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Parlons chiffons, la suite

Publié le 23 juillet 2011 par Corboland78

Evidemment à remuer le passé, à touiller la vase au fond de ma mémoire, j’ai fait remonter des évènements que je croyais oubliés et d’autres que j’ai toujours à l’esprit comme celui-ci. Le gilet rouge. Je n’y pense pas tous les jours, heureusement ! Mais dès qu’une association d’idées peut m’y ramener, mon esprit ne se lasse pas de faire le joint.

Nous sommes dans les années soixante, deux ou trois ans avant la Révolution, nous habitons Herblay maintenant et je vais au collège de la ville. Cette année là, que je ne peux préciser exactement, la mode voulait qu’on portât un certain gilet. Au passage vous noterez que j’étais un gamin très attaché à sa tenue mais avec le recul – et dieu sait si j’en ai maintenant – ce n’était pas tant à la mode que j’étais lié mais à l’effet de bande ou de groupe induit par le port de tel ou tel vêtement. Un réflexe qui a toujours existé, hier et maintenant plus encore.

Mon problème, car il y a un problème dans ce souvenir que j’évoque, c’est que je n’ai jamais eu ce fameux gilet que j’admirais tant. Comme une peine profonde jamais cicatrisée, ce gilet rouge a marqué mon inconscient au fer de la même couleur.

Comment vous décrire le vêtement, je ne suis pas très calé dans cette matière. Un gilet en laine ne descendant pas plus bas que la ceinture, sans poches ni col, mais et c’est là toute la beauté de ce gilet, une fermeture Eclair qu’on actionnait avec un gros anneau de métal doré. Ah ! Cet anneau de métal, j’en ai rêvé durant des années, harcelant ma mère pour qu’elle me déniche ce modèle de pull soit quand elle allait dans les magasins, soit sur le marché, voire dans les catalogues de vente par correspondance comme La Redoute ou les Trois Suisses.

J’avais vu ce gilet sur le dos d’un copain de classe, quand je dis « copain » je veux dire qu’il était dans ma classe mais nous ne nous fréquentions pas. Il était très grand et costaud pour son âge et par rapport à moi, il frayait avec les marlous du collège et de la ville, il connaissait même des filles, pour vous dire son avance sur nous autres. Car comment pouvait-il connaître des filles alors qu’à notre époque les classes pour ne pas dire les collèges, n’étaient pas mixtes ? Sûr, que tel Zorro ou Superman, c’était sa tenue qui faisait tout le boulot. Dans ces conditions, sans même être balèze en maths, l’équation se résolvait simplement, donnez-moi le gilet, le reste en découlera automatiquement. J’écris cela aujourd’hui, mais jadis je n’avais pas fait ce rapprochement, en supposant qu’il existât.

Toujours est-il, et quelque en soit la raison, j’ai toujours regretté de ne pas posséder ce gilet et j’avoue que lorsque je flâne dans des brocantes, je jette toujours un œil rapide vers les cartons de vêtements dans l’espoir de dénicher ce graal.     


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