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Paul Thomas Saunders – Lilac & Wisteria (juil. 2011 – RT60 Records)

Par Routedenuit

Paul Thomas Saunders – Lilac & Wisteria (juil. 2011 – RT60 Records)Le talent n’attend pas le nombre des années. Originaire de Leeds, Paul Thomas Saunders a vingt ans. Pas plus. Le 4 juillet dernier est sorti son dernier EP, intitulé Lilac & Wisteria (Lila & Glycine). Un EP qui aurait pu passer inaperçu à cause de la saison des festivals, et du peu de disques qui sortent en général à cette période de l’année (même si on retiendra un -superbe- Bon Iver et un nouveau disque de Beirut). Il n’en sera rien, on l’espère, tant ces quelques morceaux présagent d’un bien bel album à venir. Maturité, vigueur et évasion sont des maîtres-mots quand on pense à la musique de ce garçon. Sa biographie parle de psychédélisme, d’une sentimentalité intellectuelle, des années 60 et de Leonard Cohen. C’est effectivement ce que l’on retrouve dans ses chansons. Il s’envoie en l’air, les pieds sur terre. Au moment de chanter, sa voix et son corps sont bien là, mais ses yeux indiquent clairement qu’il nous parle d’ailleurs. Il nous rappelle plusieurs artistes : Jonsi, et Röyksopp, et les Fleet Foxes. Pour la folie, pour le haut de la cage thoracique qui se serre au moment des refrains. On pense à Lykke Li, pour le dénuement, le no-limit. Paul Thomas Saunders livre son travail sans précautions, presque brutalement. Caché derrière sa chevelure et accroché à sa guitare, il fixe un point, et nous abandonne.

Le sens des paradoxes. Appointment in Samarra. Une des cinq chansons de l’EP. Probablement la plus frappante, à la fois par la violence du texte et par l’évocation de la ville de Samarra, cette ville d’Irak dont le nom signifie « celle qui rend heureux quand on la voit ». En fait, Appointment in Samarra rappelle plutôt le premier roman de John O’Hara publié en 1938, qui racontait les trois derniers jours de Julian English, un bourgeois de trente ans qui se suicide après trois jours d’autodestruction. À l’époque, O’Hara avait présenté son roman en racontant qu’il avait cherché à repousser les limites de ce qu’il était acceptable d’écrire dans un roman à ce moment-là. On retrouve cela dans le texte du morceau de Saunders. Le sang, la rancune, l’amertume, la violence. Et la paix, le calme après l’orage.

Prenez le temps de regarder cette vidéo et concentrez-vous sur l’intensité de son regard. Sur ce vide qu’il semble fixer. Sur l’absence qui balaye son visage. Il est ailleurs. Tout en étant terriblement là. Une belle promesse.



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