Un Tri Nations en toc ?

Samedi va débuter la compétition qu'attendent tous les amateurs en manque de rugby pendant la trêve estivale. Le Tri Nations, confrontration annuelle entre ce qui se fait de mieux sur la planète ovale, se déroulera du 23 juillet au 27 août prochain, soit 15 jours avant le début de la Coupe du monde.

C'est précisément la proximité des deux compétitions qui fait naître la crainte de voir un Tri Nations au rabais. Comment ne pas imaginer que les équipes vont disputer les rencontres avec toute la retenue que la peur de se blesser va justifier chez les joueurs ? Comment ne pas penser que la préparation physique, sans doute calée sur un pic de forme à atteindre en octobre, au début des matchs éliminatoires, aura vraisemblablement un impact négatif sur les organismes en juillet et août ?

Ajoutons à cela un Super 15 qui a laissé des traces dans les organismes (20 blessés actuellement chez les Springboks, des cadres "out" côté Wallabies) et on obtient les ingrédients d'une compétition tronquée et qualitativement inférieure aux éditions précédentes.

Habitué à du très haut niveau, à une intensité sans égale et un suspens souvent haletant, le spectateur et le télespectateur pourraient bien, cette année, découvrir un nouveau concept, celui de match d'entraînement en conditions réelles, qui verra s'affronter des équipes composites (avec les certains, les probables et les possibles sélectionnés pour la coupe du monde), qui roderont des schémas de jeu (sans toutefois trop en dévoiler...) et chercheront surtout à éviter les pépins.

Aussi, certains s'interrogent sur la pertinence d'organiser un Tri Nations juste avant la Coupe du monde.

Dans un réflexe quasi-pavolovien (la bave aux lèvres en moins...) l'amateur de rugby en situation de manque pourrait répondre qu'un match est un match, une compétition une compétition, et peu importe que le niveau soit moins bon. A cet égard, le même ajouterait qu'au regard de ce qu'on a pu voir lors du dernier Tournoi des six nations, les rencontres entre Australiens, Néo-Zélandais et Sud-Africains vaudront quand même d'être regardées. D'autant que les Boks, bons derniers de la compétition l'an passé, voudront certainement se refaire cette fois-ci.

Même en phase de préparation, ces équipes proposeront sans doute des prestations dignes d'être regardées. Qui plus est, elles offriront à certains joueurs, en balance avec les habituels titulaires, la possibilité de montrer ce dont ils sont capables. Enfin, il sera intéressant de voir comment sera appréhendée la question de l'arbitrage. La façon dont les équipes seront dirigées donnera des indications sur les perspectives mondialistes en la matière, tout comme la manière dont les joueurs répondront à un éventuel "resserrement" de l'arbitrage sur les rucks et les mêlées.

Si la compétition elle-même ne sera certainement pas aussi relevée que souhaitée, elle offrira donc quelques sérieux motifs pour la regarder, et quelques chocs pas si "toc" que cela...