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Droite populaire : les ambiguïtés cultivées de l’UMP

Publié le 01 août 2011 par Hmoreigne

Droite populaire : les ambiguïtés cultivées de l’UMPRatisser large. UMP et Front National partagent la même stratégie : déployer le plus largement possible leurs filets pour tenter de ramener un maximum d'électeurs en 2012. Quitte à cultiver l'ambiguïté avec une ligne officielle et une ligne officieuse parfois critiquée mais jamais sanctionnée.  Derrière l'image de respectabilité entretenue de leurs dirigeants FN et UMP braconnent en eaux troubles en recourant aux services respectifs de Jean-Marie Le Pen et de la Droite populaire.

Non, J.M. Le Pen n'est pas mort politiquement. La porte du placard du président d'honneur du Front national s'entrebaille régulièrement pour émettre des saillies verbales dont il a le secret.

Un double effet qui permet dans le même temps de rassurer les "traditionalistes" du FN et de donner par contraste une fausse image de modernité et de modération de Marine Le Pen.

La tuerie survenue dernièrement en Norvège illustre parfaitement cette répartition des rôles digne d'un commissariat entre bons et méchants flics. Dès les premières heures suivant le drame norvégien, Marine Le Pen s'était empressé de condamner. A l'inverse, son père a brisé avec délice le consensus politique du moment : "La situation me paraît grave non pas par cet accident d'un individu qui, sous l'effet d'une folie fut-elle passagère, se met à massacrer ses concitoyens, ce qui me paraît plus grave et que démontre cette affaire, c'est la naïveté et l'inaction du gouvernement norvégien (...)". Le vieux leader frontiste voit dans la Norvège "un petit pays sympathique", "mais qui n'a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d'abord l'immigration massive (...)"

Dans un réflexe pavlovien, le PS et SOS racisme, mais aussi l'UMP par la voix de Valérie Rosso-Debord déléguée générale adjointe, sont montés au créneau pour dénoncer un énième dérapage. Tous pointent le double langage de la formation d'extrême droite. L'UMP ne fait pourtant pas autrement en entretenant dans son propre sein un collectif de 44 députés auto-investi de la défense des fondamentaux du sarkozysme.

Animé par des élus décomplexés et à la langue bien pendue, ce groupe informel est censé retranscrire le ressenti du terrain, de la base, d'où son nom, "la Droite populaire".

Ses représentants - Jacques Myard, député des Yvelines, Lionnel Luca (Alpes-Maritimes), Christian Vanneste (Nord), Philippe Meunier (Rhône) ou encore Jean-Paul Garraud (Gironde) -  partagent avec JM Le Pen un parler cru et volontairement provocateur.

Ils peuvent se prévaloir de l'attention bienveillante du Chef de l'Etat qui voit dans cette liste d'élus à la Prévert un carré de grognards qui lui offre un effet double lame. Un premier passage avec la voix officiel de l'UMP ramène les électeurs "propres sur eux" quand la deuxième lame permet d'emporter les récalcitrants.

Cette politisation à la Don Camillo pourraît prêter à sourire si elle n'engendrait crispations et montée de l'agressivité dans une société suffisament tendue.  L'apéritif saucisson vin rouge organisé à l'Assemblée nationale  le 12 juillet dernier pour fêter le premier anniversaire de la création de la Droite popu­laire restera à ce titre dans les annales de la vie parlementaire comme l'un de ces moments où l'on touche le fond.

Thierry Mariani qui a porté la Droite populaire sur fronts baptismaux avec Lionnel Luca est contraint de mettre de l'eau dans son vin depuis qu'il s'est vu gratifié par l'Elysée du maroquin de ministre des Transports.

Dans Le Figaro du 18 juillet, il justifie son absence à l'apéritif saucisson vin rouge organisé par le député Meunier : "En politique, il n'est pas interdit d'être intelligent. La Droite populaire ne doit pas être la droite de la surenchère et de la caricature". Une inflexion peut-être, un reniement sûrement pas.

Conscient de détenir une clé pour 2012, Thierry Mariani évoque quelques lignes plus loin, la création d'un forum de la Droite populaire : "Chaque Français pourra ainsi témoigner et poster des propositions sur notre site Internet. En septembre ou octobre, notre courant fera dix à quinze propositions autour de trois thèmes : autorité et République, justice sociale et équité, mondialisation et protection. Enfin, nous appelons les députés et élus républicains de droite qui se retrouvent dans nos valeurs à nous rejoindre".

Fin stratège, Nicolas Sarkozy a choisi d'accompagner ce qu'il ne peut maîtriser. Quitte à laisser émerger un FN "light" au sein de l'UMP.


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