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Un Spectateur émancipé

Publié le 25 juillet 2011 par Collectifnrv

Un Spectateur émancipé.

( Jacques Rance-hier expliqué à Eric Baissons )

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Grâce soit rendue aux « maîtres ignorants ».

C’est indubitablement à leurs efforts répétés, adossés au soutien sans faille de la multimediacratie , que le vieux projet d’ « émancipation du spectateur » doit d’avoir pu connaître , enfin, son épiphanie ... spectaculaire.

« L’émancipation implique, elle, de partir de l’idée de la capacité de n’importe qui. Peu importe ce qu’il apprend, l’essentiel est la révélation de cette capacité à elle-même. Le reste dépend de lui. Cette idée s’oppose de front à l’idéologie progressiste. »

annonçait Rance hier ( en 1987 ) en commentant son opus magum sur « Le Maître ignorant ».
Cette conception post-moderne ( et libérale ) de l’émancipation s’oppose assurément à l’idéologie progressiste ( de type marxiste) qui affirme qu'en la matière l’égalité émancipatrice est précisément un « droit » et donc un titre reconnu socialement , au nom duquel on est en droit de revendiquer quelque chose ( la même chose, pour tous ), et non pas un ticket donnant un droit de tirage à la loterie de « l’égalité des chances » ( portée par la « capacité de n’importe qui »). Une loterie dont les lots sont fort disparates …

On observera également que cette conception libérale ( et libertaire) est parfaitement homogène au monde réellement renversé , où le vrai est donc devenu un moment du faux, et où l’idée même de savoir , de transmission et de vérité ( contenue dans ce savoir transmis) est disqualifiée. Disqualification opérée au nom du nouvel impératif catégorique « époqual » : l’épanouissement sans entrave des corps sujets « devenus capables » en vertu d’un conatus * d’autant plus spontané qu’il est « sans histoire ».

Souvenons nous que, parmi les axiomes propédeutiques qui aux années 80 permettront l’émancipation des spectateurs, par la promotion de leur capacité naturelle , celui qui fit floresse dès la fin des années 70 était :

« L’histoire commence avec toi » .

Avec en corollaire le « droit » induit de réinventer ad libitum le fil à couper le beurre ou la roue carrée.
L’archaïque débat « Nature/Culture » était congédié « aux poubelles de l’histoire » , et on peut dire résolu … « à l’économie ».
Seulement voilà …
il y a , dans le réel ( fut-il inversé ) une réalité qu’allaient devoir affronter nos spectateurs en voie d’émancipation, et qui se présentait d’emblée comme une sérieuse entrave à leur jouissance libératrice . C’est celle qu’énonçait , dès les années 70, Michel Clouscard, ce vieil archéo-marxiste attardé et empêcheur de jouir en rond ( des merveilles prodiguées par le « capitalisme de la séduction ») ;
et qui était le constat troublant qu'en ce monde déjà largement décomplexé :
« Tout est permis mais rien n’est possible » .

Car, au monde merveilleux des atomes sociaux libérés du social par le « sociétal » ,
au monde merveilleux de la concurrence libre et non faussée,
nos spectateurs capables virent leur «Être »  (désormais sans classe, et dont toutes les capacités pouvaient enfin s’exprimer) malgré tout confronté au problème de « l’Avoir »

« l’Être sans l’Avoir » … la grande névrose des couches moyennes.

Face aux capacités insoupçonnées qu’elle révèle aujourd'hui jusqu’aux marches septentrionales, jusqu’ici paisibles, de l’occident chrétien , et parmi une population ordinairement Korrecte , on peut comprendre que les pourfendeurs habituels du repoussoir islamo-marxiste soient un peu « troublés » par la nouveauté de ces méthodes autant que par leur audacieuse et expéditive mise en œuvre. On peut également comprendre que ces élites nationales se posent courageusement des questions , tels Eric Baissons prenant conscience de ses lacunes de psychologue , ou que tels ses collègues de la France authentique et de souche elles puissent s’émouvoir des menées séditieuses de telles officines qui, à l’instar du MRAP, ont l’outrecuidance de "récupérer" cet événement pour "tenter de créer la confusion".

Mais pour compréhensibles qu’ils soient, cette émotion et ce trouble ne doivent pas les empêcher de saisir et d’apprécier toute la portée libérale et/donc bénéfique de cette émancipation qui ( « Dieu merci ») demeure fondamentalement hostile à l’idéologie progressiste qu’ils abhorrent , comme le leurannonçait fort justement Rance hier.

Car le processus d’émancipation du spectateur , dont atteste si vigoureusement notre Thor post-moderne, est bien celui qui va permettre à l’atome social isolé ( mais parfois « en groupe » ) d’affronter efficacement cette névrose** .
Rien n’est plus explicitement libéral, en effet que ce salutaire refoulement , niant l’Être social et la Volonté générale, dès que cet intérêt collectif entrave la satisfaction du besoin individuel ( exprimant le plus naturellement qui soit : le conatus * du surhomme authentique) :

"Une personne avec une conviction est aussi forte que 100 000 autres n'ayant que des intérêts." »

John Stuart Mill

Dont acte

* Chez les néo-spinozistes ( nombreux parmi les rangs de nos naturalistes post-modernes)  le conatus ( la force d’inertie reprise à Descartes par Spinoza ) est ce principe porteur de « l’être vrai » , celui qu’il s’agit (pour les Heideggeriens ) de « dévoiler » , de sorte de pouvoir y persévérer , naturellement .
** Cette névrose induite par « l’Être sans l’Avoir »  et qui , comme le dit si bien Eric Baissons : « peut gagner les âmes fragiles partout dans le monde et, en la circonstance, dans un pays (...) qui n'était pas préparé, dont ça n'était pas la culture.» . La démocratie libérale , celle des maîtres ignorants ,  des élèves capables et des spectateurs émancipés, est à ce prix.


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