Pourquoi notre indignité nationale ?

Choquer pour être entendu explique pleinement mon choix délibéré d’emprunter le titre de l’Ordonnance du 26 août 1944 qui frappait alors les français s’étant rendus coupables d’actes de collaboration, ou d’atteinte à l’unité de la Nation et aux libertés fondamentales de nos compatriotes.

Choquer pour être entendu c’est aussi, accepter de se fondre dans cette nouvelle mode qui veut que l’on réactualise de vieilles formules, de vieilles lunes, en leurs donnant un soupçon de modernité. En cela, le concept d’indignité nationale répond parfaitement à celui de notre fameuse identité nationale que nous avions semble-t-il oublier depuis trop longtemps.

En préambule d’une année 2011 qui se voulait riche d’émotions, de débats et de changements, j’écrivais mon post « Pourquoi ne jamais cesser de s’indigner ? » en clin d’œil appuyé au livret devenu best-seller d’un Stéphane Hessel appelant jeunesse et Peuple de France au réveil de leur conscience.

Confrontés aux mêmes maux de crise économique, de dysfonctionnements sociaux et de paupérisation des masses, beaucoup pensaient (ou espéraient) un réveil du Peuple, des Peuples. Si les portugais, les grecs ou nos amis espagnols continuent de s’indigner seuls, désespérément seuls, les français eux, tout autant frappés par cette crise mais en pleine année postélectorale, rêvent de soleil et attendent le retour de jours meilleurs.

Bien sûr, certains nous dirons que s’indigner de tout, pour tout, est un luxe que les plus modestes ne peuvent pas se permettre et reste un délire de quelques intellectuels frustrés. Certains trouvent même quelques explications au fait que le mouvement des indignés espagnols ne rencontre qu’un écho atone dans notre pays.

Les français pourtant connus et reconnus de disposer d’une capacité à faire entendre leur voix quant tout part à vau-l’eau, quant rien ne va plus, restent amorphes et muets. Ils ne s’étonnent plus de rien, ne se choque plus de grand-chose, ne s’interrogent plus sur rien et se bornent à contester la forme bien plus que le fond. Les grands penseurs se taisent et les lumières s’éteignent. Les français, n’en doutons plus, sont frappés d’une forme inavouable d’indignité nationale !

Ce mouvement d’auto destruction n’est pas viable. Notre Histoire dispose d’exemples assez précis pour nous rassurer sur ces français coupables d’une inconstance perpétuelle productrice de bons desseins. Ce long silence prête à questionnement : est-il annonciateur d’un chaos organisé de longue date ou d’une refondation de notre société ?

L’indignité nationale se mélange aussi bien à l’identité nationale que l’huile avec l’eau. Continuons donc à attendre car la patience est dit-on mère de toutes les vertus. Soyons optimistes : ce sera mieux demain. Alors vivement demain !

A la manière d’Alessandro Morandotti : « la patience est une vertu qui s’acquiert avec de la patience ».