[article écrit et publié initialement sur Cleantech Republic, par Olivier Barrellier]
Quel est le point commun entre un entrepôt, un hôpital et une école ? La moitié au moins de leur consommation d’électricité est due à… l’éclairage ! Bonne nouvelle, il est possible de diviser ces dépenses par quatre grâce à de nouvelles sources lumineuses bardées d’électronique et pilotées par des systèmes d’information de plus en plus intelligents. Lumière sur ce secteur discret pourtant en pleine révolution.
« Il est déjà possible de multiplier par quatre l’efficacité énergétique des systèmes d’éclairage », dévoile Lionel Witkowski, Directeur général de TRILUX France, un des leaders français du secteur. Pour arriver à un tel résultat, toute la filière travaille de concert : producteurs de sources lumineuses, designers de l’électronique embarquée, fabricants de luminaires, développeurs de systèmes de régulation et de GTB (Gestion technique des bâtiments).
Sources lumineuses : vers le tout LED ?
« Un virage conséquent du marché vers la technologie LED est probable à moyen terme », prédit Lionel Witkowski. Une vision qui pourrait paraître surprenante alors que les LEDs représentent aujourd’hui moins de 5 % des sources lumineuses. « Actuellement, la technologie LED répond à la loi de Moore (ndlr : multiplication par deux des performances tous les 18 mois). Il est acquis que l’efficacité des LEDs, qui talonne déjà celle des lampes à décharge, les dépassera rapidement, et largement ! », ajoute Lionel Witkowski. Seuls deux freins ralentissent temporairement cette arrivée massive. Tout d’abord, l’absence de normes, qui entrave les échanges techniques entre les acteurs de la filière. Et surtout des prix encore supérieurs aux autres lampes, qui allongent les retours sur investissement.
Parallèlement à la rupture technologique des LEDs, les lampes à décharge continuent leur progression vers une meilleure efficacité énergétique, notamment grâce à la généralisation des ballasts électroniques. « L’arrivée de l’électronique dans les lampes à décharge a permis non seulement d’économiser 20 à 25% d’énergie, mais aussi d’augmenter leur durée de vie », explique Bernard Duval, Directeur technique du Syndicat de l’Eclairage. Cette électronique embarquée est d’autant plus stratégique qu’elle permet littéralement de piloter l’intensité lumineuse, et donc la consommation de chaque lampe, ouvrant ainsi la porte à la régulation de puissance. C’est pourquoi les principaux fabricants de luminaires développent leurs propres composants. Ils sont d’ailleurs très en avance sur la réglementation. En effet, si les ballasts ferromagnétiques seront interdits en 2017, les fabricants ne proposeront plus que des modèles électroniques dès juin 2011.
Luminaires : un investissement rentable
Le couple lampe-ballast ne suffit pourtant pas à obtenir la division par quatre de la consommation. « La conception du luminaire est fondamentale. D’abord l’optique doit correspondre au besoin d’éclairement et aux contraintes des lieux. Nous choisissons donc au sein de notre gamme les modèles adaptés au métier de chaque client, et même à chaque poste de travail. Ensuite, la qualité des matériaux joue un rôle primordial. Nous avons ainsi développé un réflecteur multicouches contenant de l’argent qui augmente jusqu’à 98 % les valeurs de réflexion des optiques », explique Lionel Witkowski. Au final, entre un luminaire low-cost et son équivalent haut de gamme, l’efficacité lumineuse peut varier du simple au double. Les retours sur investissement sont alors atteints en quelques années.
Une autre rentabilité, plus difficile à quantifier, concerne les ressources humaines : « Les industriels par exemple ont bien compris qu’un poste de travail bien éclairé diminue la fatigue visuelle du personnel, et par conséquent les taux de rebus », analyse Lionel Witkowski.
Régulation : une approche globale de l’éclairage
Ainsi les utilisateurs sont-ils les premiers bénéficiaires de ces éclairages techniquement très efficients. Mais ils en sont aussi le point faible : inutile d’investir dans des luminaires dernier cri si c’est pour laisser la lumière allumée 24h/24 à la puissance maximale ! « En ajustant l’intensité lumineuse en fonction de la lumière du jour, on gagne déjà 20%. Ajoutez la détection de présence, et le gain total peut atteindre 55%. Quelques économies supplémentaires sont aussi possibles en améliorant la réflexion lumineuse des murs, ou l’orientation des bâtiments neufs », détaille Lionel Witkowski.
Plusieurs approches technologiques permettent cette exploitation intelligente. La plus courante consiste à installer des capteurs de présence et d’intensité lumineuse, reliés à une centrale dédiée pilotant des zones d’éclairage prédéfinies. On trouve également des luminaires totalement autonomes, embarquant leurs propres cellules de détection, ainsi que des règles de fonctionnement prédéterminées. Mais la grande tendance pour les prochaines années réside dans l’intégration totale de l’éclairage dans la GTB (Gestion Technique des Bâtiments). Capteurs et luminaires sont alors mis en réseau (norme DALI - Digital Addressable Lighting Interface), chaque point lumineux pouvant être contrôlé individuellement en fonction des besoins immédiats des utilisateurs. Au menu : interconnexion avec les systèmes de contrôle d’accès du personnel, possibilité pour chacun de gérer l’éclairement de son poste de travail, monitoring en temps réel, maintenance facilitée (détection a distance des lampes hors service par exemple)… Lumineux !