Croissance

Progression contrastιe du transport aιrien mondial.
Les prιvisions de trafic ΰ 20 ans, qui sont la rθgle dans la profession, aussi sιrieuses soient-elles, laissent gιnιralement pantois. Comment, en effet, ιtablir aujourd’hui un scιnario ιconomique crιdible pour 2030 ? Impossible, en effet, de prιdire ce que sera alors le prix du pιtrole, ou encore la tenue de l’ιconomie mondiale.
Sans pouvoir ιtablir si les prιvisionnistes s’inspirent les uns les autres, tout au plus peut-on retenir que tous sont d’accord pour situer la croissance du trafic aιrien mondial dans une fourchette prιcise, 4,8% par an pour les plus pessimistes, un peu plus de 5% pour les optimistes invιtιrιs. Le tout basι sur des modθles ιconomιtriques sophistiquιs et une connaissance fine de la tenue des principales compagnies aιriennes.
Chacun vit avec cela et les mouvements de contestation sont inexistants. En revanche, il apparaξt de plus en plus clairement que les diffιrentes rιgions du monde seront de moins en moins ιgales devant la croissance. Certains marchιs sont en effet entrιs dans une phase dite de maturitι, Etats-Unis en tκte, et ne peuvent plus espιrer une progression importante. Une tendance que reproduit l’Europe dont les transports reposent sur des bases diffιrentes, ΰ commencer par la bonne tenue du rιseau de trains ΰ grande vitesse. A l’opposι, les ιconomies «neuves» ont tout l’avenir devant elles, de mκme que les compagnies qui appliquent le modθle ιconomique nouveau construit sur la notion de «6e libertι», telle Emirates.
Il n’y a lΰ, convenons-en, rien de nouveau. Si ce n’est qu’il n’est plus nιcessaire de scruter l’avenir ΰ 10 ou 20 ans pour confirmer ces tendances fortes. La preuve nous en est donnιe par les nouvelles prιvisions de trafic de l’Organisation de l’aviation civile internationale, OACI. Elle qualifie de «moyen terme» des calculs qui portent sur la pιriode 2011/2013, en rιalitι du trθs court terme. L’exercice est utile, plein d’enseignements et comporte ιvidemment moins de risques d’erreurs qu’une tentative de regarder jusqu’en 2030.
Une premiθre donnιe saute aux yeux : l’OACI croit en la reprise, annonce une croissance du trafic de 5,3% pour l’annιe en cours et, surtout, + 6,2% en 2012 et + 6,1% en 2013. Autrement dit, le retour ΰ de bons chiffres devrait κtre durable. Mais, par ailleurs, les ιcarts se creusent d’une partie du monde ΰ l’autre.
Chef de file traditionnel, l’Amιrique du Nord devrait progresser cette annιe de 2,4%, ce qui est bien peu, de 3,4% en 2012 puis retomber ΰ 2,9% en 2013. Les compagnies amιricaines seront dιηues en prenant connaissance de ces taux modestes alors qu’elles se croyaient ΰ l’aube d’une phase de rattrapage de longue durιe. On peut prιvoir une dιception similaire en Europe : on disait jusqu’ΰ prιsent que la reprise se traξne mais devrait prendre de la vigueur : force est de constater qu’on risque d’attendre en vain des jours meilleurs : + 2,4% ΰ peine cette annιe, + 3,4% en 2012, + 2,9% en 2013. C’est terne, d’autant que les compagnies low cost s’arrogent une partie significative de cette croissance molle avec pour rιsultat des perspectives peu emballantes pour les tιnors «classiques» comme Air France-KLM, British Airways-Iberia et le groupe Lufthansa.
A l’opposι, la demande explose au Moyen-Orient. Ou, plus exactement, sous pavillon des grandes compagnies de cette rιgion dont les ambitions sont mondiales, mκme en l’absence de grands marchιs intιrieurs. Au cours de ces trois ans, leur croissance devrait osciller entre 13,5 et 14,4%. Beaucoup plus qu’en Asie-Pacifique oω la demande devrait nιanmoins croξtre de 8% environ.
Il n’en faudra sans doute pas davantage pour chambouler l’ordre mondial du transport aιrien. L’actualitι nous en donne dιjΰ un avant-goϋt, jour aprθs jour, mais il est maintenant bel et bien question de tendance durable.
Pierre Sparaco - AeroMorning