LES ASCENSEURS.
Désespérants, les ascenseurs,
on croit toujours qu'ils nous conduisent
qu'ils nous conduisent
au paradis
lorsqu'ils montent,
c'est une erreur...
Ils nous déposent en des couloirs
impersonnels, aseptisés,
presque déserts ou traversés
de groupes de gens sans regard.
Ils nous abandonnent au mitan
d'un vide blanc et lumineux
aux méandres lisses, glissants,
aux coudes où patine
la vie.
Alors penaud
l'on redescend
pour n'avoir plus à traîner là
sur les linoléums brillants
et froids qui maintiennent les murs
à distance de façon que
la lumière oblique et ténue
puisse pulser tout à son aise;
on fuit le crissement, le cri
solitaire du caoutchouc
des semelles au contact du sol
et les métalliques échos
des rambardes parfois frôlées
l'on fuit ce qu'on croyait trouver
le coeur dilaté par l'espoir
d'une quête aux contours brumeux
et c'est à nouveau
l'ascenseur
en sens inverse, cette fois
qui plonge
comme une défaite...
*
N'habitons-nous pas
l'ascenseur
et-je-monte-et-puis-je-descends
mouvement entre terre et ciel
qui nous ballade sans répit
dans son hésitation
nomade ?