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De droite ou de gauche ?

Publié le 03 août 2011 par Alteroueb

Peut-être l’avez-vous remarqué, il y a de tout dans ma blogoliste, du SF, du geek forcément, du bio, de la musique, du local . Il y a surtout des blog politiques de gauche, et quelques-uns de droite. D’ailleurs, suite à un commentaire que j’avais laissé chez Corto, ce dernier me proposait de m’intéresser davantage aux écrits des blog de droite, et que son monde était peuplé de gens biens. Sans aucun doute.

En commentant mon billet de remerciements pour les liens de juillet, il a remis cela, et je me suis posé bien des questions : suis-je de gauche ou de droite ? Peut-être suis-je trop neutre, trop distant avec la chose politique dans mes écrits, ce qui laisserait à penser que je ne suis pas déterminé ! Il n’en est rien, et je vais tenter d’apporter une réponse illustrée par l’actualité.

Avenir et démocratie, avec la trombine de Raymond Barre : imbuvable ! (bouteille trouvée lors d'un déménagement)
Pour l’instant, oublions le clivage traditionnel et tout les préjugés qui y sont attachés, et remontons 47 ans en arrière. je suis né du côté de la rue où la vie est rude. La période, 5 ans avant 1968, était certes insouciante et encore opulente, mais chez nous, il n’y avait guère de place pour les fantaisies. Avec l’arrivée de mes 2 frères, il a fallut apprendre le partage du peu qu’on avait. Ce n’était pas la misère : on avait un toit et on ne connaissait pas la faim.

L’éducation fut stricte, comme la tenue d’un budget de smicard. Les maîtres-mots étaient «respect» et «travail», quasi gravés sur le pas de la porte d’entrée de notre beau HLM, et un défaut de maîtrise de ces notions était utilement rappelé au moyen de l’«accélérateur à bourricot», pointure 44 fillette du paternel, jusqu’à la sortie du nid 18 ans plus tard. Le parcours scolaire fut étroitement surveillé. J’y ai passé du temps et de l’énergie, pour un parcours moyen, handicapé par des temps de déplacement à dégoûter les plus motivés. J’ai passé des concours administratifs, et bondi sur le premier qui m’a pris, trop content de fuir du cadre disciplinaire familial devenu insupportable. De toute façon, sans moyens, je n’aurais pas survécu à des études supérieures…

On est en 1981. Mitterrand profite de la planche savonnée par Chirac, et pour moi, la gauche et la droite ne sont que des stéréotypes, des discours et déjà, des images. Mais la réalité quotidienne s’impose à moi, elle me contraint de toutes part. La société jusque là protectrice, a commencé une lente mais perceptible transformation : c’est la crise. Il faut s’adapter, c’est à dire consentir aux efforts demandés par les responsables politiques que l’on mandate pour prendre les mesures nécessaires en pareil cas, en notre nom.

Depuis ce temps, je n’ai cessé de m’intéresser à la manière de diriger la nation parce qu’en tant que «sujet», je suis concerné. Je me suis vite rendu compte que tout n’est que partage, à commencer par la terre, l’eau, le feu… Ma sensibilité n’a que peu évolué. Elle reste fortement marquée par mon éducation et ses valeurs, par cette notion de partage des fruits, mais aussi des charges qu’impose la vie collective, celle induite par la notion de groupe organisé désigné par le terme «société».

On comprendra aisément que les valeurs du modèle actuel de société et les évolutions proposées par les pouvoirs en place ne sont, à mes yeux, pas vraiment satisfaisantes. Le mouvement est lent, insidieux, sans frontières. Il inverse la finalité économique, broie les hommes, pille les ressources de la planète, et marche tous les jours un peu plus sur la tête, pas seulement en France, mais partout dans le monde. Je ne sais pas si je suis de gauche, mais j’affirme que je ne suis pas de droite, et cela n’a rien à voir, pour une fois, avec l’actuel locataire de l’Elysée et du contexte politique français.

Parce que c’est bien la droite qui sauve les Etats-Unis d’un possible défaut de paiement, en ne mettant aucun cent dans le pot, préservant les riches de tout effort en reportant la charge sur la réduction des dépenses publiques, coupant les petites velléités d’Obama à mettre en place une politique un peu plus sociale.

Parce que c’est bien la droite qui fait régulièrement allégeance aux puissants groupes transnationaux, jusqu’à lâcher des énormités comme le fameux «ce qui se passe à la centrale de Fukushima est un accident grave, pas une catastrophe nucléaire» d’Eric Besson.

