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Un plan national d’adaptation au changement climatique bien timide

Publié le 24 juillet 2011 par Lagela

Le 21 juillet 2011,  la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a présenté son Plan National d’Adaptation au Changement Climatique décliné en plus de deux cent trente mesures.

Un plan national d’adaptation au changement climatique bien timide

Parmi celles qui nous concernent figure, sur la fiche Tourisme, une action dite « phare » qui est de rénover l’image de marque du ski nordique et de randonnée en prenant en compte le développement durable des stations de ski.

(…) Plus que le ski alpin, le ski nordique procure une impression de bien-être, de découverte d’horizons naturels et de grands espaces correspondant bien à un mouvement sociologique de fond visant à concilier pratiques sportives, activités économiques et touristiques, respect plus assuré de l’environnement (et de la biodiversité) en relation avec les changements climatiques. (…)

La mesure 4.4, quant à elle, prévoit d’identifier les opportunités pour le tourisme estival et d’intersaison :

« Le tourisme en montagne ne se réduit pas au tourisme hivernal et à la pratique du ski. Le tourisme estival et d’intersaison offrent des perspectives de développement pour peu que les professionnels du tourisme intègrent dans leur réflexion le changement climatique et anticipent les évolutions des comportements et des attentes des clientèles futures.
Le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie participent à la croissance d’une part de la population dépendante et solvable, détentrice de revenus transférables. Cette clientèle est également plus sensible que la moyenne aux fortes chaleurs et donc plus tentée de chercher un refuge de fraîcheur en altitude.
Fortes de leur capacité d’accueil et de savoir-faire en termes de production de services, deux dimensions développées à l’aune du secteur touristique, les destinations de montagne doivent donc s’organiser pour accueillir ces clientèles et capter la manne qu’elles représentent.
Il s’agit de mener des enquêtes et des études prospectives fournissant aux décideurs publics et privés les outils d’analyse nécessaires pour conduire des évolutions stratégiques. »

Rien de bien concret ne figure dans ce plan concernant les prélèvements en eau aux fins d’alimenter les canons à neige.

La stratégie nationale d’adaptation au changement climatique (rapport ONERC de Juillet 2007) était, pour sa part, beaucoup plus explicite.

On pouvait y lire page 18 :  » L’utilisation des canons à neige dans les stations de ski du fait du manque de neige peut avoir des incidences énergétiques et environnementales importantes » ;

puis page 20 : « La remontée en altitude de la limite des neiges met en péril l’économie des stations de moyenne altitude. La première parade est la mise en place de canons à neige. Les acteurs locaux peuvent être tentés de généraliser la réfrigération de l’eau (à fort coût énergétique) et rechercher de nouvelles ressources en eau (stockage des eaux de surface, prélèvement d’eau souterraine).
Chaque difficulté rencontrée trouve une parade de court terme, mais la fuite en avant technologique et économique est coûteuse et non durable à long terme. La solution est de trouver des alternatives de loisir, d’étaler la saison et de profiter plus de l’été… Il est plus logique de mobiliser les investissements publics pour aider cette reconversion que d’imaginer parer aux changements des conditions par une pérennisation artificielle desdites conditions. »

Page 53 : « La principale inquiétude, liée au changement climatique, semble être le maintien du niveau d’enneigement et des glaciers dont la fonte constitue le réservoir principal de nos rivières méridionales en été. Quelques études ont été engagées à cet effet sur le bassin du Rhône et les Alpes, mais peu sur le massif pyrénéen. »

Page 70 : « En montagne, les conséquences du changement climatique sont d’ores et déjà ressenties. L’amoindrissement des ressources neigeuses des massifs montagneux en basse et moyenne altitudes incite à réfléchir à la reconversion de leur économie touristique. Pour éviter les « friches touristiques », certains conseils généraux mettent déjà « sous perfusion » un grand nombre de stations. Le département de l’Isère, qui ne gère plus directement de sociétés de remontées mécaniques, continue toutefois d’aider certaines stations à coups de subventions et de garanties d’emprunts. Le département de la Drôme maintient en survie plusieurs sites en injectant près de 1,5 million d’euros par an. Le département de la Savoie est impliqué à travers des sociétés de remontées mécaniques. Le conseil général a ainsi sauvé du désastre économique une commune en rachetant son parc de remontées mécaniques pour 2,5 millions d’euros. En dépit de ces avertissements, il apparaît que le message n’est pas encore passé.
Certaines communes vulnérables, au lieu de prendre en compte la baisse d’enneigement, décident malgré tout d’augmenter leur potentiel d’accueil touristique et leurs capacités d’enneigement artificiel. »

Page 78 : « Dans un contexte de concurrence et d’aléas climatiques répétés, la neige de culture apparaît comme un enjeu stratégique pour de nombreuses stations, voire le facteur de survie de certaines situées à basse altitude. On estime que 61 % des stations françaises sont d’ores et déjà équipées de telles installations. L’expansion attendue de cette activité dans les prochaines années tend à renforcer l’inquiétude pesant sur les ressources en eau. D’après une étude réalisée sur 138 stations situées dans le bassin Rhône-Méditerranée-Corse, on estime que près du tiers des prélèvements en eau (1/4 des stations) s’effectue à des périodes où les cours d’eau se situent à leur régime nival (étiage en janvier ou février) tandis que 20 % des prélèvements (1/4 des stations) se font sur le réseau public d’alimentation en eau, à un moment où les besoins sont considérables du fait de la multiplication de la population touristique, et parfois critiques en raison de la rareté de la ressource en cette période (« Impact de la production de neige de culture sur la ressource en eau », Agence de l’Eau RMC, 2002. Le reste, soit 50 % des prélèvements, se fait via la construction de réserves collinaires, ce qui soulève des problèmes d’ordre réglementaires liés au respect du débit réservé des cours d’eau et à la préservation de milieux naturels remarquables (zones humides).) »

L’ensemble de ces remarques empreintes de bon sens restent plus que jamais d’actualité.

Pour en savoir plus :

Téléchargez le texte du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique

Télécharger le rapport de l’ONERC « Stratégie Nationale d’adaptation au changement climatique » (2007)


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