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Le PCF et l'euro, une autre farce

Publié le 23 juillet 2011 par Edgar @edgarpoe

Parmi les énigmes de la vie politique française, il y a la disparition du PCF. N'ayant jamais été attiré par ce parti, je n'ai jamais investigué ce point. Mais la lecture d'un échange entre Denis Durand, du Conseil national du PCF, et Jacques Nikonoff, du M'pep, m'a permis de comprendre dans quel état de déliquescence se trouve le PCF (au passage, Nikonoff et le M'Pep évoluent bien : d'une position fadasse sur l'euro, ils sont maintenant pour un rejet ferme, et travaillent à faire émerger l'idée que refuser l'euro peut être une position de gauche)...  

Voici donc les positions de Denis Durand, représentant du PCF, sur l'euro :

On ne peut surmonter la crise du capitalisme financiarisé dans lequel nous sommes sans lutter pour changer aussi l’Europe. La politique de l’euro cher a effectivement des aspects destructeurs sur l’industrie et l’emploi. Mais renverser cette politique exige une solidarité à l’échelle européenne face aux marchés financiers et face à l’hégémonie américaine. Ce sont les États-Unis qui ont délibérément provoqué une politique de création massive de dollars, pour faire baisser le dollar et répondre aux intérêts du capital américain. Le Japon, la Chine, les pays émergent ont réagi en refusant cette baisse du dollar : la hausse de l’euro a servi de variable d’ajustement. Pour en sortir, il faut changer l’euro et sa place dans le système monétaire international, et pour cela organiser une alliance entre l’Union européenne et les pays émergents afin d’imposer un autre système monétaire international, avec une monnaie commune mondiale qui ne soit pas au service d’une puissance dominante, comme l’est le dollar aujourd’hui. Si la solidarité entre Européens éclate au profit d’un repli sur une politique monétaire nationale, on perd un atout considérable dans cet affrontement avec l’hégémonie monétaire américaine. Il faut donc non seulement refuser l’euro tel qu’il est, mais se battre pour le changer.

   Donc il faut subir l'euro, jusqu'à la dernière fermeture d'usine européenne, pour avoir une chance d'imposer un nouvel ordre monétaire mondial une fois que l'ensemble des pays de l'Union européenne se seront convertis au communisme...

  Il faut créer une force composée de banques renationalisées, en liaison avec les puissantes banques mutualistes, avec la Caisse des dépôts, la Banque de France, Oseo, le Trésor public. Si on a un projet qui est soutenu au niveau local et au niveau national, on peut se tourner vers la Banque centrale européenne (BCE) pour lui dire : qu’est-ce que vous attendez pour favoriser ces projets-là et pour arrêter de refinancer les prêts que la Société générale ou Goldman Sachs font aux spéculateurs ?  

Je sens déjà l'immense rigolade à la BCE... 

La gauche est traversée par deux courants. Une conception que je considère comme dépassée, qui consiste à faire essentiellement confiance à l’État pour déterminer les évolutions économiques et sociales. Et l’autre qui mesure à quel point il faut aller bien au-delà de l’étatisme, qui a eu ses vicissitudes au XXe siècle, pour développer une prise de pouvoir partout où se prennent des décisions importantes : dans les entreprises, dans les banques, dans les territoires. Et bien sur aux niveaux national, européen et mondial. Le pouvoir sur l’argent, sur la monnaie est effectivement déterminant pour pouvoir financer des projets et des investissements. Il faut le reconquérir. On ne le retrouvera pas avec un gouvernement européen, comme le proposent certains à gauche. Mais pas non plus en s’en tenant au niveau national. Il faut se battre dès le niveau local, régional, celui des bassins d’emploi et des entreprises, jusqu’au niveau mondial pour conquérir de nouveaux pouvoirs.

   Là c'est les Bisounours. Je ne vois pas bien comment on peut conquérir de nouveaux pouvoirs sans passer par la définition légale desdits pouvoirs, c'est à dire par l'Etat. On a l'impression que, encore terrorisé par les critiques de la deuxième gauche contre le stalinisme du PCF, le représentant du PC souhaite faire de la vie politique une sorte de gentil happening. Pas d'objectif précis (qui risquerait probablement de mettre en évidence l'incapacité du PC à obtenir quoi que ce soit), un plan mondialiste qui n'engage à rien (entre la lutte pour une monnaie mondiale et la promesse de la vie éternelle après la mort il n'y a pas une si grande différence).

C'est assez pitoyable. Je ne sais si mes lecteurs plus au fait de la vie interne du PCF ont des explications intéressantes sur ce trou noir intellectuel, cela peut être intéressant pour comprendre pourquoi près de 5% des voix se perdent dans le vide...


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