Parce que c’est bien la droite qui a mis en place l’Euro et la Banque Centrale Européenne, et qui continue de voter des budgets déficitaires sans disposer des outils monétaires indispensables dans ce genre de situation, obligeant l’Etat à agir sur des marchés fortement spéculatifs…. La posture est économiquement intenable, carrément criminelle, et relève de l’escroquerie digne du grand banditisme. Quant à imposer dorénavant la «règle d’Or», c’est truculent.

Parce que c’est bien la droite qui explique que tous les malheurs du monde moderne viennent de la crise qu’ils ont, en passant, provoquée et entretenue, qu’il n’est plus possible de continuer ainsi, et que la seule, l’unique solution est la réduction drastique des dépenses publiques, cet ensemble de dispositions censées être plus ou moins distributives…

Parce que c’est bien la droite qui laisse une banque licencier 30.000 personnes dans le monde alors que son dernier bénéfice est supérieur à 3 milliards d’euros, avec un bond annoncé de 35% de son bénéfice semestriel.

Parce que c’est bien la droite qui met au pot des milliards pour sauver des banques, mais ne trouve rien ou presque pour envoyer de la nourriture pourtant vitale en direction de peuples frappés de famine. Dans ces mêmes contrées, on préfère y acheminer des armes, c’est bien plus rentable.

Parce que c’est bien la droite qui répugne à participer à toute vie de la cité, en s’exonérant d’y contribuer selon leur revenus comme le citoyen lamba.. Ainsi, exonérations, niches, cadeaux, privilèges et autres fraudes contribuent à alimenter les déficits, et à préserver leurs avoirs hors normes… L’indigent Tapie vient d’ailleurs de gagner à l’Euromillions sans avoir joué.

Parce que c’est bien la droite qui décide, sans rien écouter d’autre que son dogmatisme froid, en restant sourd devant la souffrance d’une masse laborieuse qui voit la valeur «travail» se réduire au point de se rapprocher d’un mode d’esclavage moderne, au profit de la possession et de la finance, n’hésitant pas au passage à prendre des libertés avec les principes démocratiques.

Parce que c’est bien la droite qui vous convainc qu’avec 1.500 euros par mois, vous êtes un nanti, pour donner des cours dans une cité délabrée et recevoir sans broncher quolibets et crachats.

Parce que c’est bien cette droite qui vante les vertus du travail, et qui passe Noël, Février, Pacques, le festival de Cannes et l’été à Brégançon alors que je me marne comme un diable pour compenser les réductions de personnel tout en ne partant pas en vacances depuis 4 ans parce que le budget ne le permet pas.

Parce qu’enfin, c’est bien la droite qui stigmatise à tout va, opposant des pans entiers de la population à d’autres, instrumentalisant la peur de l’étranger, usant de clichés d’un autre temps, faisant du pied appuyé à la maquerelle brunâtre.

J’en oublie certainement. Je suis fonctionnaire. Je l’ai choisi, et je ne suis pas à plaindre, loin de là. Mais tout de même. J’en ai passé des concours et examens qui m’ont tous coûté sur le plan personnel, et bien peu rapporté en fin de mois… Quelques changement de chaises ont été douloureux, et j’ai subi un gros préjudice de carrière sans qu’il soit possible de se défendre. Depuis 2000, mon pouvoir d’achat a perdu 17%, et je jongle pour assurer à mes enfants des études qui les arment pour l’avenir. Mon dernier restaurant, c’était au KDB de mai, à la Comète, mon dernier cinéma, c’était la sortie d’Harry Potter 3… Je viens de changer ma voiture de 15 ans d’age, un peu obligé, par une occasion de 4 ans. Mes vacances, cette année, comme 1 français sur 2, ce sera à nouveau chez moi, à me demander comment boucler la rentrée scolaire sans provoquer le courroux de mon banquier…

N’y voyez aucune rancoeur de ma part, je vois tous les jours bien pire. J’ai un toit, du boulot, et tous les miens sont en bonne santé. Je ne suis surtout pas envieux. J’ai bien conscience de la situation. Je constate juste l’impossibilité d’accrocher l’ascenseur social, parce qu’on n’a pas vu le jour avec une cueillère d’argent dans le bec, parce que les accidents de la vie sont nombreux et frappent aveuglement. Dans ce pays qui ne respecte même pas ses propres «Droits de l’Homme», je suis juste révolté devant tant d’injustice, incrédule face à l’égoïsme maladif, et sidéré par l’absence d’une quelconque réaction.

Donc je suis bien de gauche.


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