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Sarkozy : des vacances pour oublier

Publié le 02 août 2011 par Juan
Sarkozy : des vacances pour oublierIl n'a aucun bilan crédible. Il espère donc paraître crédible lui-même, en particulier face aux crises. Il mise surtout sur l'oubli général de ses revirements, ses échecs et ses renoncements. Sinon, ce mois d'août sera son dernier en temps que président.
Il a tenu son dernier conseil des ministres, ce lundi 1er août, avant de partir officiellement en vacances. Le prochain conseil est prévu le 24 août. L'ordre du jour était modeste : un rappel qu'il faudra changer la loi de finances dès la rentrée parlementaire (le 24 septembre prochain), pour inclure les engagements européens pris le 21 juillet dernier en faveur de la Grèce. Xavier Bertrand a présenté son projet de loi sur la sécurité des médicaments, une loi bien accueillie même si aucun moyen financier n'est dégagé pour la formation médicale désormais interdite aux laboratoires.
Le Monarque a ensuite « rappelé à tous ses ministres (...) qu'ils avaient droit à du repos et pas à des vacances » et leur devoir « d'être particulièrement attentifs et vigilants sur leurs secteurs d'intervention ». Lui file au Cap Nègre. La zone a été sécurisée, comme chaque été depuis 2008 et qu'il est marié avec Carla Bruni. En juillet, il avait préféré les longs weekends de trois ou quatre jours au Fort de Brégançon.
Il a 4 semaines pour nous faire oublier d'où nous venons. A la rentrée, le Sarkozy nouveau sera là. Encore une fois.
Le nouveau nouveau Sarkozy
Moins clivant puisque protecteur, il mettrait même l'identité nationale, les coups d'épaules sécuritaires, les gros mots xénophobes au placard. Il paraît aussi qu'il nous réservera des « surprises », comme une nouvelle union civile pour les homosexuels et, « probablement  » le non-cumul des mandats !
Pour l'heure, Bruno le Maire, pourtant ministre de l'agriculture, a trouvé le temps de travailler un programme pendant des mois. Lundi, le Figaro en a publié les grandes lignes. Les trois thèmes principaux seraient :
- « la France, terre de production »
- « l'insécurité sociale »
- « la nouvelle gouvernance européenne »
Question posture, Sarkozy jouera à « l'exercice du pouvoir ». Le calendrier est prêt : silence médiatique en septembre, convocation du Congrès pour inscrire l'équilibre budgétaire dans la Constitution, ou, à défaut, intervention télévisée en octobre. Cerise sur le gâteau, on espère une belle victoire en Libye.
Les conseillers élyséens l'ont encore promis ces derniers jours : finis les « coups de com » ! Sarkozy est discret depuis des mois (à raison de deux visites médiatisées par semaine !). Il restera discret à la rentrée. Un mélange de Chirac et Mitterrand réunis : « Mes prédécesseurs incarnaient le pouvoir, moi, je l'exerce » aurait-il confié la semaine dernière. Pour preuve, l'un de ses soutiers de l'aréopage de campagne a assuré au Figaro que le récent hommage aux soldats français tués en Afghanistan était ... « un modèle du genre » de cette modestie présidentielle.
On se pince pour le croire...
... et en coulisses
De son côté, le Figaro continue sa chronique des coulisses de campagne de notre Monarque. Tout récemment, un article de Solenn de Royer retraçait les déjeuners de travail, c'est-à-dire de campagne qui se tiennent depuis des semaines à l'Elysée. Ces repas, payés sur fonds de l'Elysée, sont officieux puisqu'ils ne figurent pas sur l'agenda officiel.
« Trois proches du président sont à la manœuvre », relatait la journaliste lundi 1er août : l'ancien ministre Alain Carignon, le conseiller audiovisuel et nouvelle « plume du président », Camille Pascal, « qui prend de plus en plus de poids à l'Élysée »; et toujours et encore Catherine Pégard, conseillère depuis 2007 qui tente de se recaser depuis de longs mois.
Grâce au Figaro, nous avons la liste, régulièrement réactualisée, de quelques-uns des heureux invités à ces agapes présidentielles : Élisabeth Lévy (Causeur), Éric Brunet (EMC), Patrick Bessonn Denis Tillinac ou Yann Moix (écrivains); Jean-René Fourtou (Vivendi) , Michel Pébereau (BNP-Paribas); Charles Villeneuve (journaliste), Gérard Carreyrou (journaliste) et le nouveau sondeur officiel de Sarkofrance, chroniqueur à Atlantico et ancien d'extrême droite, le jeune Guillaume Peltier.
Pour 500 milliards de plus
Dans la nuit de dimanche à lundi, Républicains et Démocrates sont tombés d'accord, au Sénat américain, pour relever le seuil d'endettement public en contrepartie d'économies à attendre sur les budgets sociaux. Reste la Chambre des Représentants à convaincre, mais les marchés financiers ont poussé un gros ouf de soulagement lundi 1er, avant de dévisser quand même. Le 2 août à minuit, l'absence d'accord aurait mis le pays en défaut de paiement. Mais les agences de notation risquent de revoir la note de crédit des Etats-Unis à la baisse, ce qui « touchera l'Europe », promet Jean-Claude Junker.
François Baroin, ministre des Finances, a quand même sauté sur l'occasion : il a publiquement fait savoir qu'il se félicitait de cet accord. En France, les ministres de Nicolas Sarkozy s'essayent à nous convaincre que la réduction de l'endettement public devrait être une priorité nationale. Lors de son dernier déplacement dans le Vaucluse, jeudi dernier,
Rares sont ceux qui contestent le propos. La difficulté vient moins du message que du messager. La dette publique française est passée de 1.200 milliards en 2007 à 1.700 milliards d'euros à la fin de cette année. Valérie Pécresse, la toute nouvelle ministre du budget, a quelques difficulté à faire croire que cette dette faramineuse qui handicape l'avenir est « le fruit de vingt-cinq années de facilité », et que, « signe de cette indifférence, les fruits des périodes de forte croissance ont été gaspillés, notamment à la fin des années 1990, de nouvelles dépenses ayant toujours été préférées à la réduction de la dette ». 500 milliards d'euros de dette supplémentaires en cinq ans ! Qui dit mieux ? La crise a beau jeu, car, depuis bientôt 40 ans, nous sommes en crise à répétition (1974, 1979, 1983, 1992, etc).
Dans une tribune publiée par le Monde samedi dernier, la ministre ressasse les éléments de langage écrits à l'Elysée. Notre confrère Variae résume bien la démarche :  Pécresse, écrit-il, « présente, par le menu, les grands traits de la campagne et du discours de Nicolas Sarkozy dans les mois à venir »: « prendre de la hauteur », « noyer les responsabilités », recommencer de zéro comme si de rien n'était, et expliquer qu'il n'y a pas d'alternative à Nicolas Sarkozy. Mais comment croire un gars, élu en 2007 mais président depuis peu, qui nous a tellement plombé les comptes ?
« La course a tout juste commencé, et un coureur est déjà éliminé. Nous n'avons atteint ni les Pyrénées ni les Alpes, et il y a encore les contre-la-montre. Le vainqueur aura su tenir dans la longueur ».
Cette « analyse » est de Nicolas Sarkozy, a en croire le Figaro.
Une métaphore cycliste révélatrice d'un optimisme évident... et crédible.

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