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Norvège : Sarkozy n'avait rien à dire

Publié le 25 juillet 2011 par Juan
Norvège : Sarkozy n'avait rien à direLa Norvège était tristement à l'honneur, ce weekend. Sauf en Sarkofrance. Allez comprendre. L'attentat, gravissime et incompréhensible, ne cadrait pas avec le scenario concocté à l'Elysée. On en parla donc très peu. Pensez-vous, le criminel était européen, blond, chrétien et scandinave.
Quel symbole pouvait-on en tirer pour aider la cause sarkozyenne en 2012 ?
Aucun. Rien, nada.
Des morts, par dizaines. Un fou qui se revendiquait d'extrême droite, chrétien et contre le multiculturalisme a posé deux bombes puis abattu 85 personnes dans une île de la banlieue d'Oslo, des jeunes rassemblés pour un meeting travailliste estival. Au total, 93 morts. La Norvège s'est invitée brutalement dans l'actualité internationale.
Quelques heures après l'explosion à Oslo, l'Elysée publiait un communiqué sobre et sans aucune allusion à la boucherie qui s'en suivit.
Monsieur le Premier ministre,
Je viens d'apprendre avec une profonde émotion l'explosion meurtrière qui a frappé cet après-midi le centre d'Oslo et provoqué la mort de plusieurs personnes ainsi que de nombreux blessés.
Je condamne avec la plus grande fermeté cet acte odieux et inacceptable.
Dans ce moment dramatique, je tiens à vous assurer de la profonde sympathie du peuple français tout entier à l'égard du peuple norvégien.
Je vous prie de bien vouloir transmettre aux familles des victimes mes condoléances les plus sincères.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de ma haute considération.
Sur le coup, on cru à un attentat évidemment islamiste. Puis l'auteur de ces attentats fut attrapé, costume de policier sur les épaules. Il avoua sa culpabilité, mais pas sa responsabilité : « Il a dit être convaincu que ses actes étaient cruels, mais que dans sa tête, ils étaient nécessaires » a déclaré son avocat. Il déclara avoir agi seul mais la police enquête : « Il a admis les faits, l'attentat à la bombe comme la fusillade, même s'il ne reconnaît pas de culpabilité criminelle. Il dit qu'il était seul mais la police doit vérifier tout ce qu'il dit » a expliqué un responsable de la police.
En France, à gauche, le parti socialiste s'est précipité pour déposer une gerbe au pied de l'ambassade de Norvège. A droite, on s'est indigné, on s'est inquiété de l'amalgame avec ce jeune terroriste de l'ultradroite.
Quand l'attentat est islamiste, les mêmes prennent moins de précautions. Mais cette fois-ci, les réactions furent étonnantes. Même Arnaud Dassier, actionnaire d'Atlantico et ancien Web-conseiller de la campagne Sarkozy en 2007, s'énerve sur Twitter : « les corps ne sont pas enterrés et déjà on nous invite à la repentance. Salauds de chrétiens blonds fachos que nous sommes tous.» Sur le site du Front National, Bruno Gollnish complète, dans un billet intitulé « Norvège, un nouveau Carpentras ? » : « il n’engage pas plus les uns ou les autres que les écologistes n’étaient responsables des crimes du militant écologiste Richard Durn qui avait en 2002 abattu huit élus du Conseil municipal de Nanterre et blessé quatorze autres ».
Nicolas Sarkozy, lui, n'avait rien à dire . Le monde était incrédule, mais l'Elysée restait silencieux. Sarkozy avait tout donné lors de son hommage, mardi dernier, à ses soldats français tués en Afghanistan. Cet attentat en Norvège ne servait à rien dans sa nouvelle posture. Pire, il effaçait l'impact médiatique du « sauvetage » de l'euro, jeudi dernier, sur lequel, malgré toutes les concessions, le candidat Sarkozy espérait bien capitaliser.
Samedi, Sarkozy avait en revanche quelques mots pour Barack Obama. Les communicants de l'Elysée nous firent savoir que leur patron avait exprimé son « espoir que les discussions en cours sur la question de la dette américaine aboutiront dans le délai prévu ». Donner des leçons à l'Oncle Sam, c'est possible !
Dimanche, son désormais inutile conseiller spécial Henri Guaino, venait encore à la rescousse : Sarkozy aurait changé. Encore ? Et oui, encore.  « Il s’est trouvé confronté à des choix lourds de conséquences pour lesquels aucun catéchisme ne l’a aidé à démêler l’enchevêtrement du bien et du mal. La grandeur morale de la politique n’est pas dans la bonne conscience mais dans le cas de conscience». Ou encore : «Les crises, les guerres, les prises d’otages, les souffrances humaines pour lesquelles le président apparaît comme le dernier recours, la solitude du pouvoir face à la décision, tout cela est forcément bouleversant».
Guaino fait ce qu'il peut pour présidentialiser son patron.
Vendredi, Sarkozy était reparti au Fort de Brégançon. ll n'avait qu'une petite obligation, dimanche en fin de journée, à l'Elysée.
Il fallait recevoir les participants du Tour de France.
Dur métier...
Ami sarkozyste, es-tu en vacances ?

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