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Cadeaux fiscaux : inconséquences

Publié le 17 février 2008 par Kalvin Whiteoak

kampaelement_fr.jpgSi l'on en croit les derniers sondages, le peuple suisse, malgré les mises en garde, s'apprêterait à octroyer dimanche prochain de magnifiques cadeaux fiscaux à une caste très minoritaire de gros actionnaires déjà bien nantis, sans leur demander un quelconque effort en retour.

Ce même peuple coupera lui-même ainsi dans les recettes de l'AVS ce faisant, sensible qu'il est aux sirènes riches et bien vendues à coup de millions du libéralisme économique débridé et sensible aussi à son attitude de repli sur soi et d'égocentrisme social. Une sorte de bandeau sur les yeux, aimablement financé par l'UDC les radicaux et les autres tenants de ce genre de politique sans fondement ni avenir.

Mais d'où vient donc ce sentiment que de toutes façons, chacun pour soi c'est tellement mieux que chacun avec tous les autres ? à force d'entendre les tenants du néo-libéralisme nous parler des caisses vides de la Confédération, des risques pour les futures retraites, de l'incapacité dans laquelle se trouve le pays le plus riche du monde ou pas loin de financer des rentes d'invalidité acceptables (sinon de les octroyer… à ceux qui les ont payées d'avance pour le cas où…), de fixer des minima sociaux qui soient plus élevés que le minimum vital calculé par les offices de poursuites, bref pour l'Etat au sens large de jouer correctement son rôle redistributeur de richesses et protecteur des faibles, à force de voir comment ces mêmes services de l'Etat font deux poids et trois mesures entre le kosovar fraîchement affranchi et le jeune couple suisse incapable de payer un loyer (oui, il ne faut pas faire de la langue de bois sur ce sujet, mais fréquenter un peu les travailleurs sociaux pour se rendre compte de leur irrépressible envie de punir le "fainéant" helvétique et de pardonner simultanément et par avance tout étranger malheureusement parachuté dans ce pays), bref toutes ces raisons et d'autres encore ont conduit le peuple suisse à ne plus faire confiance à ses politiques, sauf lorsqu'il peut viscéralement se comparer à tel ou tel homme politique et se ranger à ses arguments de café du commerce fleurant le zinc et la clope froide (pas pour longtemps encore) car ces hommes semblent rencontrer les mêmes problèmes et qu'il croit pouvoir y assimiler les siens.

Quand Merz hurle aux loups à cause des caisses vides, il oublie de dire que d'abord elles ne sont pas vides du tout, mais qu'il ne cesse de les remplir à coup de milliards excédentaires. Mais chaque fois qu'il gagne un franc de plus que budgeté, Merz raconte au bon peuple que c'est accidentel et que ça ne durera pas, car les années difficiles arrivent. Prépare-t-il déjà le renflouage de l'UBS ou est-il à ce point fondamentalement amoral pour tenir un tel double langage ? en attendant ce type de discours porte malheureusement, car le citoyen qui le 15 de chaque mois n'a sans sa faute déjà plus un sou en poche imagine que la Suisse est comme ça.

Et qu'on n'est pas si mal dans ce pays pauvre. Et que d'être président d'une banque c'est le sommet social. Car elle est là la contradiction de fond: le peuple a besoin de s'identifier aux ultra-riches, d'en rêver, pour que le quotidien ne passe pas trop mal. Panem et circenses, disaient les Romains. Fric et paillettes devraient dire aujourd'hui nos édiles qui ont très bien compris cette quasi schizophrénie et qui en jouent pour leur bien, à eux seuls on précise.

On se prend à rêver du jour ou du soir ou l'électeur se réveillera en majorité de cette torpeur affaiblissante et qu'il infligera à ses édiles les claques nécessaires et salutaires sans lesquelles le chemin restera pavé de mauvaises solutions. Ce jour là, il prendra enfin son destin en main après cette longue période de coma civique qui devient de plus en plus dangereuse pour le devenir de notre pays.

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