Regardez…vérifiez bien…Vous allez vite vous rendre compte que dans les pays où la démocratie est un sujet de moquerie dans la chambre, la plupart des fonctionnaires sont soit apolitique…soit des fervents membres du parti au pouvoir. La raison en est simple : ils sont la clé des changements de dynamique politiques et peu d’acteurs en prennent souvent conscience.
Celui qui veut s’éterniser au pouvoir commence par se rassurer que tous les fonctionnaires sont sous sa botte…même dans leur idéologie. Dans les pays qui se sont engagés dans des dynamiques démocratiques, vous noterez que des hauts cadres de la fonction publique peuvent être des opposants farouches sans que cela n’ait une incidence sur leur travail. Je connais même une ex opposante radicale (son parti est aujourd’hui au pouvoir) qui avait le soutien du président de son pays pour chacune des choses liées à son travail alors qu’elle était une pièces maitresses pour le faire tomber. On faisait bien la part des choses entre le travail et la politique.
Ce que les acteurs d’une dynamique de changement de pouvoir doivent donc faire, c’est investir cette classe sociale. C’est en général au sein des fonctionnaires que l’on retrouve la classe moyenne d’un pays. Dans la plupart des pays ayant besoin d’un changement de dynamique politique, ceux qui ne sont pas au pouvoir n’ont que les classes populaires. Les classes riches et l’armée sont en général aux mains du pouvoir.
L’enjeu des fonctionnaires
Les fonctionnaires sont un enjeu d’abord en ce qu’ils constituent la classe moyenne. A ce titre, ce sont eux en général qui soutiennent dans le réel les classes populaires. Quoi qu’on dise, l’argent des riches est utilisé pour eux et leurs familles. Et ensuite pour s’assurer qu’ils assureront toujours la domination sur les autres. Les riches tournent donc toujours du côté où le vent a déjà tourné. Les classes populaires, même quand ces riches sont vraiment de bonne foi, ne se reconnaissent pas forcément en eux parce que le pouvoir s’arrange à avoir une main mise.
Comme classe moyenne, les fonctionnaires sont rattachés au quotidien des classes populaires. Si une classe moyenne s’engage dans un mouvement social, la classe populaire la suivra. Ce qui n’est pas le cas si des riches s’engagent. En maitrisant la fonction publique, ceux qui ont le pouvoir s’assurent que le souffle moyen nécessaire à faire d’une démonstration autre chose qu’une situation banale sont hors jeu….
Les fonctionnaires sont un enjeu parce que dans le fond, ce sont eux qui ont entre leurs mains l’appareil administratif et technique de tout le pays. Ils connaissent en général la situation exacte. Si vous voulez les vrais statistiques d’un pays…le fonctionnaire qui a traité cela les connait. Si vous voulez les vraies rentrées financières, les agents des douanes et du fisc ont une idée bien plus précise que les bavardages à la radio ou à la télé de quelques “experts savant en tout, mais ne connaissant rien dans le fond”.
Malheureusement, peu d’actions sont ciblées en direction de cette catégorie d’acteurs dont l’adhésion suffirait à faire tomber n’importe quel régime. Deux ou trois grèves de fonctionnaires déterminés sont des bombes plus puissantes, plus efficaces et moins meurtrières que les bombes que Sarkozy distribue à tous ceux qui ne lui plaisent pas en ce moment.
Il faut le reconnaitre, la plupart des fonctionnaires sont maintenus dans la peur de perdre leur poste. Et la généralisation de la corruption dans les pays de moindre démocratie est bien souvent voulue pour ôter à ceux-ci dignité et honneur…pour qu’ils n’aient que le reflexe de baisser la tête.
Toute dynamique de changement de pouvoir doit avoir avec lui les fonctionnaires. Il faut donc trouver les moyens de les mobiliser et de les ramener à leur responsabilité. Comment ?