Magazine Design et Architecture

Des souris et des hommes.

Publié le 03 août 2011 par Penelopeboeuf

Installée confortablement sur mon tabouret Starck conçu pour être un élément décoratif, le dos courbé pour voir de plus près mon assiette de maïs en conserve posée sur ma table (trop) basse, je tente de décrypter quelques images du film TANGUY sur ma télé sans antenne.

Le nez dans les grains, je ne prête pas attention au silence qui m’entoure et à cette solitude latente.
Solitude ? Je me fourvoie. Je ne suis pas seule dans ce nouvel appart.
Poupette est là aussi. Discrète, je la vois courir façon Marie-Jose Perec et faire la diagonale du salon. Puis je la vois du coin de l’œil se faufiler sous ma table pas assez basse pour,enfin, disparaitre dans la cuisine.

Le manque de prises multiples m’ayant posé problème pour concevoir une installation luminaire de base, je m’éclaire à la bougie. Bougie avec laquelle je joue à m’étaler de la cire sur les doigts et qui m’empêchera, demain, d’après des calculs savants, de pouvoir survivre à la nuit noire de 21h.
Leçon du jour : Une mini bougie a une espérance de vie de 2 soirées.

Le temps que j’aille frapper à la porte de la voisine pour quémander une lampe de poche en échange de son tire bouchon que je devais lui rendre il y a 2 jours, Poupette continue son marathon enflammé dans les recoins de mon frigo.

Lampe de poche dans la main droite, pantalon remonté aux genoux, balai dans la main gauche, me voilà debout en équilibre sur mon tabouret Starck à essayer de me rapprocher doucement de Poupette. Même ce grain de maïs qui me colle aux dents ne me déconcentre pas et je fais abstraction de mon pantalon noir qui, lentement, tend à reprendre sa forme initiale et à retomber sur mes chevilles.
L’idée de saouler Poupette me vient comme une envie de m’enfiler un pot de Haagen Dazs un samedi soir. Je saute de Starck et je vais, à tâtons, imbiber un morceau de pain avec de la vodka pour me rapprocher de Poupette. Car ce que je sais, c'est que boire, rapproche.

En vain. Toute la nuit, assise par terre pour soulager mon tabouret déco, je l’attends, Poupette ne pointe pas le bout de sa queue. Poutant, j'y crois, boire permet parfois d'en voir un bout, mais pas là.

Je finis pas aller me coucher, le ventre noué à l’idée de m’imaginer le réveil à ses côtés (de Poupette, bien sur, pas de la queue ! ).

7h, l’Angelus me réveille. J’ai oublié Poupette.
8h30, je gobe mon Nesquick froid, j’en verse partout. Je me baisse pour nettoyer les traces de chocolat en poudre.
Choc thermique.
Poupette est là. La trogne dans ce fameux morceau de pain, la queue en l’air, en train de faire un coma Hytillique.

L’interphone sonne. Ce sont les dératiseurs.
Je n’avais pas regardé mon courrier dans ma boite aux lettres qui porte encore le nom de l’ancien locataire : « Mission dératisation dans tout l’immeuble à 8H30, ce jour ».

Poupette est morte. Je revis.


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