thomas Voeckler héroïque qui conserve le maillot au courage et à l'intelligence mais termine dans un état d'épuisement inquiétant. Contador montre aujourd'hui certaines limites. Le suspens est total pour la fin de ce Tour !

Ce soir on peut vraiment dire chapeau bas les gars !

Il était une fois encore le Galibier

"Andy torticolis" enfin méchant (c'est une qualité !), Evans & Voecklerhéroïques.

("Andy torticolis", c'est son surnom dans le peloton parce qu'il ne peut pas rouler cinq secondes sans jeter un œil sur son frangin, puis sur Contador)

Andy Schleck, Le "gentil garçon" qui d'habitude "n'a pas la mentalité" est devenu un vrai teigneux, avec la rage voire la haine, et de ce fait comme du fait de certaines circonstances de courses, ça a joué – et bien joué ! – en sa faveur.

Dans l'échappée du matin (groupe de 19 qui s'est effiloché au fur et à mesure des rampes et des difficultés), il y avait des relais de l'équipe Léopard Trek. Certains n'ont pas marché, d'autres ont fonctionné de manière extraordinaire.

Son démarrage dans le col de l'Izoard, déjà, c'était dissuasif. Un coup de pétard, et personne n'a cherché à prendre la roue... il n'est pas certain qu'un gonze qui aurait voulu le faire ne se serait pas pris un méga éclat. Mais ensuite les "experts" (comme les moins avisés, dont je fais partie) pensaient tous que la descente, la vallée, le Lautaret à faible pente mais fort vent contraire, ça l'incinérerait et qu'on le ramasserait avec une balayette et une petite pelle sur le Galibier.

Derrière, les cadors se sont longtemps regardés et de ce fait lui ont laissé prendre du champ. Le type qui n'y connaît rien peut se demander pourquoi, puisqu'ainsi ils ont perdu quasiment 4mn mais quand on examine la situation... Il y avait dans le groupe, comme cadors, Evans, Voeckler, Basso, Cunego d'une part, Sanchez et Contador d'autre part, enfin Frank Schleck. Des premiers dont il fut avéré à l'arrivée qu'ils avaient assez de jus pour aller au bout, des seconds dont on a constaté qu'ils n'avaient pas les jambes (pour Contador : crépuscule ou coup de moins bien d'un moment ?) on pouvait s'attendre à ce qu'ils roulent. Mais... c'est comme dans les western spaghetti: le premier qui dégaine est mort et faute d'entente vraiment collective, un ou deux suceurs de roues peuvent se poser sur les porte bagages, se laisser emmener pour placer leur mine dans le Galibier et tirer les marrons du feu (et dans le genre suceur de roues, comme Cunego était là qui n'a pas passé une seule fois au vent...). Quant au dernier, Frank, il n'avait logiquement qu'à se laisser porter et si d'aventure le gamin cramait et se faisait reprendre, frais comme une truite pêchée dans le coin, le grand frère n'avait qu'à sauter tout le monde.

C'est bien la première fois que les deux frangins s'additionnent au lieu de se soustraire : chapeau, les mecs !

Mais il faut parler d'un second héros, même si ce n'est pas dans le genre flamboyant. Le gonze qui ferait le Dakar dans la catégorie camions mais qui exploserait tout le monde en faisant vrombir le diesel : Cadel Evans qui s'est décidé pour tout le monde et qui a tiré le groupe, engagé dans un mano a mano impressionnant avec Andy, refaisant une partie significative du retard engrangé malgré le risque de se faire allumer dans la dernière partie de la course, exactement comme dans un long contre la montre. Voeckler, avec une grande lucidité et parfaitement assisté de l'incroyable Pierre Rolland qui l'aidait à boucher le moindre écart et qui en plus lui soufflait les bonnes paroles (Thomas, pour ne pas être déconcentré, avait arraché son oreillette dans un geste... impulsif on va dire)

Je transcris l'esprit du dialogue, tel que l'a relaté Rolland lui-même à l'arrivée.

- Je te dis qu'ils sont tous cramés, sauf Evans, Basso, Cunego, toi et moi, ça le fait !

- Arrête, tu déconnes...

- Mais regarde leur tronche, ils vont claquer, on peut le faire !

Et ils l'ont fait ! Et Contador comme Sanchez ont claqué ! L'intelligence de choisir la bonne roue (celle de Cadel), de ne pas changer de stratégie en cours de route (quand on a plusieurs stratégies, c'est qu'on n'en a pas : les adaptations ne peuvent être que d'ordre tactique) et les roustons comme les mollets suffisants pour aller à l'arrache, se transcender et sauver ce p... de maillot pour quinze secondes. Hallucinant : ça vaut le Puy de Dôme 1964 !

