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J’ai tapissé le soir de mélodies souterraines
Tissées entre deux oreilles de silence
Ai fuit dans la folie d’un crépuscule
Les bras sirupeux d’amours de pacotille
Versé dans la beauté d’un regard
Tout l’enfer des vains désirs
*
Ma parole prenait racine
Au pavé sournois
D’où montaient d’étranges mélopées
Dans la folie furieuse de basses enragées
L’autre
Là-bas
Tapait comme un sourd sur ses caisses claires
Son pied martelait le tambour des oublis
Les yeux fermés, il partait vers d’autres rives
Trop vite
Trop fort
Que mes pieds ne purent rien suivre
.
Et pourtant toi
Regard ironique
Cœur palpitant
Sous jeune poitrine pointée
Sous la chemise à peine pudique
Tu te retournais
Incertaine d’avoir bien compris le sens de la marche
Le but de la démarche
.
Ton espoir était plus bas
Derrière un mur glauque
A peine effleuré de musiques lointaines
Tu l’as attendu
En vain
Tu as essuyé une larme
Reprenant d’un pas chaloupé
Le chemin des foules
Juste pour sentir
Contre ta peau ruisselante de frayeur
Une présence
Un désir
Quelque chose qui serait humain enfin
Juste pour un soir
Pour une heure
*
Tu buvais aux lèvres des passants
La folle perspective d’un amour sans joie
.
Une fois revenu au silence
Sous le ciel d’étoiles
Qui clignaient des yeux
Juste avant l’aube
La porte ouverte
Fenêtres closes
Tu as jeté au sol
Tes derniers remparts
.
Allongée
Le corps nu secoué des soubresauts en pleurs
Tu as tendu la main dans le noir
Une main pâle et frêle
.
Il te faudra attendre un an de plus
Pour que la vie revienne
Aux places de tes violents soupirs
.
Manosque, 22 juin 2011
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