Le mois de juillet a bien raison de pleurer. Rien, ni même les cyclistes bigarrés, ne viennent égayer et réchauffer cet été pourri, sans lumière, mais aussi sans Amy, et sans une centaine de norvégiens fauchés par un déséquilibré hystérique. Devant tant de barbarie, nos questionnements restent sans réponses. Seules les constatations sont permises : notre monde tout entier tourne de plus en plus mal.
Quels auraient été les propos et le traitement d’une telle catastrophe si elle avait éclaté sur le sol français ? Impensable, répondront en cœur quelques farouches partisans issus des 36% de braves restés fidèles au Maître. Mais un déséquilibré déterminé et discret n’est pas facile à intercepter, surtout s’il se fond dans la société, et commettra l’impensable au nez et à la barbe des services de renseignements.
Au lendemain d’une pareille mésaventure survenant sur le sol français, il est fort probable que notre président bombe le torse et lève haut le poing avec un rictus de circonstance, promettant vengeance, pestant sur l’absence de réformes permettant de se prémunir contre de tels agissements, annonçant de nouvelles lois concernant la banalisation des contrôle d’identité en tout lieu et à toute heure, le filtrage d’Internet, le contrôle des groupes de supporters de foot, la vente d’armes à feux et d’engrais agricoles, sans omettre de stigmatiser une nouvelle fois certains compatriotes pris au hasard dans le paysage… et finir en exigeant des sanctions après le chef du service d’entretien de la navette fluviale et du portier du ministère qui a laissé se garer la voiture piégée….
Ce tableau agité me ferait presque sourire. Il est malheureusement notre quotidien : tout événement dans le pays des «Droits de l’Homme», pour peu qu’il soit dramatique, débouche invariablement sur une diatribe aussi immédiate qu’enflammée, savamment relayée par de veules courtisans, inondant l’opposition politique de toutes les responsabilités, annonçant des lois et des mesures prises dans l’urgence de l’émotion, dont les conséquences sont de réduire de plus en plus les espaces déjà comprimés de liberté.
Le modèle de société norvégien est sain. La population a du bon sens. Elle a choisi des représentants responsables, posés, honnêtes, réfléchis, humanistes, attachés au principes démocratiques qui savent faire face au monde et aux drames. Le résultat est là : un peuple soudé, tolérant et solidaire qui panse ses plaies avec grande dignité, qui renvoye une image d’une communauté multiculturelle fière, qui n’abandonnera jamais ses valeurs. Tout le contraire de la France actuelle.
C’est un beau modèle pour 2012, si on n’a pas été balayé avant.
Ca percute chez les copains :
- Petites réflexions sur l’attentat et le massacre perpétré à Oslo
- Norvégistan
- Electrochoc de masse
- Il a tué 85 personnes au pistolet