Chypre : le Président sortant sorti

Le président chypriote sortant, Tassos Papadopoulos, tenant d'une ligne dure sur le dossier de la division de l'île, a été éliminé, dimanche 17 février, au premier tour de l'élection présidentielle qui opposera dimanche 24 février Ioannis Kasoulides (droite) et Demetris Christofias (communiste).

D'après les chiffres officiels, M. Kasoulides, député européen de 59 ans et ancien ministre des affaires étrangères, arrive en tête avec 33,51 %. Il ne devance toutefois le président du Parlement, Demetris Christofias, que de 980 voix. M. Papadopoulos, 74 ans, est troisième avec 31,79 %. M. Kasoulides, qui était placé en troisième position dans la plupart des sondages de campagne, et M. Christofias se veulent tous deux les champions de "l'ouverture" vers la communauté chypriote-turque. Les six autres candidats à cette élection, présentée comme la plus serrée de l'histoire de l'île et déterminante pour son avenir, ont obtenu moins de 1,5 %. 

Le président sortant, qui a rapidement concédé sa défaite, s'est dit "fier" de son bilan depuis 2003, notamment avec l'entrée de Chypre dans l'Union européenne en 2004 ou encore le "non" au référendum sur la réunification de l'île, soumis à référendum la même année. Il a appelé la population à "rester en éveil" sur la question de la division. A demi-mot, sa réélection n'était pas souhaitée par la partie turque. Dimanche après-midi, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé garder l'"espoir" d'une relance des pourparlers, tout en estimant que M. Papadopoulos était "très réticent à s'engager" sur le sujet.
Quelque 516 000 Chypriotes étaient appelés aux urnes pour cette élection, la première depuis l'entrée de leur pays dans l'Union européenne. Selon le responsable de la commission électorale, Lazaros Savvides, le taux de participation a atteint 89,42 %, contre 90,55 % lors du premier tour en 2003. Dans un pays où la croissance a atteint 4,4 % en 2007 et qui est en situation de plein-emploi, la question de la division s'est rapidement imposée comme le thème central, alors que le dialogue intercommunautaire est dans l'impasse. Chypre est divisée depuis 1974 entre la République de Chypre (sud) et la République turque de Chypre Nord, uniquement reconnue par la Turquie.