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Critique Ciné : J'ai tué ma mère, un regard hagard et juste

Par Delromainzika @cabreakingnews

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J'ai tué ma Mère // De Xavier Dolan. Avec Anne Dorval, Xavier Dolan et François Arnaud.


L'amour entre un fils et une mère, pas facile à exprimer au cinéma quand la relation des deux n'est qu'une succession de problème aussi bien pour l'un que pour l'autre. Ce que J'ai tué ma Mère réussit à faire c'est nous plonger dans un univers de malchance de la vie qui a fait que ce jeune Hubert s'est retrouvé avec une mère qu'il n'arrive pas a aimé. Alors que le film et son sujet pourraient prêter à l'expiation d'un moment de gloire, Xavier Dolan réalisateur du film et incarnant le premier rôle livre ici une sorte de livre intime, une jolie plongée sans contrefaçon dans un monde où tout n'est pas rose et où la vie… n'est pas facile.
Hubert Minel n'aime pas sa mère. Du haut de ses 17 ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au-delà de ces irritantes surfaces, il y a aussi la manipulation et la culpabilisation, mécanismes chers à sa génitrice. Confus par cette relation amour-haine qui l'obsède de plus en plus, Hubert vague dans les arcanes d'une adolescence à la fois marginale et typique -découvertes artistiques, expériences illicites, ouverture à l'amitié, sexe et ostracisme- rongé par la hargne qu'il éprouve à l'égard d'une femme qu'il aimait pourtant jadis.
Le film est presque cruel mais c'est ce qui le rend encore plus beau. Les scènes déchirantes entre Hubert et sa mère sont fabuleuses (notamment celle dans la voiture, ou encore sur le parking avant qu'il ne s'en ailles, même la fin lorsque la mère s'énerve et réalise la bêtise qu'elle a faite de laisser son fils). Le film mélange avec parcimonie ses univers et influence. On a des scènes qui sortent de l'ordinaire, avec une musique différente qui appèle au rêve et à l'émerveillement au travers d'un fait cruel (le fils qui tente de rattraper sa mère, les faces caméra en noir et blanc, la scène absolument géniale sur "Vive la Fête" de Noir Désir que j'avais eu la chance de découvrir avant le film grâce à quelqu'un qui se reconnaîtra ici).
Le coeur de ce film bat la chamade, entre personnages complexes à l'interprétation juste et énergique. Abordant tour à tour plusieurs sujets comme le problème de vivre chez les parents, l'autorité, l'identité sexuelle, les sentiments, mais également la colère ou encore le sentiment de culpabilité que chacun des deux (la mère et le fils) gagne tour à tour. Le film est généreux par nature, il offre un truc en plus. Il reste encore quelques défauts, voulant peut être se montrer trop descriptif de son univers ou latent d'un monde qu'il ne comprends pas forcément (Xavier Dolan porte un regard sur l'adolescence à 20 ans). J'aimerais bien le revoir faire un film du genre dans quelques années, pour voir l'évolution. En tout cas, J'ai tué ma Mère est un film antinomique parfait dans la catégorie inclassable des drames fabuleux.
Note : 9/10. En bref, un film à la parure juste et tranchante. Fascinant.


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