Pas de lézard... Au début de ce tour, Andy avait fauté contre l'esprit du vélo... Trois fois il a mis son équipe à la planche pour rien mais aujourd'hui il s'est comporté en Attila. (La dernière chevauchée de cet ordre, dans l'histoire du vélo, fut le triste épisode Landis. Espérons que...)

Maintenant que nous avons accumulé les superlatifs, je poserai quand même une question dont je ne sais si elle me chatouille, ou si elle me gratouille.

Ce Flamand dont le nom m'échappe, de l'équipe Quick Step, qui n'avait absolument aucune chance de faire l'étape, un sommet, un rapproché au général... Quel était son intérêt, de rouler comme un dératé avec Andy dans la vallée, de passer des relais percutants qui ont permis à Andy de sauver au moins une minute avant de se relever, complètement cramé ?

Il y a des alliances objectives comme hier, celles de Sanchez et de Contador qui avaient des intérêts communs évidents : faire un rapproché au classement. D'autres qui sont moins évident, mais quand on cherche un peu, on trouve : par exemple, quand l'équipe française AG2R donne un petit coup de main à Voeckler, elle se fait une bonne promo en même temps qu'elle peut se faire aider pour un rapproché au classement général par équipes. Mais là, un équipier de la Quick Step qui assiste un Schleck dans ces circonstances de course ? Ou il passera à la caisse et il ne s'achètera pas qu'une barbe à papa avec ce qu'il va ramasser, ou il a un contrat pré-signé chez les Luxembourgeois pour l'an prochain... Jaja, tu m'as déçu en restant "allusif de chez allusif", je crois que Fignon aurait révélé le pot aux roses...

Mon coup de gueule, maintenant, relatif à l'élasticité des règles concernant les mises hors course.

C'est un peu comme si au foot, parce que le résultat déplait aux autorités, on allongeait le match de 20mn en espérant un renversement ! Sous prétexte que le nombre de retardés était très important, ils ont été tous repêchés, avec une pénalité symbolique en points perdus et le Cav' voit sa peau sauvée par une roulette truquée sur un tapis vert percé. Cela fit plusieurs fois que des coureurs agissent de cette manière... On met à l'arrêt plusieurs dizaines de coureurs pour faire un énorme gruppetto, et ainsi tout le monde est sauvé. Le gars qui arrive en 37mn se voit au même niveau que celui qui s'est défoncé pour finir dans les délais, à 20mn. En 1966, les commissaires ont poussé un coup de gueule et ont sorti 60 types d'un coup, qui avaient finassé.

DURA LEX, DES LEX! Assouplissez les règles qui fixent les délais s'il le faut, mais ensuite appliquez-les avec rigueur, en ne faisant d'exception que quand il est avéré qu'un gars a été retardé pour un fait hors course.

Autre coup de gueule, contre les spectateurs "pas finis" qui s'obstinent à courir à côté des coureurs, voire DEVANT eux. Des flics en plus et des mises au ballon pour mise en danger de la vie d'autrui, s'il le faut !

Et énorme coup de chapeau, total respect, pour ces sportifs qui font ce qu'on ne fait dans aucune autre discipline sur le plan de l'engagement, vis-à-vis de leur totale disponibilité pour répondre à la presse – donc nous témoigner leur respect. Le mieux payé d'entre eux touche des clopinettes par rapport à ce que ramassent des cadors dans d'autres sports, qui ne daignent pas honorer leurs engagements moraux vis-à-vis du public et de leur sport qui les a mieux que sortis de l'usine voire du RSA pour la plupart. Arriver au bout du bout à 2.650m d'altitude, demander poliment un court délai pour reprendre son souffle et ensuite répondre poliment... même à un Gérard Holtz ! Merci, messieurs.

La question maintenant... Dans quel état seront les organismes après ce jour complètement dingue ? Parce que demain, il y a l'Alpe d'Huez au bout d'une étape aussi courte que ce sera un long sprint (contrairement à ce qu'on peut croire, les étapes courtes sont les plus dures) et après demain, il y a un contre la montre accidenté de 42 km.

Bon sang, il y en a qui ont fait la fine bouche devant le début du Tour, mais quel final !

benjamin

Il était une fois encore le Galibier

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Dans la soirée un résumé film perso !

Les photos :

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