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Réponse à un lecteur qui réagissait à mon billet sur la Serbie et le Kosovo

Publié le 17 février 2008 par Roman Bernard

Hello,
Je cherche depuis longtemps un mec de droite raisonnable pour ouvrir un débat sur Nicolas Sarkozy.
J'ignore si ca peut être toi l'heureux vainqueur - pour le moment je n'ai pas trouvé - mais je pense que ton post sur la Serbie est quand même limite.
Je le trouve pas néo-conservateur, mais craintif et plein de raccourcis.
Que l'indépendance du Kosovo soit un problème diplomatique aux conséquences graves sans doute... Mais qu'elle annonce la rennaissance du califat de Cordoue et la création de ceux de Marseille, de Saint-Denis ou de Birmingham et compagnie... Tu trouves pas que tu vas carrément loin ?
Le Kosovo n'est pas devenu musulman par magie au XXe siècle par une immigration massive d'Albanais. C'est ignorer les détours de l'histoire que dire les choses comme ça. Ton point de départ fausse ta conclusion : Le Kosovo n'a RIEN mais alors RIEN à voir avec la Seine-Saint-Denis et les Kosovars ne sont pas des immigrés maghrébins vivant en France.
Que tu ne crois pas à l'intégration, c'est ton choix. Que tu adoptes les idées de Zemour sur le remplacement d'une population par une autre, ok... Mais bon, flipper à ce point de voir naître des enclaves musulmanes en Europe (forcément hostiles dans ton esprit j'imagine), ca devient vertigineux.
Enfin, bon... Pt'et qu'à l'occasion on pourra avoir un débat. Sur l'avenir du Bonapartisme pourquoi pas ? Ca me rappellera ma jeunesse qui n'est pas si loin quand même.
A+

Et voici ma réponse :

Salut,
Je ne sais pas si je suis le candidat idéal pour devenir l'heureux vainqueur qui pourrait participer à un débat sur Nicolas Sarkozy.
En tout cas, bien qu'ayant voté pour lui, par défaut, et ne le regrettant toujours pas (à mon sens, c'était quand même « moins pire » que Royal ou Bayrou), j'ai été critique, assez rapidement, à son égard.
Témoin, le billet que j'ai écrit début août sur Criticus, « La France au bois dormant attend toujours son Prince Charmant ». Moins loin dans le temps, toujours sur Criticus, le billet où je compare Sarkozy à Séraphin Lampion, le « belgicain » dans Tintin.
Pour tout te dire, j'aurais préféré que Villepin fût candidat, mais bon.
Par rapport à mon billet sur la Serbie, dire qu'il est craintif n'est pas erroné, puisque je crains effectivement qu'un processus de séparatisme ethnico-religieux ne se produise en Europe, comme c'est arrivé en ex-Yougoslavie. C'est un scénario certes flippant, mais pas si irréaliste que cela. L'actualité, depuis plusieurs années, regorge de faits divers qui tous illustrent ce phénomène : émeutes de 2005 en France qui impliquaient ultra-majoritairement des musulmans, assassinat de Theo Van Gogh en 2004 parce qu'il avait « osé » dénigrer l'islam, violence des réactions aux caricatures de Mahomet, menaces de mort à l'encontre d'Ayaan Hirsi Ali ou de Robert Redeker.
Et puis, loin de la lumière médiatique, toutes les revendications dérogatoires au droit commun, comme ces hommes qui exigent que leur femme soit examinée par un médecin femme, ou ces familles qui demandent que leur enfant puisse prier à l'école, manquer le cours de sport, ne pas suivre de cours d'histoire ou de philosophie « contraires à sa religion ». Il y a aussi les demandes de plages horaires réservées aux femmes à la piscine, ou les exigences de viande halal (laquelle n'est même pas mentionnée dans le Coran) dans les cantines. Sans oublier, bien sûr, l'affaire du voile islamique, interdit dans les écoles françaises malgré l'opposition de nombreux musulmans et de leurs soutiens prétendument « antiracistes ». Parfois, on l'a vu, les sociétés d'accueil devancent ces absurdes revendications, avec ces « comptes halal » (sans usure) à Rabobank et ces hopitaux islamiques aux Pays-Bas, ou encore l'application de la charia en matière civile au Royaume-Uni. Tout cela avec l'attentisme troublant des musulmans d'Europe et la complaisance coupable des élites européennes, au premier rang desquelles les dirigeants politiques et les médias.
Cela risque-t-il de déboucher, comme je le crains en effet, sur la formation d'enclaves musulmanes ? La démographie, deux fois plus dynamique côté musulman, conjuguée à une immigration musulmane massive et à l'échec des modèles d'intégration dans les différentes zones d'Europe où les musulmans, concentrés, sont majoritaires, peut le faire redouter. Et l'exemple de l'ex-Yougoslavie -pas seulement du Kosovo d'ailleurs- le montre bien. Soit l'on prend la mesure de ce danger et on évitera cela, soit l'on court un très grand risque.
Tu as raison d'écrire que, comme mon maître-à-polémiquer Éric Zemmour, je ne crois pas à l'intégration. Je ne crois pas davantage au « multiculturalisme » ou au « cosmopolitisme ». Je crois en revanche à l'assimilation, modèle qui jusqu'à présent a toujours bien fonctionné en France, malgré la violence symbolique qu'il représentait pour les nouveaux arrivants, source de heurts avec les Français dits « de souche » pour la première génération. Leurs enfants, en tout cas, étaient, grâce au droit du sol et une authentique volonté, de leur part et de celle de leurs parents, de s'assimiler, des Français à part entière. Il est vrai que le catholicisme des Italiens, Espagnols, Polonais, Portugais, facilitait grandement les choses, notamment en termes de mariage. Et puis, c'était une époque où il y avait du travail pour tous.
Aujourd'hui, les conditions économiques, la grande différence de culture et de religion, le renoncement au modèle assimilationniste, et surtout l'importance numérique de l'immigration, semblent interdire toute intégration, avec, du coup, peu de mariages mixtes et donc des communautés qui ont tendance à vivre séparées, quitte à former des sociétés parallèles, qui se regardent en chiens de faïence, jusqu'à...
Sur l'« hostilité » des éventuelles enclaves musulmanes, en revanche, ma pensée ne se situe pas à ce niveau. Je ne dis pas qu'il y aurait « nous » (les Occidentaux) et « eux » (les musulmans). Je crois plutôt que la confrontation se fait entre, d'une part, les Occidentaux vigilants et les musulmans vraiment modérés, et, d'autre part, les islamistes actifs ou passifs et leurs soutiens occidentaux assumés (gauchistes et antiracistes) ou cachés (apôtres du politiquement correct). Je n'ai pas non plus une vision morale de cette confrontation. Je ne prétends pas, contrairement à George W. Bush, défendre le « bien » contre le « mal », mais une civilisation, une culture, une identité que je juge menacées.
Et, du coup, je suis bien évidemment disponible pour débattre de cela, de Sarkozy ou encore de l'avenir du bonapartisme, puisque tu as noté mon admiration pour les Bonaparte. Excellente soirée et à très bientôt,

Roman Bernard

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