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J’ai rencontre le diable

Publié le 21 juillet 2011 par Acrossthedays @AcrossTheDays

J’AI RENCONTRE LE DIABLEKim Jee-woon, c’est le monsieur cinéma de la Corée du Sud option iconoclaste et mélange des genres. Passé par l’horreur (« Deux sœurs »), le film noir (« A bittersweet life ») puis par le western façon Sergio Leone (« Le Bon, la brute et le cinglé »), le jeune réalisateur sud-coréen nous met une droite avec « J’ai rencontré le diable ». L’histoire ? Celle d’un agent secret, Soo-hyun, qui fait face à la mort de sa fiancée, tuée par psychopathe de la pire des espèces. Un morceau d’oreille dans un sac plastique noir et une tête décapitée dans le cours d’un ruisseau, c’est tout ce que retrouve la police.

Sa vie ne va pas seulement tourner à un règlement de compte primaire mais à une épopée vengeresse, sadique et monstrueuse. Sur les lieux du crime, abasourdi, il devient étranger à tout, à commencer par lui-même, niant ses actes jusqu’à mettre en danger ses proches. Quatre suspects, délinquants sexuels, sont alors cloués au mur comme des cartes. Un à un, il va leur régler leur compte, espérant trouver le meurtrier, Kyung-chun. (Voir la bande-annonce)

« Le monstre fait surface »

Dès l’ouverture, Nietzsche se voit cité comme un avertissement :

« Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Si tu regardes longtemps au fond de l’abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi. »

Car l’originalité du scénario réside dans la personnalité de Soo-hyun. Ce dernier va faire de son pire ennemi sa proie. Tel Dieu, il peut connaître la moindre de ses paroles et le moindre de ses mouvements jusqu’à les restreindre en cas d’extrême urgence.

Une véritable chasse à l’homme masochiste s’engage alors. A chaque fois que Kyung-chun dépasse la ligne rouge, Soo-hyun intervient violemment pour le rejeter une fois de plus dans la nature. Héros qui finit par ne plus l’être, il devient froid, violent, sans pitié et sourd au monde qui l’entoure. Le cinéaste sud-coréen narre le rapprochement inaltérable d’un homme vers sa part d’ombre. Car si l’on est sûr d’une chose, c’est bien que Soo-hyun va rencontrer le diable, le sien.

Un « vigilante » original et jusqu’au-boutiste

Présentant son long-métrage comme un « vigilante » (un film de vengeance nihiliste), Kim Jee-woon se sert de ce genre qui a fait la gloire du cinéma sud-coréen ces dix dernières années (notamment la trilogie de Park Chan-Wook), pour en faire exploser les codes et les canons.

Par l’intermédiaire d’un face à face légendaire, deux forces du mal se rencontrent. L’une est une pourriture depuis toujours, parfaitement jouée par Choin Min Sik, l’autre est la revanche incarnée par Lee Byung-hun, sur le fil de l’indifférence et de la rage.

Le film narre le récit d’une vengeance qui ne se mange pas comme un plat froid. La mort n’est que le dessert et le plat principal, celui qui fait la teneur et l’originalité de ce film, se trouve dans le harcèlement, le sadisme mêlé à la placidité face à la douleur, auquel se réfère le personnage de Soo-hyun.

« La vie, ça se résume à chasser et à être chassé »

Kim Jee-woon signe son film le plus efficace et le plus abouti magnifié par une mise en scène et une photographie parfaites. La plastique des images et des acteurs semble être en totale opposition avec la puanteur du scénario, distillé au compte-gouttes par des scènes coups de poing. La production peut parfois se vautrer allégrement dans une surenchère de violence, n’hésitant pas à montrer longuement des scènes de torture. Mais « J’ai rencontré le diable » fait partie de ces films difficile à voir qui ont une âme lorsque le générique de fin déroule son fil mortifère.

Car au delà des noms des personnages fictifs qui sont pour une bonne partie tous morts au cours ces 2h20 de folie meurtrière, Kim Jee-woon confirme qu’il est bel et bien vivant et au sommet de son art. Comme pour mieux caractériser le cœur de ses œuvres, Kim Jee-woon faisait dire à un de ses personnages dans « Le Bon, la brute et le cinglé » la réplique suivante :

« C’est ça la vie, ça se résume à chasser et à être chassé. Il n’y a pas d’échappatoire. »

Une vie que certains vont trouver terrifiante après avoir regardé ce film.

Voir l’article sur Rue89.

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